As-tu eu connaissance de cette téléréalité Annie?
Jamie Oliver's Food Revolution dans laquelle le cuisinier britannique prend d'assaut les cuisines des établissements scolaires de la municipalité de Huntington, West Virginia, aux États-Unis, comme il l'avait fait dans son propre pays.
Comme je n'ai pas le câble, je n'en avais pas eu connaissance jusqu'à ce que ma soeur m'envoie des extraits trouvés sur YouTube comme celui-ci (en anglais).
Troublant.
Il y a bien d'autres extraits ou l'on voit des enfants de maternelle et première année incapable de nommer un tomate, ni un chou-fleur, ni même une patate. Ou encore, alors que Jamie veut servir aux enfants des plats nécessitant des ustensiles, on lui répond que les enfants du primaire doivent se servir seulement de cuillers pour manger et qu'ils n'ont ni fourchettes ni couteaux pour eux. Ou encore lorsqu'on voit toute la bouffe gaspillée, à peine touchée, jeter sans vergogne dans les poubelles.
Vraiment troublant.
Évidemment, cette série a tous les défauts d'une téléréalité, avec ses images chocs, ses mises en scènes, les émotions à fleur de peau filmées sans pudeur, mais ça reste franchement percutant.
Un des problèmes principal auquel est confronté Jamie est la USDA qui émet des règles absurdes pour les repas des enfants. Par exemple, on exige deux portions de "céréales" l'une pouvant être la croûte de la pizza, l'autre un petit pain blanc. On demande également deux portions de légumes pour les repas des adolescents, l'une pouvant être des patates frites et l'autre une salade optionnelle qu'aucun adolescent ne mange. Les cafétéria sont bourrés d'aliments transformés et on comprend que là aussi la USDA est à blâmer puisqu'elle négocie des tarifs préférentiels pour ces aliments.
Bon, là, je suis certaine qu'on va me dire que c'est au US et qu'ici c'est différent, mais je n'en suis pas certaine. L'épicerie a d'ailleurs fait un reportage à cet effet il y a quelque temps. Ça s'est sans compter la bouffe qu'on sert dans les établissements de santé ou celle que mangent nos vieux. C'est triste à mourir quand même. Et d'ailleurs, ça tue le monde. On pense souvent aux States quand on pense aux gros, mais ici, 1 enfant sur 3 serait obèse et 1 adulte sur 2.
Quand même.
J'aime bien l'approche de Jamie Oliver. Pour lui, il n'est pas question de manger du yogourt sans gras ou des légumes steamés sans goût. L'idée est davantage d'écarter les produits transformés pour cuisiner avec du vrai. De la vraie viande, des vrais légumes, de la vraie huile d'olive.
Et puis, sérieux, Annie, si Jamie Oliver débarque dans mon école de quartier, ben, il en faudra pas plus pour que je trouve un trou dans mon horaire pour faire du bénévolat.
Je dis ça d'même.
12 commentaires:
Bah, moi même si mon fils a juste 5 mois, si Jamie débarque dans son école de quartier, je vais "bénévoler" de ce pas ;oP
Sérieux, j'adore Jamie. Il aime manger et faire manger.
En effet, la malbouffe dans les écoles n'est pas qu'une réalité américaine mais bel et bien québécoise aussi. Il y a eu un article trés complet dans le magazine Protégez-vous récemment sur ce sujet. Le numéro abordait aussi le contenu des boites à lunchs.
Mon mari et moi avons écouté une bonne partie de l'émission (5 parties, pour être précis) et nous avons été bien amusés. Amusés par l'aspect "show" du reality show. Comme tu dis, Madeleine, c'est monté pour nous faire ressentir toutes sortes d'émotions. C'est peut-être pour cela que depuis une semaine, nous avons cessé notre écoute. À la longue, ça fatigue. Et le beau Jamie n'est pas étranger à cet effet: il est un peu trop intense par bout et souhaite justement nous prendre constamment par les émotions pour mieux nous faire réagir.
