mardi 30 mars 2010

Finis ton assiette (ajout)

Lorsque mon aîné était bébé, j’ai voulu appliquer les préceptes de la nutritionniste Louise Lambert-Lagacé à la lettre. Je voyais dans les caprices alimentaires de fiston de simples affirmations passagères, des goûts personnels et je me disais qu’il finirait bien par manger de tout. Qu’il fallait simplement que je continue à lui offrir une variété d’aliments sains. Avec la naissance de ma fille, j’ai poursuivi sur cette lancée, d’autant que ma fille était gourmande et ne se laissait pas influencer par son frère. Puis vint mon troisième. La poubelle se remplissait de plus en plus vite d’aliments laissés dans les assiettes. Il a bien fallu constater que la stratégie ne fonctionnait plus. Les caprices, au lieu de s’atténuer, devenaient de plus en plus nombreux, les repas étaient de moins en moins agréables et ma frustration grandissait.

Je n’étais pas préoccupée par la quantité. Je ne tenais pas à ce que mes enfants mangent beaucoup. Je comprenais très bien qu’il puisse survivre un jour ou deux en mangeant peu. Je ne me préoccupais pas non plus de leur état nutritionnel : je n’avais pas de crainte pour leur taux de fer, ou de calcium, ou de vitamine D, etc. Non. Ce qui m’agaçait était ce refus de manger autre chose que ce qu’ils aimaient le plus. Le refus de goûter, d’essayer de nouvelles choses. Et, malgré tous mes efforts pour ne pas en être offusquée, je voyais dans ces caprices un manque de respect envers moi.

Mon homme et moi avons donc décidé de changer notre stratégie. Nous avons décidé que les enfants devaient finir leur assiette. Une assiette minuscule. L’équivalent d’environ 5 bouchées. À défaut de tout manger, ils ne pouvaient sortir de table ou encore étaient privés de dessert. Les premiers mois ont été houleux mais je me suis rapidement rendue compte qu’il y avait plusieurs catégories d’aliments : les préférés, les neutres, ceux qu’ils n’aimaient pas vraiment et ceux qui leur donnaient envie de vomir. Petit à petit, nous avons fait des progrès. Enfants et parents ont fait des compromis et nous sommes arrivés à un terrain d’entente.

J’ai longtemps douté de mes démarches. À vrai dire, si mon homme n’avait pas été plus têtu que moi, j’aurais lâché. N’allais-je pas contre tous les préceptes des plus grands spécialistes de la nutrition? Un jour, ma tante, mère de cinq enfants, m’a dit : « C’est quand même pas comme si tu leur donnais des choses dégoutantes à manger. Manger ses patates, ça n’est pas vraiment de la torture. »

Moi qui voulais à tout prix éviter de faire la guerre aux aliments, j’ai bien dû constater que de combattre les caprices a été très bénéfique pour notre famille. L’harmonie est de retour à notre table. Ah, bien sûr, ils préfèrent encore plus que tout manger des pâtes au beurre, mais acceptent volontiers maintenant d’en manger une première assiettée obligatoire avec de la sauce.

Non. Je n’ai jamais voulu partir en guerre.

N’empêche.

Quand je vois mes enfants manger des croquettes de tofu sans se plaindre, redemander du curry de poulet, quand je vois mon fils goûter pour la première fois une courgette sans vomir, quand je vois tout ça, je me dis…

C’est moi qui ai gagné.

Annie ajoute:

Tu sais que dans la cuisine du Dr. Julien, il y a une immense affiche sur laquelle il est écrit: "Tu dois goûter au moins cinq bouchées de ton repas"? De lire cette affiche, il y a déjà quelques années, m'avait beaucoup soulagé.

Moi aussi j'étais full Louise Lambert-Lagacé avec mon aîné. Après tout, je l'avais allaité tous ces mois en n'ayant d'autres choix que d'y aller selon sa satiété. "Finis ton sein" étant un conseil qui s'appliquait plutôt mal.

N'empêche que malgré tout, ça me buggait de le voir rechigner sa purée de lentilles. Pourtant, je le savais en pleine santé. Je savais aussi qu'il pouvait être un très bon mangeur. Pourquoi alors est-ce que ça me venait tant me chercher? Dans mon cas: le contrôle. Il me défiait ce mioche!

