Même si je sais faire de multiples gâteaux,
(et je te rappellerai ici mon gâteau au fromage Madeleine)
une fois de temps en temps, je cède aux demandes des enfants qui succombent à l'épicerie aux charmes de cette bonne vieille Betty.
Ouan, avec le glaçage pis toute même.
Pendant que j'enfile mon tablier et sort ma mixette, laisse-moi te raconter l'anecdote sur la mise en marché des mélanges à gâteaux Betty Crocker. Je l'adore, tu la connais peut-être...
Dès 1931, General Mills s'intéresse aux mélanges avec entre autre le Bisquick, un mélange à biscuits à base de farine, de sel, de shortening et de poudre à pâte qui connaîtra un immense succès.
En 1948, Pillsbury est le premier à mettre en marché un mélange à gâteau, au chocolat. Duncan Hins suit en 1951 avec le "Three Stars Surprise Mix" qui en trois semaines seulement, occupera 48% du marché des gâteaux en poudre.
Betty Crocker arrive en 1952 avec le gâteau doré, puis le gâteau blanc. Viennent ensuite ceux aux épices (1953), des anges (1953), marbré (1954) et Chocolat Malt (1955).
Le marketing de ces mélanges s'appuient évidemment sur la facilité et la simplicité d'avoir un gâteau frais, fait maison. Cependant, les ventes ne décollent pas comme on avait pensé qu'elles le feraient.
Les spécialistes en marketing ne comprennent pas. Ils créent alors de nouveau messages qui insistent sur l'aspect pratique du mélange à gâteau. Une merveille de la science moderne! Vous n'avez qu'à mettre dans un bol, ajouter de l'eau, brasser et voilà!
Rien n'y fait.
General Mills se tourne alors vers deux psychologues des affaires, les docteurs Burleigh Gardner et Ernet Dichter afin de les aider à comprendre ces ventes stagnantes.
Le problème selon les deux experts, ce sont les oeufs.
Dichter en particulier croit que les oeufs en poudre utilisés dans les mélanges à gâteaux doivent être mis de côté afin que la ménagère puisse elle même ajouter un oeuf frais à son mélange, lui donnant ainsi l'impression de contribuer directement à la fabrication du gâteau. Peu importe si cela complique le processus.
Pour la ménagère, affirme Dichter, faire un gâteau est un acte d'amour envers sa famille et lui demander de n'ajouter que de l'eau à son mélange rend cet amour moins riche.
C'est ainsi que Betty Crocker devient la première marque à laisser tomber les oeufs déshydratés dans leurs mélanges à gâteau.
Le fait que l'ajout d'oeufs frais rendent meilleur ou moins bon le gâteau n'est pas important. Il s'agit d'une décision purement marketing. General Mills dans sa publicité insiste alors sur le fait que la marque n'utilise sous aucune façon de poudre d'oeuf dans ses mélanges. On célèbre l'authenticité du gâteau fait maison.
Bingo. Cette sacré Betty distance tous ses concurrents.
Morale de cette histoire, il est si simple de se faire aimer de nos enfants. Peu importe ce que l'on fait, on n'a qu'à ajouter un oeuf.
Source: Finding Betty Crocker, The Secret Life of America's First Lady of Food, de Suzan Marks
7 commentaires:
Super histoire! Merci d'avoir partagé! :)
Super intéressant!
J'ai bien aimé: "Pour la ménagère, affirme Dichter, faire un gâteau est un acte d'amour envers sa famille et lui demander de n'ajouter que de l'eau à son mélange rend cet amour moins riche.":)
Merci!
J'adore ta conclusion!
Le Betty Crocker fondant au choco, et vanille française sont tellement bon, j'ai aucune honte à les utiliser pour mes gâteaux que je décore pour des occasions aussi spéciales qu'un mariage!!!
C'est incroyable la psychologie, dans ce processus marketing là.... ouff! et dire que même quand on sait c'est quoi le but et le-dit processus, c'est tellement fondamentalement ancré en nous qu'on trouve ça cute pareil!!!!!
Ah, la vie!
xx
Je me souviens qu'on m'ait raconté que les oeufs n'étaient pas vraiment nécessaires et que c'était pour faire croire à la ménagère qu'elle cuisine, mais je ne savais pas toute l'histoire de marketing derrière!
En camping, j'ai acheté pour la première fois un mélange tout fait pour les crêpes. "Just add water". Y'a pas à dire, ça a fait la job, même si mon homme a eu la gentillesse de préciser que les miennes, elles sont meilleures...
Hé! Plein de nouvelles commentatrices! Bienvenue :) C'est un plaisir de vous lire. Je suis heureuse que vous ayez aimé cette histoire.
Quelle coincidence puisque j'ai aussi acheté mon premier mélange à crêpes en vacances. Déception de mon côté, mais ça c'est mangé quand même.
Je crois que dans ce cas-ci le problème, c'était le sirop. Pas moyen de trouver du sirop d'érable à l'épicerie du village.
Le sirop, c'est comme les oeufs: une vraie preuve d'amour!
Citron-sucre sur les crêpes, c'est aussi trés gagnant quand pas de sirop :( Même avec les enfants !Ah mais non...zut, les citrons, ils ont tous servis pour la limonade de juillet, c'est vrai...
Bonne rentrée sur les ondes de R-C ce soir, Annie.
Merci Célia, c'est gentil!
Enregistrer un commentaire