Il reste que, lorsque l'on garde la tête froide, on constate aisément que la situation de la malbouffe aux États-Unis est terrible. Tous les exemples que tu donnes, Madeleine, nous ont frappés. Mais ce qui nous a frappé encore plus c'est le fait que les bureaucrates en charge de ces menus qui voient très bien à quel point la nourriture qu'on donne aux enfants est mauvaise pour la santé, ne parle justement jamais de celle-ci: la santé. En tout cas, le "show" n'inclut pas ces discussions dans le montage. Ces bureaucrates sont, au contraire, préoccupés exclusivement par le respect des règles bidons du USDA. Enfin, ce qui me frappe aussi, c'est à quel point la nourriture, c'est culturel. Les Américains, qui n'ont aucune culture gastronomique depuis toujours, peuvent-ils changer quelque chose d'aussi profondément ancré dans les moeurs; quelque chose, finalement, d'aussi intime que le rapport à la nourriture? Pour ça, l'émission porte bien son nom: il s'agit en effet d'une tentative de commencer une révolution.
tk, moi j'ai commencé mon écoute bonasse, tsé je suis tellement grippée et moche qu'un gorille danserait devant moi et je m'en rendrais pas compte...
puis je me suis sentie soudain très touchée, triste, de voir tous ces enfants captifs de cette bouffe de crap. Les efforts de ce type pour faire émerger quelque chose, allumer une étincelle de bon sens. Les décisions de fonctionnaires, directement issues des puissant$$ lobbie$$ agricole$$ (tant pis pour le sucre, on veut qu'ils aient du calcium), ces parents complètement gelés et inconscients des dommages sur la santé de leurs enfants.
J'ai fini par brailler, tsé, entre deux quintes de toux, pis me rappeler que la dernière fois que j'avais pleuré autant devant un film c'était... Food Inc.
L'humanité,
en esclavage,
pour une poignée de dollars...
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depuis quelques années, la SADC et Place aux Jeunes nous invite, quelques producteurs agricoles du coin, a faie goûter nos gogosses folkloriques a des jeunes, en collaboration avec la polyvalente. Le but de l'activité est de sensibiliser a l'achat local, à l'entrepreunariat et simplement à la baseà faire un atelier du goût.
Cette année, j'avais pas envie de faire la nunuche avec ma cuillère, alors sur le 75 minutes alloué, j'en ai passé presque 60 à expliquer l'industrialisation de l'agriculture, la concentration des achats par les chaînes et la perte du pouvoir d'achat des consommateurs. Les jeunes, y comprenaient pas pentoute le principe de faire pousser une carotte a Sherbrooke, la shipper a Mourialle pour la renvoyer encore a Sherbrooke, en spicialle au supermarché du coin.
C'est ca les amis, l'impact de se couper de sa terre et de ceux qui la cultivent,
de chercher toujours le prix le plus bas,
le tit coupon, pour "économiser" sur la junk des multinationales,
pis basiquement la paresse des uns et des autres pour vendre en vrac et acheter réemballé un prix de fou, dans des magasins sans âmes et sans propriétaires, sans saveurs mais remplis de pubs tapageuses. Un peu comme une avenue de filles dites de joie, vous trouvez pas ??
puis on passe aux choses sérieuses : on fait GOÛTER aux jeunes de la vraie bouffe, fait avec de vrais ingrédients pis par du vrai monde.
Les commentaires sont éloquents :
- hein, c'est l'fun la texture
- ca goûte quelque chose, pas juste le sel
- c'est original et simple comme facon de manger
- ca goûte BON
Plein de bon sens leurs commentaires, vraiment allumés et ne demandant qu'à comprendre ce qui se passe pour forger leur opinion.
...
ouais, la révolution, la révolution du goût... Ca passe par tellement de responsabilisation personnele que tsé, des fois, j'ai le vertige, je me dis qu'on y arrivera pas...
Mais aussi, je suis fière de faire ca chez nous, parce qu'a quelque part, ca nous apprtient tout ca, ce devoir de rendre disponible des denrées de qualité a des prix abordables, pour que vivent décemment les citoyens de ce pays...
J'attendrai pas Jamie pour le faire, mais si y vient, je vais l'accueillir a grand bras parz'emp ;))))
mp
Au fond, ça revient toujours à la même mausus d'affaire: l'expérience, le ressenti, le signifiant quoi!
Jamie parle de révolution, mais c'est peut-être beaucoup plus simple que ça: juste être dans la vie. Montrer aux enfants d'où ça vient, puis qui le fait, comment on le prépare et ce que ça goûte. Comme tu l'expliques si bien au fond Marypa.
L'expression "comfort food" est la plus belle au fond. Ce n'est pas tant ce qu'on mange (tant de glucides, mais pas de gras trans etc.) mais bien tout ce que ça éveille en nous...
Cette émission m'a dégoûté à jamais du "processed food". Fallait voir la face que ma fille a faite lorsque je lui ai dit que ces enfants, de son âge exactement, ne savait pas ce que c'était une tomate...
Cette série me marque beaucoup, Rosie, merci de me l'avoir envoyée. C'est fou quand même de voir ces bureaucrates ne rien comprendre pantoute au coeur du problème. C'est à pleurer, vraiment, lorsque Jamie apprend que le bon riz brun avec lequel il a fait une salade n'est pas considéré comme un quantité suffisante de céréales à comparer à la croûte de pizza dégueu...
