mardi 29 septembre 2009

À la recherche du dimanche (ajout)

À brûle pour point, j’ai dit à mon chum : « Je veux qu’on brunche le dimanche. » Quand je lui fais ce genre d’annonce solennelle, complètement hors contexte et sans autres explications, il se contente de me répondre : « Euh. Ok. » puis attend que je lui en dise plus long.

« Je veux qu’on brunche chaque dimanche, parce que chez moi, on brunchait le dimanche, après la messe ou chez ma grand-mère, mais on brunchait toujours le dimanche. Je n’ai pas besoin qu’on invite des gens, on peut rester entre nous, mais je veux qu’on brunche. Pas juste un petit dîner avec des restants de la veille. Un vrai repas, avec des œufs et du pain, et des muffins, et des fruits. Et du bacon. Je veux qu’on brunche, tous les dimanche. »

J’avais presqu’envie de pleurer en lui disant ça. C’est que j’ai trouvé, enfin, une réponse à ce petit vide que je ressens depuis quelque temps.

Je me questionne beaucoup ces jours-ci sur les rituels, sur les coutumes, sur la tradition. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de véhicule pour les valeurs que je cherche à transmettre à mes enfants. Pas même certaine que je pourrais nommer ces valeurs comme ça, spontanément, si on me questionnait. Et cela faire naître en moi un sentiment d’angoisse.

En réponse à cette angoisse, j’ai longtemps dit à mon homme que je voulais qu’on emmène les enfants à la messe du dimanche. J’y allais, enfant. Même que je chantais dans la chorale. Ce sont de très bons souvenirs : ceux d’une vie communautaire significative, ceux de réflexions volées ici et là au gré des discours du curé, ceux d’ennui aussi, de musique et de fous rires avec mes sœurs. Cela n’avait rien de l’austérité contre laquelle toute une génération s’est soulevée.

On pourrait croire que ce désir d’emmener mes enfants à l’église le dimanche n’est ni plus ni moins que de la notalgie, mais ce n’est pas ça. C’est bien plus profond. J’ai besoin de marquer le temps avec des rituels qui ont du sens, qui sont ancrés dans quelque chose de réel. Besoin de m’enraciner et d’aider mes enfants à s’enraciner.

(Je deviens plus conservatrice avec l’âge. Et c’est tant mieux. Mes enfants pourront donc avoir quelque chose contre lequel se soulever. Pour redevenir à leur tour plus conservateurs avec l’âge, pour le grand bien de leurs enfants.)

Recommencer à aller à la messe du dimanche, pour moi qui n’y suis pas allée depuis des années, et alors que personne autour de moi n’y va, et alors que mon conjoint y est plutôt réticent, c’est toute une marche à monter. D’autant plus que je ne suis plus vraiment croyante. Aller à la messe du dimanche, ce n’est plus un acte social, communautaire, rassembleur, mais rien n’est venu la remplacer. Je n’ai d’autres choix que de plonger en moi et de chercher quelque chose qui fait sens pour répondre à ce besoin réel que j’ai.

C’est ainsi que j’en suis venue au brunch du dimanche, ce repas qui suivait la messe. Des œufs, du pain plein de beurre et du bacon. Le repas préparé avec cérémonie par mon père. C’était la fête.

C’est un peu plus accessible.

Tous les dimanches, donc, après le hockey des garçons, nous bruncherons. Je ne cherche pas à prétendre que cela règle tout, mais c’est un point de départ. Un peu mince, d’accord, mais un départ tout de même, qui débouchera peut-être sur autre chose.

******

Dans mes recherches sur le net pour trouver des idées de brunchs, je suis tombée sur cette page. C’est une page anglophone apparemment traduite par informatique. Je ne sais pas si c’est à cause de mon métier de traductrice, mais je trouve cela hilarant.


Annie répond:

Tout a commencé avec mon chum.

Depuis 7 ans maintenant, je travaille le dimanche matin. Bien, c'est-à-dire, quand je ne suis pas en congé de maternité. Je ne passe donc pas les petits matins dominicaux avec les miens.

Je ne pourrais pas dire quand exactement, mais au fil du temps, mon chum avait pris l'habitude de me préparer un bon café au lait (noir pour lui) pour quand je rentrais à la maison, vers 10h20. On le sirotait ensemble, en lisant journaux et magazines. Parfois, je me faisais aussi une toast. Ou deux. D'autres fois, mon chum faisait griller son pain à côté du mien.

Je ne pourrais pas dire quand exactement, mais un jour, voyant du bacon dans le frigo, mon chum m'a téléphoné au travail pour me demander:
- Veux-tu que je te fasse un bon déjeuner?
Alors, au fil du temps, ne prenant plus la peine de me téléphoner, à mon café au lait et mes une ou deux toasts se sont ajoutés oeufs et bacon. Et au fil du temps, sans savoir exactement de quelle façon, nos petits oiseaux sont venus piailler autour de la table réclamant leur part du butin. Aujourd'hui ce ne sont plus trois oeufs que mon amoureux craque les dimanches avant-midi (un pour moi, deux pour lui) mais bien six.