Les Louise Lambert-Lagacé nous ont dit que de forcer un enfant à manger pouvait mener à l'obésité. Aux désordres alimentaires. Même aux cancers!

En réalité, quand on s'intéresse à la preuve, elle n'est pas là. La nutrition humaine est une science très peu exacte. Autrement dit, il n'y a pas de preuve claire que de finir son assiette mène directement à la boulimie. Tout comme, par ailleurs, il n'y a pas de preuves claires non plus que de ne pas finir son assiette augmente les caprices alimentaires.

Si ce n'est pas scientifique alors, ce serait quoi?

Comportemental je dirais.

Se nourrir est l'acte bioculturel par excellence, pour paraphraser Dettwyler.

D'où vient cette idée qu'il faille finir nos assiettes? Au pif, je dirais que pendant la grande majorité de l'histoire humaine, nos ancêtres ont beaucoup plus été préoccupés par ce qui manquait dans les assiettes que par ce qu'il fallait finir... Aussi, dans bien d'autres cultures que la nôtre, l'organisation du repas se fait autour d'un plat communautaire, dans lequel chacun pige à sa convenance.

Finir son assiette, c'est résolument 20e siècle.

C'est en 1917 que le congrès américain adopte le Food and Fuel Control Act qui donne l'occasion au président Hoover de promovoir au près des enfants la campagne Clean Plate. En pleine guerre mondiale, des milliers de petits écoliers américains récitront le devise suivante: “At table I’ll not leave a scrap of food upon my plate. And I’ll not eat between meals, but for supper time I’ll wait.” (À table, je ne laisserais aucune miette dans mon assiette. Je ne mangerais pas entre les repas, au souper j'attendrai).

Cette campagne visait les enfants trop petits pour comprendre la valeur de la nourriture à un moment difficile de l'histoire où plusieurs aliments étaient rationnés, comme le sucre ou la farine. Elle les encourageait à finir ce qu'on leur donnait pour économiser la nourriture.


En 1947, le président Truman créait le Clean Plate Club dans les écoles élémentaires du pays un peu pour les mêmes raisons. La nourriture se faisait plus rare. Avec le Plan Marshall, le président encourageait les Américains à consommer moins de volaille et à conserver la nourriture pour permettre de nourrir les Européens affamés.

C'était un principle noble je trouve, qui avait un sens.

Ainsi, deux générations d'Américains ont grandi avec l'idée qu'il faillait finir son assiette. Nos grand-parents. Nos belle-mères...

Mais chez nous, on ne finit pas nos assiettes.

Peut-être parce que mon chum a été obligé de finir la sienne toute son enfance. Il cachait la nourriture dans sa main ou la camouflait dans sa joue pour aller ensuite la vomir dans la toilette. Il a aussi développé une profonde aversion pour la cuisine de sa mère, qui persiste encore aujourd'hui.

Mes quatre enfants n'ont pas le même appétit, chacun d'entre eux a aussi l'appétit qui change au gré des saisons, des jours, de leur état. Ils n'aiment pas les mêmes aliments et ils mangent tous de façon différente selon le repas. Ça fait partie de qui ils sont. Dis-moi comment tu manges et je te dirai lequel de mes enfants tu es! Un seul est plus difficile, moins aventurier.

Bien sûr, je ne peux pas tout le temps combler tous leurs désirs alimentaires en même temps. Alors on établi des règles. Parce que ça me facilite quand même la vie qu'il n'y aille que trois repas par jour.

J'aime qu'ils aillent des comportements précis à table, comme celui de me remercier pour la nourriture avant même la première bouchée et celui qui veut que goûter implique cinq bouchées. Aussi leurs "caprices" ne me font pas peur et je ne cuisinerai toujours qu'un seul menu. Pour le reste, finir leur assiette n'est pas une règle que l'on a implanté chez nous.

Surtout les jours où je cuisine avec du piment thaïlandais.

Le piment thaïlandais là

cristie, c'est BEN fort!
J'ai essayé la super recette de tofu kung pao de Daiva en réduisant à deux petits mini rikikis la quantité de piments thaï. Je me disais que, tsé...

