jeudi 28 avril 2011

Les chefs

Aimes-tu les chefs Madeleine?
Je veux dire, est-ce que tu trouves qu'ils rejoignent ta réalité? Qu'ils t'aident dans la cuisine?

Ricardo là, il t'inspire ou il t'énerve?

Moi les chefs, je sais pas...

=> Je pense que suis anti-chef Madeleine.

Je trouve qu'il y a un certain décalage entre l'offre alimentaire médiatique et la réalité de ma vie quotidienne. Décalage, pour ne pas dire abîme.

Trois fois par jour, je dois nourrir six personnes. Et ça revient chaque jour de ma vie. Pas seulement quand ça me tente là. Pas seulement quand j'ai un peu d'argent pour nous offrir homard ou foie gras. Non, tout le temps. Même quand je préférerais ne plus jamais voir une planche à découper de ma vie.

C'est pour ça que les chefs dans leur cuisine impossible, tu sais...

J'ai l'impression qu'avant, le livre de cuisine, c'était un dictionnaire. Qu'il était là pour t'aider à faire toutes les phrases que tu veux: les simples comme les plus complexes. Un outil pour t'aider à créer quelque chose de l'fun, même quand tu n'avais que du boeuf haché dans ton frigo.

Aujourd'hui, c'est l'inverse. Les livres de recettes, ce sont des phrases déjà faites. Des créations déjà complètes que tu dois répéter avec méthode et discipline. Tu ne concoctes plus un repas à partir de ce que tu as déjà, mais à partir de ce que tu dois acheter pour reproduire la belle photo sur papier glacé.

Le livre de recette que j'utilise le plus, c'est encore et toujours mon livre de Jehane Benoît. Il est dans ma cuisine, juste au-dessus du micro-ondes. Le livre que ma mère m'a donné quand je suis partie en appart. Certaines pages sont tachées. D'autres sont collées ensemble (je sais, j'ai honte). Mais il tient le coup. C'est celui que je peux ouvrir quand je n'ai pas d'idées ou quand j'oublie combien de beurre déjà dans une béarnaise.

Mon livre de Di Stasio? Il est dans mon salon, dans la belle armoire de pin. Je veux dire, il ne tient même pas tout seul ouvert sur le comptoir.

Y paraît qu'il ne s'en ai jamais fait autant. De livres de recettes je veux dire. Le Salon du livre de recette de Montréal. Ça pogne. Ça vend.

Plus que des livres d'allaitement tu penses?

Comment ça donc.

Au moment où les gens cuisinent moins. Au moment où l'accès à une nourriture saine reste difficile pour plusieurs. Où on ne sait plus faire ni pain, ni mayonnaise. Où le repas familial éclate.

Comment ça qu'on a malgré tout autant de chefs qui poussent, qui publient et qui s'éclatent partout?

15 commentaires:

Manon a dit…

J'aime beaucoup ton texte Annie... Moi aussi mon livre de Mme Benoit est le plus consulté/utilisé...

Je ne trippe pas beaucoup chefs à la start académie et souvent ma cuisine s'inspire des aliments dont je dispose et non d'une recette que je veux recopier à la lettre.

Mais j'aime l'ouverture sur autre chose que ma zone de confort, alors je me procure d'autres livres à l'occasion. Souvent mes livres sont teintés d'histoires culturelles ou de détails par rapport aux aliments.

J'aime surtout m'inspirer, mais faire à ma tête avec les ingrédients que j'ai. Alors les recettes de chefs m'interpêlent souvent très peu.

Oui, je blogue beaucoup de recettes chez moi, mais pour moi il s'agit plus de coup de coeur ou de trucs à la Mme Benoit pour genre ne pas les oublier ces fameux détails. Ça se veut plus un journal de bord, l'expérience qui rentre et surtout pas une obligation de faire exactement pareil tout le temps.

Plus ça va, plus je trouve que ma cuisine ressemble à celle écrite par ma grand-mère... Tsé dans le genre 1 bol jaune de ceci + 2 bol de verre de cela + une pincé de ce quelque chose là.

Annie a dit…

Ben tu vois Manon, justement, les blogues remplacent les chefs. En tout cas chez nous. C'est à dire que j'en fais le même genre de consommation que mon encyclopédie Jehane Benoît.

Du genre, je veux faire une pâte à tarte mais je n'ai plus de graisse et plus d'oeuf => j'entre dans google "pâte à tarte" "sans oeuf" "sans graisse"... et voilà le travail, je trouve. Une créativité avec ce que l'on a sous la main quoi. C'est de ça dont j'ai faim.

Pour ta grand-mère je comprends totalement. Ici aussi. Du genre: combien de farine? Ben, quand y'en a assez, tu arrêtes.

Merci de ta réflexion!

