mercredi 20 janvier 2010

Tu parlais de cuisine traditionnelle l'autre jour...

... t'ai-je déjà parlé de ma jarre à bines?



C'est ma belle-mère qui me l'a donnée. C'était la sienne.

- Tiens, m'avait-elle dit, c'est toi qui a la plus grosse famille.

Cette jarre est plus vieille que moi. Plus vieille que mon homme. Ma belle-mère l'a achetée pour 2 ou 3 dollars en 1968. À l'époque, elle n'avait que 4 enfants. Et même pas idée que bientôt elle en aurait un cinquième, qui serait suivi quelques années plus tard d'un sixième (mon homme).

À l'époque, elle vivait à Limoilou, dans un appartement, au 3e étage. Chez elle vivait aussi sa mère, Rose. Rose avait 66 et 67 ans et une santé fragile. C'était, à l'époque, une vieille dame malade. Sous ordre du médecin, et pour préserver ses vieilles artères, elle ne devait pas manger gras. Quand ma belle-mère faisait ses bines blanches au lard, la recette de Rose, on la retrouvait en pleine nuit, dans la cuisine, au-dessus de la jarre à bines, en train de manger la couenne.

Elle est morte pas longtemps après. Peut-être que si elle n'avait pas manger autant de couenne, elle aurait vécu assez longtemps pour connaître son dernier petit enfant. Peut-être pas non plus.

Inutile de préciser que j'ai été très touchée lorsque ma belle-mère m'a donnée sa jarre.

- Je vais lui faire honneur, que je lui ai dit.

Je n'ai pas encore développé de recette à proprement parler. Quand l'envie de bines me prend, je fais une petite recherche sur internet pour me rafraîchir la mémoire, puis je fais à ma tête: un peu de ketchup, un peu de moutarde, parfois de la mélasse, toujours de la cassonade et impérativement du lard. Du vrai lard salé que je rince avant de mettre dans les bines, sinon c'est immangeable. Les bines, on peut les faire blanches (du lard et des oignons), ou brunes (voir ci-dessus), ou même de luxe (avec de la pancetta et des tomates fraîches). Oublie le bacon, c'est pas assez gras. Ah! y'a certainement moyen d'en faire des végétariennes, mais moi, mes bines, je les veux avec du lard.

Elles étaient déjà bonnes quand je les faisais à la mijoteuse, mais elles le sont encore plus depuis qu'elles mijotent dans ma jarre.

- C'est certain, me dit ma belle-mère, c'est fait pour.

Mes enfants ne sont pas encore de grands amateurs de bines. Quand j'en fais, donc, je les congèlent dans des petits plats de yogourt. Et quand j'invite pour le brunch, je ne suis jamais prise au dépourvu.

Ce midi, justement, un restant de quiche avec un peu de bines. Non mais, il est parfois si simple de me rendre heureuse!

2 commentaires:

Annie a dit…

Tu en as de la chance.
Ta jarre est magnifique!
Et ton four tellement propre re-!

Madeleine a dit…

Annie

Lumières + photo floue = four qui a l'air propre...