... mais "Ça pique!"
Oups.

lundi 29 mars 2010

Grosse sauce à spag

Aujourd'hui j'ai congé.
Et je cuisine pendant qu'il pleut. De la fenêtre, je vois les feuilles de mes lilas qui se déplient, tellement vertes! J'ai fait mille et un trucs et une sauce à spag, mais une grosse. Avec des tas d'ingrédients.
Depuis que nous sommes six, je cuisine rarement en gros. Sauf la sauce à spag, parce que ce n'est pas pareil.
On faisait ça chez moi, une grosse batch de sauce à spag. Mes parents la congelait en petites portions dans des plats de margarine ou de yogourt. Souvent le spag, c'était le vendredi me semble. Et me semble aussi qu'ils faisaient la sauce le dimanche après-midi. Je me demande d'où vient cette sauce. Mon père, ou ma mère, ne suivaient pas de recette. Pourtant c'était toujours le même goût. Sauf ce moment où ils ont décidé d'ajouter des lentilles. Mon frère et moi, on hurlait et je pense que les lentilles ont disparues.

Pendant longtemps, je me suis fait un plaisir de dire que je n'aimais pas la sauce de mes parents. À une époque, je me souviens que les jours de spag, ils me donnaient des nouilles au beurre. Par contre, j'aimais la sauce qui mijotait. En cachette, je léchais la cuillère de bois, croquais un bout de carotte, suçais longuement un champignon.

La sauce dont je raffolais le plus, c'était quand même celle de grand-mère Lise, que mon père n'aimait pas - ou peut-être se faisait-il un plaisir de dire qu'il ne l'aimait pas? Elle mettait des tas de viande. Et du clou de girofle. Et de la cannelle! Quand j'ai su ça, j'ai essayé de glisser le girofle en douce dans la sauce de mes parents. Mon père a hurlé et je n'ai plus recommencé.

Sauf qu'aujourd'hui, dans ma sauce, il y a de la cannelle et du clou de girofle. De la viande et de la protéine de soya aussi. Mon frère me renierait mais j'ai même déjà essayé de passer des lentilles. Les hommes de la maison ont hurlé et j'ai laissé faire finalement. C'est vrai, ce n'est même pas bon. Par contre, je mets des champis. Une partie hachée de façon microscopique pour berner mes boys et une autre de plus gros morceaux pour nous.
Chez nous, on mange le spag avec une salade verte et du pain à l'ail. Pour mon chum et moi, j'adore ajouter des champignons grillés dans du jus de citron et faire gratiner au mozzarella. Vin italien quand la vie nous sourit.

Vive la pluie d'aujourd'hui qui me rappelle le long chemin de ma sauce à spag. Bien hâte demain de voir les recettes de mes enfants.

samedi 27 mars 2010

16h00

si je n'avais pas d'enfants,
ce soir je ne souperais pas et grignoterais ici et là toute la soirée.
Ou alors je me ferais un TV dinner devant le hockey,
ou bien un gruau très, très tard dans le bain avec un bon livre.

16h01
et
j'ai zéro inspiration,
zéro le goût de cuisiner,
zéro envie d'aller faire des courses,
zéro restes,
zéro provisions.

Je glande. Je paresse. Je fais comme si.

Mais j'ai des enfants.
Un chum.
Ils ont faim.
Ils essaient de m'aider alors que je bougonne.
Qu'est-ce que tu as le goût pour souper?
tortillas? spaghetti? mets chinois? poulet grillé? soupe tonkinoise? pizza libanaise? soupe à l'oignon gratinée? sushi? burger? gaspacho?
Non. non. non. non. non. non. non. non. non. non.
N o n .

16h08.

Mon chum vient de partir au marché avec trois de nos enfants.
Il va s'occuper de tout.
Je lui ai dit
Peu importe ce que tu achètes, je te préviens, ça se peut que je chiâle.
16h11
Je m'en vais dans le bain avec Albi.
Je fais comme si.
Ce soir il n'y avait jamais de souper.
16h14

mercredi 24 mars 2010

Dinner and a movie

- On peut manger devant notre film? me demande mon aîné samedi dernier.

- Mmmmm... Ok... Ouais... Pourquoi pas.

Il était 18h22. J'avais du retard sur le souper. L'homme venait à peine d'arriver de son hockey hebdmadaire. Les enfants n'auraient jamais pu écouter leur film après souper comme prévu et se coucher pour 20h, l'heure de tombée dans notre famille. Et puis, une fois n'est pas coutume?