Andréane la banane a dit…

mon chum, cuisinier (mais pas de livre à son actif!) dit toujours ça "quand y'en a assez, ben, t'arrête". Il se trouve drôle ;)
De mon côté, je suis aussi très cuisine familiale, de blog ou de grand-mère parce que de toute façon, je ne suis jamais capable de faire beau et/ou bon comme dans ces superbes livres...
effectivement, c'est ça la vraie vie...

Michèlelamamande a dit…

Parfaitement d'accord avec vous.

J'ai l'âge d'être votre mère, 4 enfants comme vous alors, ça fait longtemps que je cuisine. J'ai toujours voulu allier qualité, goût,variété. Un peu végétarienne beaucoup épicurienne. J'adore cuisiner et je ne m'en lasse pas. Ma réputation est faite et je n'ai plus à la défendre. J'ai même reçu des chefs de "Relais et châteaux" à ma table.

La surabondance de chefs et de livres de recettes me donne de l'urticaire. On peut-tu faire ça simple? Plus la tendance est à la complexification plus je retourne aux bases. Franchement est-on obligé de faire des carrés aux dates avec des "mejdols"?

Mon Jehanne Benoît a 40 ans et sert toujours. J'utilise souvent pour la pâtisserie un livre qui appartenait à ma mère réédité au début des 40.

À mon anniversaire j'ai demandé des livres de cuisine végétarienne, pour varier cette partie de mes menus. Déçue, le web m'apporte une bien plus grande, immense, latitude. Il faut évoluer, s'ouvrir aux différentes cuisines mais la simplicité a bien meilleur goût.

Madeleine a dit…

Mais, quand même, Louis-François Marcotte est pas mal plus cute que Jehanne Benoît, si vous voulez mon avis.

Autrement dit, son livre, je le mettrais dans ma chambre à coucher.

oknotok a dit…

Madeleine, ton commentaire m'a fait tellement rire.

Moi les livres de recettes je les emprunte à la bibli pour voir si c'est mon "style" avant de les acheter.

Les livres que j'utilise le plus? Un recueil du cercle des fermières (que ma mère m'a offert quand je suis partie en appart) , un livre de recettes pour enfants (c'est vite et c'est facile!) et un livre de cuisine facile. Mais surtout , les recettes que ma mère faisait et google! Parce que j'adore avoir les commentaires des gens avant de faire une recette.

Je me suis donné comme résolution de faire une nouvelle recette par semaine cette année, et je dois dire que la plupart viennent du net.

Joëlle Lemire a dit…

C'est un bon sujet. L'intérêt pour les chefs de cuisine prends de l'ampleur, on les voit dans les livres, à la télé, à la radio, dans les journaux; on parle même que bientôt, ils pourraient remplacer les humoristes! hahaha! (je blague!)

Je pense à mon père, qui lui, n'aurait jamais rien voulu savoir d'écouter une émission de Soeur Angèle ou de Taillefer et fille, pas plus que de lire Jehane Benoît. Par contre, la cuisine l'inspire si c'est expliqué par Pol Martin, Marino Tavares ou Giovanni Apollo. Pour les plus jeunes, j'ai une petite pensée qui va à Bob Le Chef l'anarchiste, Chuck Hughes le tatoué ou Steven Raichlen le dieu du BBQ, ils contribuent à ce que hommes et femmes se partagent la cuisine. ;-)

L'encyclopédie de Jehane Benoît a beau avoir un air de dictionnaire, pourtant, moi c'est dans celui-là que mon inspiration travaille le plus. Avec une base, après, on peut créer n'importe quoi! Se pourrait-il qu'un jour, un chef puisse sortir un ouvrage de la trempe de celui de Jehane Benoît?! Notre héroïne de la cuisine à placé la barre haute. Parait-il que l'Encyclopédie de Jehane Benoît, l'édition 1963, a pris de la valeur à un point tel qu'il atteindrait, en ce moment même, une valeur avoisinant les 150$!

Joëlle Lemire a dit…

Mais j'y reviens... parce que ton sujet me fait réfléchir Annie! :-))) (étant une blogueuse culinaire, qui offre aussi des recettes avec des mesures plutôt précises!)

Avant les enfants, je cuisinais au pif. Avec, je ne sais plus combien de fois j'ai oublié des plats qui ont calciné ou que j'ai servi des plats trop "légers" pour suffir à nourrir tout le monde... J'ai dû me rendre à l'évidence, dorénavant ça me prenait une minuterie et une une balance!

Mais je pense aussi, le pourquoi on calcule autant... on cherche à trouver l'apothéose! LA PERFORMANCE nous suit jusque dans notre cuisine; encore!!! :-))

Anonyme a dit…

Ah, moi j'adore les livres de recettes, je m'en sers très souvent. Je cuisine beaucoup, vraiment beaucoup, mais je déteste cuisiner toujours les mêmes recettes. Je suis très peu cuisine d'antant, de un, c'est rarement santé et équilibré, de deux, c'est drôlement fade. Alors oui, j'ai beaucoup de livres de cuisines et environ la moitié de mes plats sortent de ceux-ci, mais on parle de recette simple, max 6-7 ingrédients, max 20 minutes de préparation.

