mardi 8 septembre 2009

Petit souper tranquille

Samedi soir dernier, il y avait un steak-frites-petits-pois au menu. Comme on ne mange pas souvent de la viande rouge, et encore moins souvent un bon steak saignant, on avait très hâte de s’attabler. Surtout mon homme qui revenait de jouer au hockey.

Les petits pois et les frites maison étaient servis dans les assiettes, les premières tranches de bœuf se faisaient découper en petites bouchées quand j’ai déposé mes deux derniers steaks dans ma poêle en fonte brûlante. C’est là que ma hotte a cessé de fournir.

Dense fumée qui se répand dans la cuisine. Puis.

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

L’alarme d’incendie se déclenche. Pas un petit bip-bip de détecteur. Une vraie de vraie alarme, bruyante, retentissante. Et ça retentissait, en effet, dans tout notre petit immeuble. C’était la première fois qu’elle partait depuis notre emménagement.

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

Mon homme : F***! Je sais pas comment la fermer!

Il se jette sur l’appareil, appuie sur le bouton « incendie ». Rien.

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

Mon homme : J’vais fermer le breaker! 

Il court dans le sous-sol. Tout devient noir dans la maison. Mais l’alarme continue.

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

Victor, en se bouchant les oreilles : C’est vraiment trop fort!

Rosanna, elle aussi les deux doigts dans les oreilles: Pourquoi papa a fermé les lumières?

Achille, les deux mains couvrant ses oreilles, est bouche bée. Léopold aussi. Ça ne leur arrive pas souvent. Si ce n’était de la foutue sirène, je pourrais profiter d’un petit souper tranquille!

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

Moi : Okay, les enfants. Continuez à manger. Papa va arranger le problème.

Le voilà qui remonte en trombe, se jette à nouveau sur l’appareil et tente de l’arracher.

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

 

Puis, éclair de génie, il appuie sur « incendie » et « arrêt ».

Silence.

**********

On s’est attablés de nouveau. L’incident de l’alarme occupait encore nos pensées et notre conversation, mais le steak était encore chaud et juste assez cuit. Les petits pois aussi. Les frites maison dorées à point. Pis c’était bon.

Après le repas, la routine habituelle. Les enfants se lavent et mettent leur pyjama. Achille niaise dans la salle de bains et se fait réprimander quelques fois. Léopold chantonne à table encore attaché en attendant qu’on ramasse. Tout ça dans un brouhaha qui faisait compétition à l’alarme de toute à l’heure.

Puis, je crois entendre un bruit à la porte d’en avant. J’entends la porte qui s’entrouvre. J’avance, j’ouvre. Un policier.

Policier : Vous m’entendiez pas? C’est parce que ça fait plusieurs fois que je cogne. Je viens d’appeler mon back-up.

Moi : Euh, non. C’est parce qu’il y avait pas mal de bruit dans la cuisine.

Léopold, en back-ground : Waaaaaaah!

Policier : On a reçu un appel de votre voisin concernant une alarme d’incendie. Est-ce que ça va?

Moi : Ben, oui. C’est juste que. On s’est fait des steaks…

Mon homme, qui offre des explications plus détaillées : C’est que notre alarme est partie et c’est la première fois depuis qu’on vit ici. On savait pas comment l’arrêter alors ça a pris un peu de temps…

Policier : Ok. Mais savez-vous pourquoi elle est partie?

Mon homme : On a fait des steaks. Pis y’a eu de la fumée.

Sur ces paroles, arrive enfant un, deux et trois.

Léopold, toujours en back-ground : Waaaaaaah!

Policier : Coudonc. Vous avez combien d’enfants?

Après, mon Homme a donné une pièce d’identité. On a discuté un peu et le policier est parti. Achille en a eu pour son argent d’avoir vu de près une vraie « grosse police » comme il lui a gentiment dit. Devant la maison, il y avait deux voitures : celle du premier et celle du back-up. Je ne me demande pas de quoi mes voisins ont bien pu discuter ce soir-là.

2 commentaires:

Rosemarie a dit…

Excellente histoire. Je vous vois en train de manger vos steaks en "silence" pendant que l'alarme sonne à tout rompre. Policier et enfants ont bien dû s'amuser de cette petite aventure.

Rosemarie

PC a dit…

Des voisins qui appellent la police facilement. C'est à se demander si c'était parce que le bruit les dérangeait puisqu'ils ne sont pas venus pour vous secourir.

Belle anecdote !