lundi 25 juillet 2011

mercredi 20 juillet 2011

Quand il y en a pour six...

Il est 16h, je suis au bureau. Mon téléphone sonne. Mon chum.
- Ouan, on a pensé à quoi pour souper ce soir?

- Euh, J'AI, pensé à du boeuf à la citronnelle, pourquoi?

- Bien... tu te souviens de Ben?

- ...

- Bien oui, Ben! Tsé là... Ben?

- ...

- Je t'ai jamais présenté Ben? En tout cas, y'est dans le coin. Faque, on se disait qu'il me rejoindrait au centre-ville pis que je le ramènerais à la maison. Pour qu'il soupe avec nous autres tsé... T'en penses quoi?
Ce que j'en pense, c'est qu'il est 16h pis qu'il me ramène quelqu'un pour souper. Un mercredi de travail! Alors que j'ai du boeuf qui attend depuis dimanche après-midi pour que je le transforme en sauté à la vietnamienne avant qu'il ne se mette à sauter de lui même vers la poubelle. Mais comme ça a l'air que je l'aime, ça l'air que je sais aussi être conciliante.
- C'est le total bordel à la maison, tsé. Pis tout ce que j'ai, c'est du vieux boeuf de dimanche. Rien d'autre.

- Ça va t-être par-re-fait!
La cuisine familiale, c'est celle que tu peux allonger, right? Alors après le boulot, j'ai enfilé mon tablier et j'ai préparé mon boeuf à la citronnelle en pensant à toutes celles dans l'histoire qui ont un jour dit: "si il y en a pour six, bien il y en a pour sept!"

Mon chum et Ben sont arrivés. Avec de la bière bien fraîche. Ben et moi, on s'est présenté, parce qu'on ne se connaissait pas finalement. Les enfants étaient timides, donc calmes. En jasant avec enthousiasme, mon chum passait subtilement le balais et décrassait la table. Il est excellent dans ce genre de subtilités ménagères. Le souper était prêt en deux temps trois mouvements.

Le petit souper de semaine, quand tu y penses, c'est l'intimité totale. La famille se retrouve, on est là tel quel, on mange ce qu'on a sous la main, avec les humeurs du jour de tout un chacun. Ajouter une chaise au petit souper de semaine, c'est le partage au sens le plus pur: c'était pour nous, mais voici, y'en a pour toi, approche ton assiette.

Manger ensemble, ça rapproche justement. On a parlé du travail, de politique, de cuisine aussi, bien sûr. Les enfants ont quitté la table un après l'autre, poliment. Ben a demandé une deuxième assiette. Mon chum s'est aussi resservi.

La soirée avançait, Ben devait partir, les enfants êtres couchés.

On s'est levé de table et on l'a débarrassé ensemble. Mon chum se préparait à raccompagner Ben à l'extérieur quand celui-ci s'est tourné vers moi.
- Merci, c'était super bon. J'adore la coriandre en plus.
Bingo. Non seulement y'en a eu pour sept, mais le client était satisfait.




dimanche 17 juillet 2011

Ça s'en vient, ça a l'air!

------- Début du message :
Expéditeur: Entrepreneur
Date: 17 juillet 2011 09:54:40 HAE
Destinataire: 'Annie'

Objet: Planification du projet

Bon matin,

Vous serait-il possible de m’envoyer – une photo de la maison du fond de la cour, deux photos du cabanon à déplacer (face et côté), une photo de la maison vers le fond de la cour (pour planifier l’aménagement du chantier), une photo de la maison de la rue avant, incluant l’espace ou sera le nouveau garage.

Merci à vous

Entrepreneur



------ Début du message
De: Annie
Date: Sun, 17 Jul 2011 13:53:39 -0400
À: Entrepreneur
Objet: RE: Planification du projet

Bonjour Entrepreneur,

Voici les photos, j'espère qu'elles conviendront.
Je vous souhaite un bon dimanche, n'hésitez pas s'il y a quoique ce soit,

Annie


------ Début du message
De: Entrepreneur
Date: Sun, 17 Jul 2011 14:36:00 -0400
À: 'Annie'

Objet: RE: RE: Planification du projet

Merci pour les photos!

IMPORTANT : TOUTES LES PLANTES OU ARBUSTES À CONSERVER DEVRONT ÊTRE ENLEVÉES ET INSTALLER EN POT OU EN TERRE SUR LE TERRAIN DE FAÇADE OU SUR LE CÔTÉ GAUCHE DE LA MAISON, TOUS LES ARBRES OU ARBUSTES DU CÔTÉ NOUVEAU GARAGE OU AGRANDISSEMENT COUR DEVRONT ÊTRE ENLEVÉS ET COUPÉS AU SOL AVANT LES TRAVAUX

NOTE : TOUTE LA COUR NE SERA PLUS UTILISABLE DURANT LES TRAVAUX

LE CABANON DEVRA ÊTRE VIDÉ À 100% POUR LE DÉMÉNAGEMENT

REQUIS POUR LE 15 AOÛT

Salutations,

Entrepreneur


------ Fin des messages

vendredi 15 juillet 2011

Herbivore

"La cuisine familiale, c'est une cuisine créative", m'a dit Martine quand je l'ai rencontré chez elle.

Bien vrai. C'est ce que Madeleine démontrait avec brio l'autre jour: la cuisine familiale, c'est tout ce qui reste quand il n'y a plus rien.