Même si j'utilise beaucoup mes livres, il reste qu'ici, la majorité des recettes que je choisis, j'ai déjà tout à la maison, je n'ai rien à ajouter à ma liste. Je fais mes menus avant l'épicerie et généralement, j'ai besoin d'ajouter 4-5 ingrédients autres que mon épicerie standard, on parle d'joter à la liste un légumes précis ou bien une canne de mandarines par exemple. Ma cusne reste simple, mais se renouvelle constament.

J'adore cuisiner, c'est ma tâche favorite dans ma job de maman au foyer, mais justement, pour garder le plaisir, j'ai besoin de m'amuser, j'ai besoin de varié toujours, toujours. Je reste tout de même la championne du repas fait en 15 minutes avec les fonds de frigo.

Manon a dit…

Tient, moi chus pas d'accord pour dire que les recettes d'antans sont toutes fades ;)

Annie a dit…

Oh. Moi non plus Manon. Non plus pour dire que c'est rarement santé ou équilibré ;)

J'aime beaucoup votre point de vue MIchèlelamamande. Vous cernez exactement ce que je veux dire: bien sûr s'inspirer, bien sûr s'ouvrir, bien sûr les goûts de partout qui n'y étaient pas au temps de la colonie... mals la cuisine familiale de chez nous en est une de bases. Maîtrisées, simples et créatives, faites dans une vraie cuisine avec un budget limité et des ingrédients de tous les jours qui doivent "toffer" toute la semaine.

Trop souvent les livres d'aujourd'hui me déçoivent ou ne durent qu'un temps...

Joëlle, peut-être qui si les chefs doivent tellement faire de flaflas pour impressionner les hommes, c'est parce que la transmission ne s'est pas faite de père en fils? Chez nous, on a toujours vu mon père cuisiner (lui regardait Henri Bernard, mais son père ne cuisinait pas ;-P) . Mon frère aujourd'hui n'est tellement pas du type chef! Pourtant, il cuisine absolument! Simplement, puisant ses recettes ici et là.... et dans les repas de son enfance.

Manon a dit…

Moi, il m'arrive souvent de me demander ceci: Qu'est-ce que tout le monde ferait, qu'est-ce que je ferais, si notre système tel qu'il est tombait? Qu'il ne soit plus possible de faire des épiceries à toutes les semaines parce que ça "n'existerait" plus...

Je nous trouve dépendant de notre société de consommation et j'essais de faire autrement... Inévitablement, une bonne partie du comment faire autrement me vient justement des ses fameuses recettes d'antan... mais ça va plus loin que les recettes... c'est tout l'approvisionnement, la conservation et l'entreposage...

Comme si notre société avait trop avancée par devant et qu'il faille faire un ou deux pas en arrière histoire de prendre un peu de recul et d'évaluer le tout plus sous un autre éclairage.

Tout n'est pas mauvais aujourd'hui, mais tout n'était pas mauvais avant non plus. Peut-être un besoin d'harmoniser le tout.

Les chefs, ils ont quelle place quand on se pose se genre de question?!?

Fanny B. a dit…

Je pense que les livres peuvent être utiles pour donner des idées, malgré tout, alors que les blogues m'aident énormément si j'ai déjà une idée derrière la tête.

Et il y a une différence entre les livres de chef et les livres de cuisine, non? Mettons Donna Hay, pas une chef, qui propose au fond des assemblages d'ingrédients, souvent plusieurs pour une même recette, donc beaucoup de variations sur un même thème qui, franchement, donnent un petit coup de pouce à mon cerveau frit de mère surmenée. Les livres de grands chefs, ça me fout le cafard, souvent.
Cela dit: j'ai eu besoin de recettes pour vraiment maîtriser la pâtisserie, qui ne peut pas se permettre d'être instinctive si le savoir de base n'y est pas! Après trop de gâteaux secs d'avoir manqué de babeurre ou de fondants durs d'avoir cuit trop longtemps, je me suis instruite!

Fanny

Suzanne a dit…

Bien tu vois, moi, Ricardo, je l,aime bien puisque justement oui, il m'aide beaucoup! Enm fait, il m'inspire. Je pars souvent de ses recettes que je modifie selon ce que je trouve dans mon garde manger. J'aime Ricardo (ses recettes en fait!) pour cette raison, pour le simple fait que je les trouve simples et conviviales.

Annie a dit…

J'avoue que dans la dernière année, j'ai achetée beaucoup de livres (Joël Legendre, geneviève O'Glemen, 2 folles et un fouet...), mais j'aime ça. Autant que je suis fan de recettes du québec (surtout pour les commentaires des gens), mais reste que mon livre favori reste mon reccueuil du cercle des fermières et je trouve ça drpole en y repensant, car c'est rare que j'aime les livres de recetes sans image...