jeudi 31 mars 2011

De l'air frais

Fait froid encore.
Mais on le sait que ça achève.

Parce que la lumière.

Et moi, j'ai envie de frais.
Du frais avec pas de viande.

Alors on s'invente des tables de soleil.
Même si on est pas en saison.
Des artichauts avec de la hollandaise.
Et des bruschettas pleins de tomates.


Les bruschettas, c'est trop simple.

On coupe des tomates de toutes les couleurs en cubes.
On les dépose dans un bol.
On verse de l'huile d'olive
et on soupoudre de basilic frais haché,
de sel, de poivre.

Ensuite, le meilleur pain italien
doré au poêlon
dans une bonne huile d'olive.
Beaucoup d'huile d'olive.

Puis on frotte sur chaque tranche
une gousse d'ail coupée en deux.

On verse un belle louchée de tomates sur nos pains.

Et ça se mange tout seul.

mercredi 23 mars 2011

Tu as vu cette pub Annie?



Elle circule actuellement sur Facebook. Ça crée de l'émoi. Sauf que... c'est un canular. Le gars qui l'a conçue l'explique ici.



Canular ou pas, on juge beaucoup les recommendations diététiques des autres époques, tu ne trouves pas? On regarde de haut, avec condescendance : " Comment pouvait-on penser une chose pareil?" On se croit tellement plus futés assis sur des tonnes de connaissances scientifiques. Et pourtant. Depuis le début du 20e siècle, on s'appuie également sur la science pour faire ces mêmes recommandations qui n'ont aucun sens aujourd'hui. Les préparations pour nourrissons en sont un bon exemple.



Quand commencerons-nous à rire des annonces sur les probiotiques avec la fille qui fait la danse du ventre par exemple?

Moi, en tout cas, je ris déjà.

jeudi 17 mars 2011

Apprentissage

Aujourd'hui on s'est marié, si on veut.

C'est-à-dire qu'on a accepté la soumission d'un entrepreneur en construction. Pour l'agrandissement de la future maison-de-rêve.

Peut-être bien que je donnerai son nom à l'entrepreneur qu'on a marié... Du genre s'il acceptait de réduire sa soumission de quelques bidous en échange de la visibilité internationale que Maman j'ai faim!® lui procurerait.

Aussi, grâce aux architectes, on a ajouté des nouveaux mots à notre vocabulaire: clin rainuré, à gorge, joint en V, ranch. Des mots qui tournent sans cesse dans nos têtes. On voit une maison en bois et on pense "hum... à gorge." ou bien "AH! c'est ça l'effet joint en V".

Bon. Par exemple, ça, bien c'est clin rainuré. L'espace entre les planches, je te parle de.


Ça me plaît bien clin rainuré. Hum. Clin rainuré.

Heille. Dire que je n'avais aucune espèce d'idée que ça pouvait exister clin rainuré. Mais arrête-toi à ça deux minutes: tou-tes ces an-nées de ma VIE où je n'ai PAS su pour clin rai-nu-ré!

Fou malade.

... À moins qu'on ne soit ranch?


Ranch. Dans le 514? Attends. Quelles valeurs/images de nous je souhaite que ma maison dégage de par les joints de son revêtement extérieur...

Wow.

Imagine quand ça va être le temps de décider pour les poignées d'armoires de cuisine.

Bah. Des poignées d'armoires, ça doit être quand même assez standard. Je veux dire, une poignée. D'armoire. Tout simple.

Non?

Je pense que je devrais lâcher ma job de jour.

dimanche 13 mars 2011

Recette pour Rosemarie

Bouboule/Coco braisé à la bière, aux deux moutardes et aux pruneaux
(Daniel Pinard)

1 gros Bouboule ou Coco
3 gros oignons finement hachés
1 c à soupe de vinaigre de vin rouge
1 jus de citron
2 bouteilles de bière de micro-brasserie
herbes de provence
1 c à soupe de moutarde de Dijon
1 c à soupe de moutarde de Meaux
20 pruneaux bien dodus
1 c à soupe de fécule de maïs

3 tranches épaisses de bacon fumé pour les lardons

Fariner les morceaux de Bouboule et les faire dorer en casserole dans un mélange de beurre et d'huile d'olive;

Réserver les morceaux et faire tomber les oignons. Ajouter une pincée de sucre et laisser blondir les oignons;

Déglacer la poêle avec le vinaigre. Ajouter le jus de citron, la bière et les herbes de Provence. Amener à ébullition puis ajouter les morceaux de Coco;

Faire dorer les lardons et les ajouter à la casserole. Laisser mijoter doucement pendant une heure environ;

Retirer la viande de Bouboule bien tendre et compléter la sauce en ajoutant les moutardes et les pruneaux. Laisser mijoter 3 ou 4 minutes. Ajouter 1 c à soupe de fécule de maïs d'abord délayée dans un peu d'eau fraîche. Réchauffer ensuite amoureusement Coco dans sa sauce.

Servir subtilement en disant que c'est du poulet.

jeudi 10 mars 2011

Le lapin du jeudi -- Ajout

Ce soir, on mange du lapin à la moutarde. Un jeudi.