Alors chez nous, je ne sais plus trop depuis quand, le dimanche, on brunche.

Rituel à ce point installé qui si d'aventure on dine à l'extérieur ce jour là, on se le fait rappeler par trois grands becs:
- Mais papa! Le brunch!
Doux revirement de situation, eux qui, au début de nos "bons déjeuners" du dimanche, ne comprenaient pas pourquoi, le souper venu, ils n'avaient pas dîné!

Quand j'ai lu tes mots, je me suis dit qu'il n'y avait pas de hasard. Je voulais justement faire une entrée sur nos "bons déjeuners" du dimanche. Raconter comment je quitte cette maison pleine du sommeil des miens à 5h30 en buvant un lait de soya. Te décrire la petite tranche de pain que je me fais griller au travail, mangée au coin d'une table de studio et potinant avec les collègues. Te dire que parfois, en remontant à la maison, j'arrête à la boulangerie faire le plein de croissants, de chocolatines, de fromage et d'abricotines en imaginant les frimousses des garçons. Manquer de mot pour te faire comprendre ce que me fait l'odeur des oeufs et du café qui m'enlacent dès que j'entrouvre la porte de ma maison. T'expliquer l'amour que je ressens en voyant cet homme là, encore en robe de chambre, faire chauffer mon lait pour mon café. Te raconter le bonheur des enfants qui perçoivent le bonheur des parents de voir le matin s'étirer à notre table.

Juste te dire, au fond, que ce n'est rien, mais que c'est important. Sacré.

À cette époque où il est devenu presque un lieu commun de dire qu'elle manque de repères, le rituel décidé et établi prend tout son sens. En même temps, les repères sont peut-être simplement moins voyants qu'Avant et ces rituels qui se forment sans même en être d'abord conscient, au gré du temps, à partir des circonstances de nos vies, nous aident tout autant à vivre.

Des rituels de mon enfance ne sont plus, d'autres sont restés. Au fond, ma grand-mère flamande, arrivée ici ne parlant pas français, a bien du elle aussi à un moment, être en quête de sens dans cette société étrangère et tissée serrée des années 20.


La famille comme institution a certainement de cette conception inuit du temps. Elle est faite de cercles qui se croisent et s'entrelacent dans le temps et dans l'espace. Mais la famille comme entité est aussi la somme des individus qui la compose, formée par les expériences qui la traversent, toujours ouverte à être modelée par le sens que nous voulons bien lui donner.

jeudi 24 septembre 2009

Ménage vert 101

Mme Pas-Blancheville a bien le droit de s'amuser un peu.

En janvier 2008, je prenais la résolution de tendre vers le zéro toxique. C'est ainsi que peu à peu, j'ai remplacé produits nettoyants, corporels et ménagers, par une alternative biodégradable et plus naturelle.

Pour les produits ménagers, mon argent est d'abord allée vers BioVert, Altitude et autres Lemieux.

Aujourd'hui, I know better.

Je fais mes propres produits d'entretien ménager.

Mieux, je partage ce plaisir sur Maman j'ai faim!

Nettoyant à salle de bain

Ce qu'on cherche d'un nettoyant à salle de bain, c'est sa capacité à dissoudre les dépôts minéraux laissés par l'eau. Il y arrive grâce à sa composition acide (pH inférieur à 7) et sans javellisant qui contribue à la soupe chimique de notre environnement sans bénéfices réels. Voici donc la recette toute simple.

Ça prend un vaporisateur - un vieux contenant de produit toxique recyclé ou encore un contenant payé 1$ au Dollorama

Ensuite...

Pour 2 tasses d'eau tiède,
il faut 4c à soupe de peroxyde (3%)
et 4 c. à soupe de vinaigre blanc.
Agiter.
Ajouter ensuite 1/2 c. à thé de nettoyant à vaisselle
et compléter avec au plus une douzaine de gouttes d'huile essentielle
(menthe poivrée pour moi).
Agiter avant utilisation.

Nettoyant tout-usage

Il devra pour sa part être plus alcalin de façon à bien s'attaquer à la graisse (pH supérieur à 7).

Très simple, toujours dans un vaporisateur.

Pour 2 tasses d'eau tiède,
mélanger d'abord 1/2 c à thé de cristaux de soude
à 2 c à thé de bicarbonate de soude
dans un fond d'eau chaude, pour les dissoudre.
Ajoutez ensuite 4 c. à soupe de peroxyde (3%)
Agitez
et compléter avec 1/2 c. à thé de nettoyant à vaisselle
et au plus une douzaine de gouttes d'huile essentielle
(citron pour moi).
Agitez avant d'appliquer.


* les cristaux de soude ou carbonate de soude ne sont pas du bicarbonate de soude ni du borax, même s'ils sont tous dans la même famille. Avec un pH de 11, ils sont plus alcalins que le borax et que le bicarbonate. Ils ne dégagent aucunes émanations toxiques mais peuvent assécher la peau. Ils dissolvent le gras, la graisse, l'huile, la cire, le rouge à lèvres. En vente dans les produits d'aliments naturels.


Ta-dam!

Efficaces et zéro toxique!

