dimanche 15 novembre 2009

Brume et agneau

J’aurais voulu prendre des photos.
J’avais pourtant l’appareil. Même pris la peine d’apporter le chargeur pour recharger pendant la route les piles qui étaient à plats. Sauf que. J’avais oublié la carte mémoire, restée dans l’ordinateur à télécharger les autres photos.

Me reste les mots.

Cet après-midi, nous sommes partis tous les six chercher notre agneau. Dans le bout de Saint-Ambroise-de-Kildare. Ensuite, on est monté plus au nord, vers Saint-Félix, pour prendre le reste du porc à la petite boucherie qui l’a fait fumer. Quatre jambons et 2 kg de bacon à rapporter à Montréal et partager avec Louise.

L’agneau, c’est à cause de toi Madeleine.

Il y a quelques semaines, sur mon répondeur, un message : « Bonjour, je m’appelle Desneiges ! Madeleine m’a donné votre numéro. Elle m’a dit que vous seriez intéressés par un demi-agneau. »

Et comment ! Retourne son appel, découvre une voix joyeuse, curieuse de nos enfants dont elle avait entendu l'enfilade de prénoms sur le répondeur, qui prend la commande d’agneau et m’aide à décider de la découpe.

Desneiges et Pierre habitent leur ferme depuis 1985. Citadins qui abandonnent le droit et l’enseignement pour le terroir lanaudois. Aujourd’hui éleveurs de 200 agneaux, ils nous accueillent à la Bergerie des Neiges, une propriété blanche et rose aux creux des vallons.

En arrivant, notre viande attendait dans un bac à notre nom. Pendant que mon chum chargeait la glacière, Pierre nous a fait visiter la ferme aux garçons et moi. Puis Albert, de nous faire nous esclaffer dès son entrée dans la bergerie : « Oh ! Bonjour les chameaux ! » Moments précieux où mes petits citadins faisaient tant bien que mal le lien entre la terre et l’assiette, l’animal et le gigot.

Riches de ces contacts, on est repartis avec toute cette viande et une bourse chargée de recettes données par Desneiges. Les petits faisaient la sieste pendant que la voiture dévalaient les rangs déserts. Il y avait un peu de brume et des doigts de soleil. La terre était sèche, brune, les plants de maïs ocres et l’herbe avec encore juste ce qu’il faut de vert. Les arbres étaient gris, là-bas au pied des buttes, leurs feuilles beiges gisant au sol. Et cette lumière totalement unique à novembre.

Mon appareil photo ne fonctionnait pas, mais j’avais des mots. Qui en valaient mille.

Regardez comme c’est beau les gars.

Regardez comme des fois, il fait bon être de ce pays.

Madeleine, tu n’as peut-être pas d’agneau cet automne,
mais je te dois un souper d'épaule.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ça me donne faim, tout ça ;)

C.Olivier a dit…

Oups: Caro à Québec!

Madeleine a dit…

Très beau texte Annie! Comme je vous envie. Je me reprendrai l'année prochaine! Et c'est quand tu veux pour l'épaule...

Marie a dit…

Touchant... et oui, c'est vrai qu'il fait bon être de ce pays, on a même nos chameaux à nous!