- Je m'occupe de tout, déclare fiston.

Pendant que je finissais de préparer le repas, mon fils s'est activé. "Personne n'a le droit d'entrer dans le salon jusqu'à ce que je le dise!" nous avertit-il. Sauf que moi, distraite, j'y suis allée pour y déposer mon gratiné de poisson sur polenta.

Oh!


- Tu pourrais mettre un peu de persil sur ton plat, maman, ça ira avec les fleurs.

Quand on mange devant la télé, dit-on, on est plus distrait. Pas besoin d'une grande étude scientifique. Suffisait d'être chez moi samedi dernier pour le constater. Il a fallu y aller de quelques menaces de mettre fin au film pour que tout le monde finisse son assiette.



Enfants distraits


Comme le film choisi n'était pas, disons, notre premier choix à l'homme et à moi, on s'est presque battu pour se sauver et faire la vaisselle. D'autant plus que c'était à n'y rien comprendre pour les adultes que nous sommes, ignorants du jargon et de l'univers des bébittes en blocs Leggo.

Je ne savais pas qu'un jour ce serait ça mon dinner and a movie.

Je ne savais surtout pas qu'un jour je ne demanderais rien de mieux pour passer mon samedi soir.

dimanche 21 mars 2010

Lundi sans viande

Vous en avez entendu parler?
Le concept est simple. Il suffit de remplacer chaque lundi les repas de viande par des mets à base de végétaux. Au-delà d'un marketing de la bonne conscience, l'initiative a le mérite de lancer une réflexion populaire sur l'impact de notre consommation de viande.

Depuis juin, je nourris ma famille avec au moins trois repas végétariens par semaine. Toutes sortes de motivations m'ont poussés à réduire notre consommation de viande. Malgré tout, ça n'a pas toujours été facile.

Je n'ai pas trouvé toujours évident de penser au-delà de notre culture de la viande. Voir autrement la structure même des repas, travailler avec de nouveaux ingrédients, augmenter le corpus de recettes familiales, bâtir à partir des goûts de chacun: autan de défis auxquels j'ai été confrontée avec surprise.

Puis est venu ce moment où j'ai eu l'impression d'avoir accès à un monde nouveau dans lequel j'ai plongé avec beaucoup de curiosité. C'est étrangement venu avec le végétalisme, qui m'apparaissais auparavant fleurter avec un extrêmisme limité.

Brunch végétalien
Muffins anglais, poivrons rouges et tofu grillés, sauce aneth tahini
accompagnés de pommes de terres, oignons et poivrons verts rôtis

Après tous ces mois, j'ai maintenant atteint une vitesse de croisière. Je n'y pense plus à mes repas végé, je ne me force plus à les intégrer dans le quotidien. Je me sens plus riche d'avoir accès à tout un pan nouveau de découvertes culinaires, d'ingrédients, de plats, de saveurs...

Ce que je déplore par contre, c'est encore ce cloisonnement. L'impression que les deux mondes se côtoient mal. D'un côté, le végétalisme impressionne et les réactions que ça pu provoquer chez nos proches ont parfois été... étonnantes. De l'autre, la viande est nécessairement mal et se nourrir devient presque un dogme qui dicte tous les aspects de la vie.

Basta de tout ça! Un lundi sans viande, je trouve que ça goûte meilleur quand mon seitan est grillé dans du beurre. D'ailleurs cette semaine, je donnerai ma nouvelle recette.

vendredi 19 mars 2010

La cuisine d'été

Attenant à la cuisine
se trouve la cuisine d'été. Lorsque l'on a visité la maison, ça été mon coup de coeur. En fait, j'ai acheté cette maison parce que cette pièce existe.
Une toute petite pièce blanche pleine de fenêtres qui donne sur la cour arrière. Une pièce non isolée, pas encore 4 saisons mais pleine de potentiel pour notre famille stéroïdée.

À notre époque ALE, c'était un coin lecture où l'on y sirotait l'apéro et prenait le petit déj. Quatre enfants plus tard, pendant l'hiver, la pièce nous sert à la fois de débarras, de centre de recyclage, d'entrepôt et de deuxième frigo. La pièce est alors kids free. L'été, c'est une courroie névralgique entre la maison et la cour arrière.