Ce n'était pas prévu. Mon lapin, je l'avais acheté pour le weekend.

« Regarde le beau lapin que j'ai rapporté! », ai-je dit à mon homme. Puis, je l'ai religieusement enduit de moutarde avant de le réserver au frigo. C'est après que ma fille m'a rappelé que je lui avais promis de faire un souper chinois pour qu'elle puisse faire valoir ses talents en matière de baguettes chinoises. « Pas grave, me suis-je dit, on le mangera dimanche soir. Il va mariner plus longtemps et ce sera meilleur. » Et c'est à ce moment que mon fils Achille m'a rappelé que j'avais promis des burgers pour souper dimanche.

Ces enfants et leurs opinions culinaires. Où s'en va le monde?

Comme mon lapin était déjà enmoutardé, il fallait bien le cuire, ce que j'ai fait dimanche, pendant ma corvée de bouffe hebdomadaire. Et c'est pourquoi on mange du lapin ce soir.

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Mon homme n'était pas trop chaud, à l'idée du lapin.

« C'était quoi l'histoire déjà? »

« Ah non. Tu veux pas raconté cette histoire sur ton blogue? C'est pas un peu de mauvais goût? »

Quand il était petit, mon homme vivait sur une ferme. Ses parents avaient une élevage de porcs. Ils gardaient aussi d'autres animaux pour leur consommation personnelle, des boeufs, entre autres, mais aussi des animaux domestiques: plusieurs chiens, chats et lapins. À la fin des années soixante-dix, ils ont vendu la terre ainsi que tous les bâtiments, mais ils ont gardé la maison. Comme les animaux domestiques vivaient dans les bâtiments, et comme sa mère, on la comprend, ne voulait pas garder tous ses animaux dans la maison, il a bien fallu que quelques-uns vivent dehors.

Ce fut le cas des lapins.

Le petit garçon qu'était alors mon homme leur avait préparé un petit enclos avec des couvertures et de la paille. Tous les jours, il allait les voir pour leur donner à manger et à boire. Tous les jours, jusqu'à ce qu'il se mette à y aller un jour sur deux, puis encore moins souvent. L'hiver avait été rude. Et un jour, ben oui, quand il est allé voir son enclos, tous les lapins étaient morts gelés.

« Pauvre 'ti lapin, me dit mon homme en regardant le lapin que je m'apprêtais à enduire de moutarde. On dirait presque qu'il va se lever et commencer à courir. Pauvre 'ti lapin. »

« C'est quand même moins pire que ce qui est arrivé à tes lapins. »

« Mais je les aimais mes lapins. »

« On va aimer celui-là aussi, je t'assure. Ça sera délicieux! »

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Mes enfants, je les appelle souvent mes petits lapins. Peut-être que ce soir, ils vont saisir ce mot d'amour autrement?

Dans le genre: Arrête de faire le zouave sinon je te trempe dans la moutarde et je te passe à la marmitte. Ou encore:- Si tu ne ramasses pas toutes tes cochonneries qui traînent dans le salon, je t'envoie vivre dehors, mon petit lapin.

Excellent. Un peu de terreur camouflée dans un mot doux.

J'aime.



Annie ajoute:

Veux-tu bien m'expliquer c'est quoi l'affaire avec les cristies de lapins?

Quand il était petit, mon chum s'était amoureusement occupé de petits lapins que sa mère avait achetés. Ce qu'elle avait omis de dire toutefois, c'est que c'était dans le but de les manger qu'elle les avait pris les lapins.

"Le jour où j'ai mangé Bouboule, c'est un peu le jour où je suis devenu un homme", avoue mon chum, chaque fois avec l'oeil humide.

Pauvre lui hein. Au fond, c'est tellement mignon un petit lapin...

Surtout avec des pruneaux et de la moutarde, tant qu'à moi.


mardi 8 mars 2011

Le camouflage

Je suis une snoraude.

Il m'arrive de camoufler des légumes dans mes plats de façon à ce que mes enfants les mangent sans le savoir. Oui, oui, comme Jessica Seinfeld et son livre de recettes de brownies au brocoli.

La sauce à spag par exemple. Les champignons là, ça donne un bon petit goût et je les aime. Mon chum aussi, mais pas nos gars qui passaient un temps fou à chigner en classant leur sauce. Alors, maintenant je passe un peu plus de temps à les couper en minuscules morceaux de façon à ce que mes enfants ne les voient plus.

C'est mal?

Avec les gourous de la nutrition toujours prêts à édicter, on ne sait jamais...
  • Cela empêche Enfant de découvrir la Vraie saveur du Légume;
  • Cela ne permet pas de bâtir une Saine relation de Confiance entre Enfant et parent
  • Enfant deviendra Adulte qui n'aura Jamais pu développer Ses Goûts
Je dis à gourou que c'est de la boule chite. Que je suis certaine que les mères ont camouflé d'une façon ou d'une autre de la nourriture à leurs rejetons depuis la nuit des temps.

