dimanche 24 janvier 2010

Le curry et moi

Dans ma vie ALE (Avant Les Enfants),
j'étais une reporter intrépide qui pouvait partir n'importe où sur une pinotte. Je suis toujours une reporter intrépide qui peut partir n'importe où, mais moins sur une pinotte, mettons.

Enfin.

À cette époque, il m'a été donné de passer un mois en Australie. Un mois où je devais pondre un topo par jour et le livrer live-en-vie à 8hrs heure du 514, ce qui fait que j'avais des horaires de fou afin d'être prête chaque soir pour une diffusion à minuit heure de Sydney.

Mes journées se divisaient en trois parties: terrain, montage, studio. Je ne semblais jamais avoir assez de temps. Je travaillais sans relâche de ma chambre d'hôtel et malheureusement, il m'arrivait d'avoir faim. Ce qui n'était pas sans me retarder.

Juste à côté de l'hôtel se trouvait un minuscule "take out" thaïlandais. Le comptoir donnait directement sur le trottoir. Ça été le coup de foudre. Si je n'ai pas commandé dix curry à cet endroit, je n'en ai pas commandé un. Crevettes, porc, végé, poulet. Chaque jour j'y allais. Je revois encore le plat d'aluminium carré et le riz qui venait dans un bol.

De retour à la maison, pendant des années, cent fois j'ai essayé de reproduire ce curry sans jamais y arriver. Vaincue, j'ai abandonné et préféré chérir mon souvenir. On mangeait encore du curry de temps à autre, mais ce n'était jamais "ça".

Puis cet automne, Vancouver et ce restaurant thaïlandais près de l'hôtel. De nouveau cette compulsion du curry: trois en sept jours.

Cette fois-ci par contre, j'étais investie d'une mission. Je devais reproduire ce curry. Je le prenais personnel, c'était entre lui et moi et ça durait depuis des années.

J'ai fait des recherches.
J'ai comparé. J'ai fouillé.
J'étais d'attaque, j'avais un plan.
Ainsi ne reculant devant aucun défi, jeudi avant midi, je suis partie avec ma fille vers une des plus incroyable épicerie asiatique du 514: le Marché Hawaï. Je soupçonnais que si mon curry n'avait jamais fait le poids, c'était à cause de deux ingrédients clés:
le "sweet basil"
et la lime kaffir,
trouvés pour deux fois rien à l'épicerie asiatique.

Déterminée cet après-midi là, je cuisinai sans relâche avec comme seul but la plus haute marche du podium. Je crois que j'ai même impressionné mes fils avec mes histoires, eux qui voyaient à la cuisine tous mes efforts à vouloir maîtriser le curry tel un cowboy montant le taureau.

J'adore raconter à mes naïfs de fils les mythes de ma vie ALE.

Quoiqu'il en soit, la nervosité était palpable à table, mais je savais que j'avais gagné. Y'avait qu'à sentir la lime kaffir. On a tout vidé. Un gros curry comme ça. Avec des tas de riz. Mon chum flottait, moi j'étais à Sydney. Lys s'est resservi, Chinette a mangé du porc, Éloi a léché son assiette et Albi a lancé :"C'est très bon ton dîner maman!".

Ma victoire était totale. Ça m'a pris 10 ans, mais j'ai dompté le curry.

****
J'ai pris ma recette ici.

9 commentaires:

Crispi et Djo a dit…

Waou! Des victoires de cet ordre, on en veut à chaque jour. Sur ta monture, tu as été et le cari, tu as dompté.

Maintenant. On. Veut. La. Récette.


Djo

Crispi et Djo a dit…

Je viens de voir le petit «ici».

Je vais la faire.


Djo

Annie a dit…

Tu m'en donneras des nouvelles Djo.

Si simple au fond... quand tu as les vrais bons ingrédients. Je les avais TOUS, même le galangal.

Après 10 ans hein, je n'avais aucune espèce de chance à prendre.

Germaine inc. a dit…

Tu m'as inspiré ! J'avais une soupe-repas au menu cette semaine, ce sera donc une soupe-repas thaï. J'ai visité l'épicerie asiatique de mon coin et je crois avoir trouvé tout ce qu'il me faut. Je dis "crois" parce qu'évidemment il n'y avait pas d'étiquettes sur les paquets d'épices et d'herbes. J'y suis allée à l'oeil et au nez... On va voir si ça va passer au conseil "tribal."

Annie a dit…

Germaine,
Ah. Y'a ça. L'étiquetage du marché asiatique.

À l'incroyable Marché Hawaï toutefois, on affiche en "franglais" sur les tablettes.

Remarque, ça ne garanti pas nécessairement que c'est le bon produit qui est au-dessus hein.

Ça y'est. J'ai faim. Et même pas de restes de curry que j'aurais pu apporter comme lunch.

La vie sait être si injuste.

M a dit…

Wow! J'ai un gros coup de coeur pour ton blog! Merci à toi d'avoir laissé un commentaire sur le mien! Cela m'aura permis de découvrir le tien! Je l'ajoute à ma blogliste! Et je reviendrai lire ces billets si plaisants et vitaminés!

P.S. Moi aussi j'ai toujours l'air de la 1ere photo lorsque je fais la vaisselle! Ben oui, y'a des jalouses? LOL!!!

Annie a dit…

Bonjour M.
Très contente que tu aimes notre blogue :)
Nous sommes dues nous aussi pour un gonflement de notre blogroll.
Au plaisir mutuel de se lire alors!

Germaine inc. a dit…

Bilan du curry :(out la soupe thaï, finalement j'ai fait ta recette de curry)

Maman: Wow, c'était vraiment franchement délicieux. De loin, le meilleur curry que j'ai mangé et préparé.

La tribu: Bof ! Mais c'était à prévoir, ils sont parfois dur à amadouer. En plus, je n'avais pas de poulet alors j'ai utilisé du tofu.

Je récidiverai prochainement avec une version modifiée de la recette, question de les amener plus en douceur à apprécier le curry.
-Poulet au lieu du tofu
-Pas de pousses de bambou
-Un peu moins de feuilles de lime (J'ai peut-être eu la main lourde au moment d'ajouter les épices)
-J'accompagnerai le tout d'un légume-vapeur qu'elles apprécient pour ne pas les décourager.

Je ne cèderai pas, la prochaine fois sera la bonne ! Elles en redemanderont ! (Entre temps ça me fait un plus gros reste pour le dîner.)

Annie a dit…

Germaine,
Ok, plus qu'honorable. Y'en aura d'autres.
En attendant, profite bien de ton/tes lunchs, lucky you.