Chaque année, vient donc le moment où l'on "ouvre la cuisine d'été". Je lave les rideaux de dentelle, je range les 56 mille objets qui s'y sont faufilés pendant la saison froide et surtout, je permets aux enfants d'y jouer.
La cuisinière est heureuse quand on ouvre la cuisine d'été. Je retrouve mon espace. Les petits étant trop contents de redécouvrir une nouvelle pièce pleine de possibilités qu'ils en oublient de venir s'accrocher à mes jupes en chignant "Maman, j'ai faim".
Je cuisine alors s-e-u-l-e-e-t-e-n-p-a-i-x.
Chez nous,
quand la porte entre la cuisine et la cuisine d'été est ouverte toute la journée,
on sait que le printemps est là.

lundi 15 mars 2010

Vive le printemps!

- Regarde maman, me dit mon fils en me tendant un sac en plastique à son retour de la garderie, de la confiture aux fraises!

- Aaaaah! Tu as vu madame J. en sortant de la voiture? Elle est sortie de sa cachette?

C'est comme ça le printemps. La neige fond, on se déleste de nos vêtements, les bourgeons sortent, et les vieux aussi.

Ainsi, madame J., ma voisine, est sortie de son hibernation. Je ne l'avais pas vue de l'hiver. Je me demande bien ce qu'elle a pu faire pendant tout ce temps? Bien au chaud, dans sa maison, je l'imagine regarder la télé et se perdre dans ses souvenirs. Elle a sans doute trouvé le temps long, mais ne doit pas se plaindre beaucoup. Elle est comme ça madame J. Elle me semble plutôt forte de caractère. Peut-être que quelqu'un lui apportait des fruits pour qu'elle continue à faire sa confiture? Je ne saurais le dire et n'oserai jamais le lui demander.

Qu'importe. Vive le printemps. Madame J. doit être contente. Surtout qu'il est arrivé brutalement, sans prévenir, comme un invité imprévu, un vieil ami qu'on n'a pas vu depuis longtemps et qu'on accueille avec joie.

Moi aussi ça me rend heureuse. Bientôt, nous ouvrirons tous nos fenêtres. Et quand je passerai devant celle de madame J., à chaque fois, je sentirai le doux parfum des fruits sucrés qui cuisent qui s'échappera de sa cuisine.

Et puis chaque fois, ça me fera sourire.

dimanche 14 mars 2010

Rater son yogourt

Ça peut être très pratique!
Habituellement, je pars mon yogourt tôt le matin et le range au frais juste avant les siestes. La semaine dernière, je l'ai parti tard en après-midi et avant d'aller me coucher, je l'ai oublié... Le lendemain, il était terriblement sûrette. Impossible de passer ça dans les lunchs de mes écoliers, même avec la meilleure de mes confitures.

Allais-je pour autan jeter deux litres de yogourt?

Eh bin non! J'ai pu testé plusieurs recettes à base de yogourt qui ont fait notre délice. Je vous en laisse deux. Un délicieux gâteau végé rapido presto et une autre débile mentale pour les grands jours: du poulet au beurre.

Gâteau végé au yogourt
1 t. de yogourt (nature ou à la vanille)
3/4 t. de lait de soya (nature ou vanille)
1 t. 1/4 de sucre
1/2 t. d'huile de canole
2 c. à thé de vanille (plus ou moins selon le parfum du lait et du yogourt)
1/2 c. à thé de zest de citron
1/2 c. à thé de zest d'orange
2 t. de farine
3 c. à table de fécule d'arrowroot
1 c. à thé 1/2 de poudre à pâte
1/2 c. à thé de bicarbonate de soude
1/2 c. à thé de sel

Préchauffer le four à 325F.
Graisser un moule à pain.
Dans un grand bol combiner le yogourt, le lait, le sucre, l'huile et le zest.
Battre à la mixette environ 2 minutes.
Ajouter la farine, la fécule, la poudre à pâte, le bicarbonate et le sel.
Combiner à la spatule puis battre pendant 2 minutes sans plus.
Cuire 1h.
Le gâteau sera cuit mais bien moelleux.
Servir avec des fruits.
(inspiration Veganomicon)