Ma mère par exemple, quand on était petits, elle nous servait des gâteaux hallucinants. Rouges ou verts ou toutes ces couleurs. On mangeait avec délectation sous son oeil inquisiteur puis elle hurlait de joie: "C'était un gâteau betteraves et tomates mes chériiiiiis, lalalèreu!"

Évidemment qu'on se roulait par terre en feignant de mourir étouffé par notre vomi, mais guess what? On s'en est remis! On n'est même pas morts! On mange plein de légumes!

Et! Plus important de tout, on aime encore notre mama.

Bien sûr vous trouverez deux et trois études pour affirmer que les goûts pour la vie se forment pendant les premiers mois de Bébé. Je me souviens d'ailleurs de cette amie à qui le pédiatre avait dit que puisque sa fille ne mangeait pas assez de solides à 5 mois, elle était pour les refuser POUR TOUJOURS.

Permettez que je m'écroule de rire avec mes deux bébés qui ont mangé pour de bon vers 10 mois.

La vie est tellement plus simple que ça.

Bébé n'aime pas les lentilles au tofu à 6 mois? Pas grave. Il refuse les tomates à 4 ans? Pourquoi en faire tout un plat?

L'expérience avec ma gang me montre que les goûts changent, évoluent, se transforment. Parfois c'est du camouflage, d'autres fois c'est entier dans l'assiette. Souvent c'est oui, des fois c'est non. La plupart du temps c'est bon, mais il arrive que ça soit mauvais, même pour nous.

Les goûts des petits (et des grands) sont influencés par des tas de facteurs et je vais vous confier un secret => ça ne repose pas uniquement sur la "Responsabilité de tous les instants de parent de cuisiner chaque fois BioEntierVarié-arrosé-de-vinaigre-balsamique-de-Modena-vieillit-5-ans-en-fût-de-chêne pour Enfant qui mangera dans la Joie "

Je nous trouve tendues des fois comme mères cook.

Relaxons.
Ayons du plaisir à cuisiner toutes sortes d'aliments de toutes sortes de façons possibles et mangeons tous ensemble. Champignons ou pas.

dimanche 6 mars 2011

Je peux faire la vaiselle maman?

Ai-je vaguement entendu pendant que je perdais mon temps sur le Web.

"Oui" ai-je vaguement dit. Enfin, je crois.




Et maintenant, non seulement mon bol mauve est propre, mais le sont aussi une partie du comptoir et du plancher, deux portes d'armoire et un Popold.

jeudi 3 mars 2011

Le coloc

Pendant la semaine de relâche, nous avons hérité d'un coloc.

Madeleine, je te présente Boule de poil. Boule de poil, Madeleine.
C'est un chinchilla.

Tout ça grâce à mon fils, le deuxième. C'est que Boule de poil crèche dans sa classe. Quelques jours avant la relâche, on reçoit ce message

Bonjour!
Nous voulons savoir si une famille serait gentille de prendre le chinchilla pendant la semaine de relâche.
Merci!
Signé: les élèves de Josée
------------------------------------------------------
Oui: __
Non: __
Famille de: _________________

Ulysse voulait vraiment beaucoup que l'on soit cette famille gentille. Après tout, ça nous ressemble tellement. En plus, j'ai comme été attendrie par ses grands yeux doux. De mon fils les yeux, pas du chinchilla come on. On s'en sacre des yeux du chinchilla! Alors en mère affirmée que je suis, j'ai décidé d'une voie autoritaire:

"Tu en parleras à ton père."

Son père m'a regardé avec ses yeux pas doux du tout. Je lui ai dit que de toute façon c'était un tirage au sort. Que Josée, elle pigerait au sort parmi toutes les familles gentilles afin de choisir celle qui hériterait de Boule de poil pendant la relâche.

"Y'a beaucoup d'enfants qui veulent s'en occuper?" a demandé mon chum.

"Oh oui! À peu près toute la classe!" a répondu notre fils.

J'aurais bien voulu savoir le nom des méchantes familles qui ne voulaient pas prendre le chinchilla, mais j'ai été interrompue par les cris de joie d'Ulysse qui venait d'entendre son père lui dire que, puisqu'il n'avait pas tant de chance de gagner que ça finalement, c'était ok, on allait remplir le coupon.

Ben c'est fou, mais ça l'air qu'on en avait des chances.

Alors c'est ça, un coloc. Boule de poil. C'est vrai que depuis l'histoire de Sissi, on est un peu échaudés. À vrai dire, on se demande sans cesse s'il va nous crever entre les mains Boule de poil.

Ça m'a l'air bien parti en tout cas. Pas qu'il crève là. Qu'on s'en occupe bien je veux dire. Enfin que lui s'en occupe bien. Tiens, la preuve.


Faque c'est ça. C'est tout.

Oui, oui, c'est tout.

... Tu ne croyais toujours pas que j'allais finir ce billet avec une blague du genre: "Après les écureuils au vin blanc, tu crois que ça se peut des osso bucco de chinchilla?"

Le manger! Pffft. Quand même. L'animal de la classe de mon fils? Tu n'y penses pas!

Non, non. Pas le manger. Mais au cas où ça se passerait mal cette semaine, j'ai d'autres projets pour lui.