MP: Je suis contente que tu passes par là! J'ai beaucoup pensé à toi en en apprenant davantage sur la USDA. Je ne comprends toujours pas tous les rouages, mais ça me bouleverse, vraiment. Et je me sens bien impuissante. Parce que, je veux dire, sincèrement, pour nourrir ma gang, je passe le plus souvent par l'épicerie du coin, avec des trucs bon marché. J'essaie de faire d'autres démarches, mais c'est ardu. Et puis, après, je me console en disant qu'au moins je fais tout "from scratch". Mais est-ce assez? Ce n'est pas vraiment le noeud du problème.
À pleurer, vraiment, à pleurer.
vos commentaires sont intéressants les filles
Nie: oui, donner du sens, s'accrocher a la base, c'est la qu'on communique des valeurs, un peu ou même beaucoup de soi-même et que s'échange des visions du monde plutôt qu'un message préfab "eat your vegetables" ou ben "on pousse les légumes du Québec". Au dela de ca, c'est pourquoi qu'c'est bon, une aubergine ? Un avocat ? C'tu bon juste dans la tête, ou ailleurs aussi ?
Puis comme tous les courants parralèlles, comme l'allaitement, l'AAD-ANA and so on, ben pour influencer l'autre, faut probablement d'abord le vivre pour soi et l'irradier ?
Quand tu parle de comfort food, ils ont un mega besoin de le vivre nos voisins hein, avec ce tout drôle de pays, ses incertitudes, ses menaces et sa si grande fragilité. Sauf que le comfort, ils le trouvent chez Laura Lee, McCain, Kentucky et Mc Do. C'est la que le patrimoine culinaire cité par rosemarie entre en jeu. Se donner une histoire alimentaire. Ca se peut, malheureusement, que la leur soit faite de gras, de sel et de sucre... :(((
mad : est-ce assez ? Ca dépend de l'échelle a laquelle on observe le phénomène. Tu te rends bien compte que start from scratch dans le cas des familles qu'on a vues, c'est du méga changement. C'est très valable et utile que des gens s'engagent, pour eux et pas juste pour une mode, sur une voie de modification de leurs comportements. C'est la la faiblesse de Jamie je pense, surfer sur "la mode", pas nécéssairement parce qu'il le veut mais juste parce que c'est dans l'air du temps de causer "bonne bouffe".
Ceci dit, au dela de ca, oui tu peux aller plus loin :)
si tu le veux, si t'en as envie, si tu penses que c'est bon pour toi pis ta gang.
Moi j'en ai fait tout doucement un mode de vie, et je sais bien que je suis loin de ce que je souhaiterais, tsé mon "monde idéal", c'est l'agriculture de subsistance, le caveau, les conserves "quotidiennes" et pas juste des betts dans le vinaigre tsé...
Tous les gestes "anarchistes" (ie sans chefs, sans être issus de propagande-pub-mode) vont porter plus loin la réflexion, et ultimement, la liberté de la penseuse :)))
USDA : en gros, organime de propagande agricole qui est le fer de lance du Farm Bill américain. C'est pas un syndicat agricole comme on le connait ici, mais un puissant lobby. Le lait américain par exemple, il contient des résidus de somatotropine bovine recombiante (SBR). Fake tsé mettons Jamie qui "act" pour renvoyer les kids vers le lait ordinaire, il est baisé anyway vu que c'est du lait de pauvre qualité, d'animaux sur sollicités, méga fermes, bon, vous connaissez le topo...
Donc la USDA va promouvoir les produits agricoles américains, sans égard a leur qualité réelle, va se donner un aspect bogus de régulation sans que ca veuille rien dire, mais majoritairement bloquer aux frontières les produits d'autres pays (dont le Canada) et a contrario, pousser aussi pour faire entrer les produits agricoles américains chez nous (dumping).
comme on l'a vu, il a aussi le pouvoir de pousser la junk dans les écoles, bravo, maga mafia...
take care les filles, ma grippe me ramène a l'ordre
xx
mp
Tu touches vraiment un point Annie avec le comfort food. Au fond, oui, la bouffe, ça réconforte et ce n'est pas plus mal. Mais il y a lieu de se questionner non pas sur le fait que la bouffe réconforte, mais plutôt sur la sorte de bouffe qui réconforte. Au fond, c'est ce qui est révélateur.
Tu vois, moi, une soupe je trouve ça très réconfortant! Du gruau aussi. Ah et puis, un mijoté... tout de suite, je pense à l'hiver, au plaisir d'être au chaud. Mon thé noir avec du lait aussi ça me réconforte drôlement!