Poulet au beurre
Quatre bonnes portions
(assez pour notre gang mais peut-être pas assez pour 6 adultes)

4 poitrines de poulet désossées

Marinade
1 t. de yogourt nature
2 c. à soupe d'ail
2 c. à soupe de gingembre
4 c. à soupe de chili rouge (facultatif avec des petites bouches délicates)
2 c. à thé de sel
2 c. à thé de coriandre moulue
2 c. à thé de colorant alimentaire rouge
2. c. à soupe d'huile végétale
3 c. à soupe de jus de citron

Mélanger tous les ingrédients de la marinade
puis ajouter les poitrines entières.
Laisser mariner au mieux toute la nuit,
au moins toute la journée.
Cuire sur une plaque dans un four très chaud,
475F de 15 à 20 minutes.

Voilà ce qui vous donne du poulet Tikka,
mais pas encore du poulet au beurre...

Sauce au beurre
4 c. à soupe d'huile de canole
1 c. à soupe d'ail haché
1 c. à soupe de gingembre frais haché
1 t. 1/2 de sauce tomate maison
1/2 t. de sauce à l'oignon (voir plus bas)
1 c. à thé 1/2 de sel
2 c. thé de poudre de chili
1 c. à thé de coriandre moulue
1 t. 1/2 de crème 35% à cuisson
1 c. à soupe de sucre

Dans une poêle, chauffer doucement l'huile
avec l'ail et le gingembre
pendant 2 minutes.
Ajouter tous les ingrédients sauf la crème et le sucre.
Laisser mijoter 5 minutes.
Ajouter ensuite la crème et le sucre.
Laisser mijoter jusqu'à consistance désirée
(plus ou moins 5 minutes)
Ajouter le poulet Tikka en morceaux.

Sauce à l'oignon
(rendement environ 3t. Se congèle bien)
1/2 t. d'huile de canola
2 oigons moyens hachés finement
2 c à thé de poudre de curcuma
1/2 c. à thé de poudre de chili, coriandre et cumin moulus
1 t. 1/2 d'eau
7 c. à soupe de sauce tomate

Dans un chaudron, mettre l'huile
et faire revenir les oignons de 2 à 3 minutes.
Ajouter ensuite tous les autres ingrédients
et laisser mijoter 30 minutes.
Laisser tiédir puis passer au robot.
(Tirée de Le Must)

Assiette indienne de Dame Chinette

Cette recette de poulet au beurre demande du temps, c'est vrai, mais elle est vraiment extra miam. Je sers avec des lentilles indiennes, du riz basmati et une salade ou légume vert.

Finalement, c'est payant de rater son yogourt comme ça!

vendredi 12 mars 2010

Manger mou

Mon fils, Victor, est arrivé de l'école avec deux dents cassées. Les deux belles incisives du devant. Ses dents d'adulte.

Consternation.

Un bête accident: lui, une petite planche à roulettes et un plancher en terrazo.

Son père a eu un choc terrible, lui qui a perdu ses mêmes deux dents, au même âge, après une chute dans la cour d'école. "Quand j'ai vu ça, m'a dit Victor, j'ai tout de suite pensé à papa. Qu'on serait maintenant deux dans la famille avec des dents cassées."

Évidemment, il a fallu se rendre rapidement chez le dentiste, surtout que ses dents lui faisaient mal. Nous avons heureusement évité le pire: la pulpe de la dent n'est pas touchée, ni surtout la racine. La dentiste a fait des radios puis mis une espèce de composite pour boucher le tout et éviter la douleur.

Maintenant, deux semaines de manger mou.

Bien sûr, nous ferons réparer ses dents. Mais il faudra attendre que ses gencives, qui ont subi un choc, guérissent.

En attendant mon Victor vivra sa vie avec deux dents cassées.

Mais avec une bouille comme celle-là...




... qui, je vous le demande, ira se formaliser de petits bouts d'émail en moins?

jeudi 11 mars 2010

La chaise haute

Elle n'en a plus besoin.
Depuis plusieurs semaines, elle mange à table. Comme nous.

C'est arrivée un peu comme ça. Elle mangeait rapidement dans sa chaise haute, puis elle hurlait et avec ses petites mains, poussait très fort sur la tablette. Les prisons à petites filles, elle n'en a jamais raffolé Saqiyuq.