Quand je suis partie de chez Martine, elle m'a rempli un sac d'herbes prises dans son potager. Je suis retournée à la maison avec ma besace, c'était l'heure de penser au souper. Ça tombait bien les herbes, je n'avais pas grand chose.

Alors pour souper ce soir là, on a mangé des herbes.


Recette d'herbes

Prendre un beau gros bouquet
de toutes sortes d'herbes fraîches
et les couper finement
avec des ciseaux dans une tasse.

Réserver.

Dans un poêlon,
faire dorer une belle fleur d'ail
(ou de l'ail)
et un peu d'oignon
dans de l'huile d'olive.

Ajouter quelques tomates cerises coupées en quatre
et la tasse d'herbes fraîches.

Faire chauffer doucement
en écrasant grossièrement les tomates.

Verser une tasse de crème
et faire mijoter tranquillement.
Ajouter deux bonnes cuillère à soupe de ricotta.

Saler et poivrer au goût.

Pendant ce temps,
faire cuire des grosses pâtes de type rigatonis
dans de l'eau bien salée.
Égoutter en réservant environ 1/2 tasse de liquide de cuisson des pâtes.

Remettre les pâtes dans la casserole avec l'eau de cuisson des pâtes.
Ajouter la sauce aux herbes et à la crème.

C'était bon, c'était trop simple, c'était tout l'été.

jeudi 14 juillet 2011

Chéri? Et si je te disais...


... laissons tomber toutes nos obligations et fichons le camp à la plage?




Et si on partait après la sieste,
en fin d'après-midi quand tous les baigneurs
étaient sur le point de quitter?


Et si je patentais un souper pique-nique avec du poulet de la veille
et des salades et des pains baguette tout frais?


Et si les enfants étaient sages, heureux, libres et pas trop malfaisants?


Et si tu t'amusais avec ta nouvelle caméra
et tu nous prenais des photos splendides?


Ça te plairait, dis-moi, ça te plairait?

mardi 12 juillet 2011

Plus ça change...

"Ce qui est inquiétant, c'est qu'on ne sait jamais quels produits toxiques et inutiles se retrouvent dans ce qu'on mange, à moins bien sûr, de savoir avec précision si ceux qui vous procurent les aliments sont des gens de confiance."
- ménagère interviewée en 1914

mardi 5 juillet 2011

L'abominable déclin du repas familial

Seulement 28% des Américains soupent en famille sept jours sur sept. En Grande-Bretagne, ils sont 38% à le faire. Selon la même enquête (Gallup 2004), 40% des Canadiens affirment souper ensemble de 4 à 6 fois par semaine.

C'est le déclin du repas familial Madeleine. Et c'est grave.
Des études faites dans les universités Columbia et Harvard montrent que la désintégration du souper en famille est un facteur qui contribue au stress familial, à l'obésité infantile et à la consommation de drogue et d'alcool par les adolescents.

C'est grave, oui. Parce que c'est un mythe.

Un mythe que le souper familial soit en déclin. Un mythe aussi que ça soit grave qu'il le soit.

On nous présente une image du repas familial qui est en réalité très romantique et ancrée culturellement dans un système de valeurs bien défini.

À lire certains magazines ou articles de journaux, le repas familial serait un rituel structuré qui n’aurait que des avantages pour la famille et, par extension, pour la société dans son ensemble.

Le fait que les familles mangent ensemble serait un indice de l’harmonie et de l’équilibre familial, où chacun peut s’épanouir. Un portrait idyllique menacé par la modernité et les maux qui l’accompagnent.

Quelles sont les causes identifiées de cette désintégration du repas familial?

L’entrée des femmes sur le marché du travail, diantre! Parfois, c'est quand même dit de façon plus polie: "le fait que les deux conjoints travaillent". Ensuite, ce serait la course folle qu’impose le travail, les activités sociales ou parascolaires des enfants et la distance entre le lieu de travail et la maison.

Autrement dit, le modèle social qui permet au repas familial tel qu'on l'entend de prévaloir, est celui d'une société où les femmes sont à la maison avec leurs enfants.

L'affaire, c'est que l'être humain n'a pas de tout temps mangé en famille. Au contraire même.

La structure du repas familial est née dans l’aristocratie et la bourgeoisie françaises du 18ième siècle. Ensuite, le fait de se conformer au modèle du repas bourgeois symbolisait à la fois la cohésion d’une famille et sa réussite sociale.

Évidemment, au début du 20e siècle, une minorité de gens parvenaient à mettre en pratique ce modèle. Dans les familles ouvrières ou paysannes par exemple, il arrivait souvent que tous ne mangent ni à la même heure, ni les mêmes plats. C'est seulement après la deuxième guerre mondiale, alors que les conditions de vie des familles s'améliorent que le repas idéalisé devint une réalité pour la classe moyenne en croissance.

On n'a jamais autant mangé en famille qu'au début des années 1950.

Tout ça pour dire que le repas familial traditionnel, celui que plusieurs vante, ben il renvoie à une norme arbitraire.

Si l'on tient compte de l'histoire, de la classe sociale à laquelle appartiennent les mangeurs, de leur sexe et leur âge et des multiples modèles de familles qu'a connu l'humanité, le repas familial traditionnel n'est qu'une idée, une représentation quoi.

Cette idée peut être valorisée bien sûr. Elle peut aussi être manipulée et instrumentalisée même. Faut juste être conscient qu'elle ne reste qu'une idée.

Une idée que l'on doit parfois relativiser.