C'est vraiment ça le plus troublant, cette absence totale de culture alimentaire. Ou plutôt, le fait que la culture alimentaire soit celle-là! Évidemment, ces enfants qui ont eu du plaisir à bouffer des croquettes de poulet dégueulasse seront réconfortés plus tard d'en manger puisque ça leur rappelera leur enfance...
Ça me jette à terre. J'ai vraiment de la misère à me remettre de tout ça.
Des ben bonnes réflexions par contre.
C'est justement cela que je trouve troublant moi aussi et même quasi insurmontable. Quand ton comfort food ce sont des croquettes de poulet ou des frites ou une pizza, entre autres parce que ça te rappelle ton enfance et la bouffe offerte par ta maman qui t'aimait plus que tout, alors comment défaire ça? Le rapport à la nourriture est ancré profondément en soi.
Un exemple parmi d'autres. Je connais un homme qui aime mieux les fèves vertes en conserve que les fèves fraîches cuites à la vapeur parce que ça lui rappelle son enfance et les plats cuisinés avec amour pour lui. Pourtant cette personne aime la bonne nourriture et sait que c'est mieux en principe des fèves fraîches. Mais, que voulez-vous, le doux souvenir affecte son goût. Et cet homme n'est pas fou. Il est même tout le contraire...
En passant, nous avons finalement terminé l'émission de Jamie Oliver. Et, horreur, on voit dans celle-ci que la résistance des parents s'est organisée: les brown bags (boîtes à lunch) sont de retour dans l'école où la première expérience a été faite. Et c'est pas beau ce qu'on y trouve: des chips, des jus fluo, des bonbons, etc. Complètement déprimant. Et ce sont ici les parents qui veulent cela. Moi, ça ne me donne pas du tout envie de pleurer ce genre de situation. Je me dis que ce sont vraiment de pauvres cons. Ce qui est dommage c'est qu'un enfant est la victime de ces pauvres cons...
Beaucoup de réflexions, mets-en!
Hier soir, j'ai trouvé cet article très fouillé d'un média indépendant sur l'après Food Revolution.
http://www.indypendent.org/2010/04/21/sugar-coated/
Mises en contexte éclairantes d'une situation fort complexe... et absolument rien pour se réjouir sauf qu'on a peut-être ben atteint le fond du fond du baril.
Merci Annie pour l'article. C'est très éclairant et cela montre toute la complexité de la patente. Ça m'a permis aussi de mieux comprendre ce qui m'avait énervé dans l'émission.
Vous parlez de culture alimentaire... On est fragile tout autant qu'eux... notre culture est aussi jeune que la leur, et notre génération a probablement mangé les mêmes choses qu'eux lorsque nous étions de jeunes enfants... À l'adolescence, c'est The Simpsons qui faisait son entrée... pendant que moi je mangeais une barbe à papa en déambulant le site de Walt Disney World, les autres de mon âge s'affairaient sur une cuisse de dinde!!!! En quelques années, j'ai vu les coca-cola des McDo devenir de méga format... Dans ce temps là, je me disais que les portions des boissons gazeuses avaient peut-être augmenté pour répondre au besoin des gens plus gros, qui seraient peut-être plus assoiffés!?! On voyait apparaître sur les menus des offres de portions extra, c'était les gros qui les commandaient... Ça a fini que les ados pas gros se sont mis à manger les extras...pis ils sont devenus gros aussi!!!! Quand ces gros, maintenant devenus parents, s'ouvrent un sac de chips pour regarder la télé, peut pas dire non à l'enfant qui le regarde avec ses grands yeux piteux...
On observe aussi un mouvement contraire aux États-Unis et ici... je ne pourrais pas mettre un nom là-dessus... mais vous en avez certainement observé qui veulent manger parfait, de la bouffe "puuuure"?! Sinon les régimes sans gras, sans sucre, sans féculents, ou la diète aux protéines, et on compte les calories...
Lorsque j'opérais le service alimentaire dans les services de garde, je vous jure, un commentaire qui revenaient assez régulièrement de la part des enfants: "ça goûte trop". Ouais... une carotte, ça goûte trop...!?!
Avant de terminer, je voudrais revenir sur le vidéo des croquettes... après réflexion, je ne suis plus surprise que les enfants aient voulu les manger! Pour eux, quelle est la différence entre des os, de la peau ou des poitrines? À l'état cru, rien n'est vraiment plus appétissant l'un que l'autre! C'est dans notre tête d'adulte qu'on a appris que les os ne se mangeaient pas... ça prouve que se nourrir, ce n'est pas inné mais acquis. Une chance que Jamie a déjà prouvé qu'il était très ambitieux, parce qu'il y a de la job à faire!
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