Alors on la descendait et à petits pas rapides, elle marchait vers son père et tirait son pantalon. Une fois sur ses genoux, elle pouvait manger une deuxième portion complète, à même son assiette à lui.
Chaque repas, le même rituel.
Il m'a dit que mon bébé voulait probablement être à table, comme nous.

Maintenant elle mange à ma gauche, à côté d'Éloi et en face d'Albi. Sur un petit rehausseur bleu et jaune. Nous sommes enfin une pleine tablée.

Sauf que Blanche, elle mange rapidement, puis avec ses petites mains, elle pousse sa chaise et en descend. À petits pas rapides, elle marche vers son père et tire son pantalon. Une fois sur ses genoux, elle mange avec lui une deuxième portion.

Chaque repas, le même rituel.

Il est un père aimant. Patient, particulièrement avec sa petite fille, son bébé. Je crois qu'aussi longtemps qu'elle voudra une deuxième portion sur ses genoux, il l'accueillera. Je crois aussi qu'aussi longtemps qu'il l'accueillera, elle voudra une deuxième portion sur ses genoux.

Et je les regarderai sans jamais me lasser, aussi longtemps que ça durera.

Alors la chaise haute, on en a plus besoin au fond. Cette semaine, il est allé la porter au centre de tri. Fidèle chaise dans laquelle nous avons nourri quatre petites bouches. Voilà pourquoi on a pleuré un peu, quand même.

Mais il m'a dit que si jamais, un jour, mettons, on aurait hypothétiquement de nouveau besoin d'une chaise haute, ben il nous offrirait la plus belle que la terre n'aura jamais porté.

Il blaguait, bien sûr. Mais ça m'a consolé un peu, quand même.

lundi 8 mars 2010

Je le suis, en fait.

Samedi, il y a deux semaines, n'écoutant que mon cœur et profitant d'une soirée sans homme, je me suis loué Julie and Julia. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un excellent film, bien loin du chick movie auquel je me préparais.

Julie and Julia entrecroise les histoires de deux femmes, vivant à deux époques. Julie Powell, notre contemporaine de 29 ans, agente téléphonique pour le gouvernement américain, rêve de changer sa vie. Jeune femme plutôt pathétique, écrivaine ratée, terrorisée à l'idée de traverser le cap de la trentaine, elle décide de se lancer un défi inimaginable: cuisiner les 536 recettes du livre de cuisine Mastering the art of French cooking de Julia Child en 365 jours et relater ses expériences culinaires dans un blog.

Julia Child est la chef cuisinière et animatrice qui a initié les États-Unis à la cuisine française; c'est alors qu'elle accompagne son mari ambassadeur à Paris en 1946 qu'elle la découvre. Pour occuper ses journées, elle décide de suivre des cours au Cordon Bleu, puis enseigne à son tour dans une école qu'elle fonde, les Trois gourmandes, avant d'écrire son fameux livre.

Le film passe d'une époque à une autre: nous découvrons deux femmes qui cherchent un sens à leur vie. Deux femmes qui poursuivent un objectif un peu fou et qui l'atteignent.

Ce film est tombé à point dans ma réflexion sur la féminité, la maternité et le féminisme. Les ondes de chocs de Badinter continuent à se faire sentir, d'autant plus que son livre vient de sortir au Québec.

Mon questionnement a également été ravivé par des conversations avec quelques mères et un article de CJane, une populaire blogueuse américaine dont j'apprécie les réflexions mais avec laquelle je ne suis pas d'accord cette fois.

Tout cela m'amène à affirmer courageusement ceci: je le suis, en fait. Je suis féministe.

Je dis que cela prend du courage puisque le féminisme a mauvaise presse et a été associé à un mouvement plus ou moins extrême, celui qui veut détruire les familles, éviter à tout prix les naissances, condamner la maternité en générale et l’allaitement en particulier. Celui qui cherche à écraser les hommes.

En cette journée internationale de la femme, en tant que femme occidentale blanche privilégiée par la vie, en tant que mère de famille, je me fais un devoir de l’affirmer. Je suis féministe, c'est-à-dire que je crois que les droits et le rôle de la femme doivent s'étendre à toute la société (le Petit Robert, sous féminisme). Je crois que les femmes ont autant de valeur que les hommes et qu'elles méritent le respect. Je crois également que les hommes ont autant de valeur que les femmes au sein des familles et qu’ils méritent d’y trouver leur place. Je suis une féministe qui croit en la nature distincte de l’homme et de la femme. Je suis également une féministe qui croit qu’il ne faut pas chercher à tout prix à atténuer ces différences sans qu'il faille toutefois les exacerber en cantonnant, par exemple, les femmes à des rôles dans lesquels plusieurs ne peuvent pas exprimer tout leur talent. Je suis une féministe qui croit qu'il y a autant de valeur à être chirurgienne cardiaque que mère au foyer dans la mesure où ces rôles permettent à l'une et à l'autre de s'épanouir pleinement. Et, j’ajoute, dans la mesure où chacune s’assure de sa propre sécurité financière.

C'est ce qui m'a tant plus du film Julie and Julia: voilà deux femmes qui se démarquent dans un domaine typiquement féminin (la cuisine). Mais elles sont épaulées de tout cœur par deux hommes, leurs maris, qui les aiment et qui n'ont pas peur de les voir briller.

Pour moi, c’est cela l’objectif du féminisme : ultimement, sortir des luttes de pouvoirs pour bâtir une vie heureuse et construire des relations respectueuses et valorisantes.

Tout cela, en conservant son soutien-gorge.

dimanche 7 mars 2010

Manger québécois

Le faites-vous?
Selon un grand dossier publié dans l'Actualité du 1er avril, les deux tiers de ce que l'on mange viennent d'ailleurs. C'est à déplorer. Surtout que, semble-t-il, les consommateurs se préoccupent de plus en plus de la provenance des aliments qu'ils achètent. Voilà qui est réjouissant.

Réjouissant aussi de voir que de 2004 à 2009, les aliments clairement désignés comme provenant du Québec ont vu leur parts de marché croître de 2,8%, c'est qui est énorme.

Mais la grande illusion, c'est que malgré des campagnes de marketing, l'Actualité constate qu'en six ans, l'offre de produits québécois n'a pas évolué. Pour les petits producteurs, faire sa place dans les épiceries, c'est un véritable parcours du combattant.

D'abord, il faut convaincre kes grandes chaînes d'inscrire son produit sur
la liste officielle des aliments autorisés à y être vendus. Ensuite,
il faut convaincre chaque détaillant de la chaîne d'offrir le produit. Enfin, il
faut veiller à occuper une place avantageuse sur les étagères. Pas trop haut,
pas trop bas, idéalement à la hauteur des yeux. Tout cela coûte de l'argent.
Beaucoup d'argent.


Y-a-t'il moyen de faire autrement? Devons-nous accepter que cette façon de faire soit la seule?

Pour la majorité de nos concitoyens, l'épicerie est un arrêt obligé du parcours alimentaire. L'éviter demande pratiquement de changer son mode de vie. En ce sens, nous sommes plutôt dépendants de ses décisions de gestion. De plus en ville, ça semble plus difficile d'avoir accès aux producteurs locaux.

Pourtant, il doit bien avoir moyen de parfois s'organiser autrement, non?

Je ne souhaite pas retourner à l'époque de ma grand-mère qui recevait des oranges à Noël. J'aime la diversité du monde dans mon assiette, mais je ne comprends pas pourquoi mes patates viendraient des États-Unis. En ce sens, oui il m'arrive de me passer d'un aliment parce qu'il ne vient pas d'ici.

Mangez-vous québécois?

L'épicerie près de chez vous offre-t-elle des produits du Québec?

Quels contacts avons-nous avec les producteurs d'ici?

Comment est-ce qu'on pourrait en faire plus?
L'Actualité publie aussi un intéressant calendrier: quand est-ce qu'on mange québécois?

mardi 2 mars 2010

Le lave-vaisselle

Elle en est folle.
Même chose pour le balai et la mini-balayeuse. Explosion de cris et fusion de joie.

Chaque fois, mon chum laisse aller sa testostérone et s'essaie à l'humour:
"Bah, laisse-là. C'est dans sa vraie nature."
Sa vraie nature de fille, bien sûr.
Notre seule et unique.
Dernière née de la smala.

Et moi je la laisse faire.
Mais quand même, j'entends les hurlements de certaines jusqu'ici.