Ces deux recettes (et des tas d'autres trucs de ménage vert) sont tirées du livre Ménage Vert de Marc Geet Ethier, devenu ma véritable bible de l'entretien ménager.

mardi 22 septembre 2009

R.I.P.

Mon lave-vaisselle vient de rendre l'âme. Enfin, tout n'est peut-être pas perdu, si mon chum trouve comment le réparer. Sinon, il faudra s'en passer pour quelque temps puisque cette dépense n'est pas prévue au budget.

Je ne peux pas dire que ça m'enchante. Déjà, quand nous étions deux, je détestais faire la vaisselle et les assiettes traînaient jusqu'à ce que l'un des deux se tannent. Et quand nous avons eu un lave-vaisselle, après la naissance du deuxième enfant, je peux dire qu'au moins 50% des disputes sur les tâches ménagères se sont réglées. Mais bon. Faudra s'y faire.

J'essaierai d'y trouver un plaisir nostalgique. Cela me rappellera quand nous faisions la vaisselle après souper quand j'étais petite. Habituellement, on mettait de la musique bien forte et c'était presque plaisant. Ce sera l'occasion idéale d'initier les plus vieux aux tâches ménagères.

En tout cas, encore une chance que, par hasard, j'ai acheté du palmolive.

lundi 21 septembre 2009

Le riz qui rit

Ce ne sont pas des alexandrins Madeleine, mais je me lance:


Te souviens-tu chéri
lorsque nous étions deux?
1/2 tasse de riz
pour les amoureux.

Puis avec un enfant
et même avec deux
1 tasse suffisait amplement
à nos ventres creux.

À Ulysse et Éloi s'est ajouté Albert
et nous étions cuits.
Pour ces trois petits frères
c'était 1 tasse 1/2, pleine de basmati

Nouvelle étape en ce dimanche
et encore cher amant,
deux tasses, à cause de Blanche,
ils ne sont même pas adolescents.

Nous reviendrons bien un jour à la demi tasse
envahis par la nostalgie
de tout ce temps qui passe
de tout ce riz qui rit.

mercredi 16 septembre 2009

Jardins urbains

Lorsque je travaille, j'ai moins de temps.

Mais je suis plus riche. Et parfois, la richesse peut racheter le temps perdu. Par exemple, faire l'épicerie me prend du temps. Surtout que je visite plusieurs endroits pour la faire: boucherie, fruiterie, SAQ, marché public, épicerie... Ça me prend un demi jeudi, où je suis sensée être en congé.

Alors quand j'ai moins de temps et plus d'argent, quand la tête me tourne à l'idée de faire mon marché pendant 1/2 journée de congé, eh bien je le fais en ligne aux Jardins Urbains.

Et c'est un luxe merveilleux!

Les Jardins Urbains sont situés à 20 minutes de Montréal, à St-Sulpice dans la région de Lanaudière. C'est six acres de terrain où l'on retrouve 15 serres et 3 acres de terre cultivable. C'est aussi la première épicerie de produits biologiques et naturels en ligne.

On y trouve des fruits et des légumes, le plus souvent produits à la ferme. De la viande fraîche et non surgelée, d'agneau, de boeuf, de veau, de volaille et de porc. Biologique ou naturelle. De la boulangerie de Première Moisson ou du Fournil Ancestral. Des centaines de produits biologiques courants d'épicerie et même du poisson frais!

Des biens obtenus, ma foi, à fort bon prix! Particulièrement pour les fruits et légumes de saison et la viande, d'une qualité incroyable.

Tout ça, livré à ma porte pendant que moi, je parle dans le poste.

À se demander comment ils y arrivent.

Hier matin, en allaitant ma fille et sirotant mon café, j'ai planifié mes repas, surfé leur site et choisi mes produits. Et ce soir, je suis rentrée à la maison en sachant que mon chum avait jasé avec le livreur dans le pas de la porte, qu'il lui avait peut-être même offert le café. Puis je l'imaginais ranger soigneusement toutes les denrées livrées dans un gros bac appartenant au livreur, pendant que les garçons dansaient autour découvrant ce qu'il s'y cachait.

Une fois dans la cuisine, j'ai ouvert le frigo et j'ai vu le bacon "Porc Meilleur" dans son papier kraft entre mon Vivaneau entier et un kilo de dinde bio. 80$ de viandes, fruits et légumes.

Pour le reste, je complèterai bien avec une visite éclair au supermarché. Autrement, demain je suis en weekend.

Et je n'ai pas besoin de faire l'épicerie!

mardi 15 septembre 2009

Virer banane





J'ai une excellente recette de gâteau aux bananes. Mais je ne la fais plus jamais. C'est qu'il n'y a jamais, dans ma maison, de bananes mûries juste à point. Elles disparaissent toutes souvent 2 ou 3 jours après qu'elles aient été achetées.

À chaque fois que je fais l'épicerie, je me pose cette question: combien de bananes devrais-je acheter pour passer la semaine? 5? 10? 15?

En fait, pour trouver la réponse, il faudrait lancer une enquête comptable coûteuse. Ou, tsé, genre, engager quelqu'un de très très fort en maths. C'est que mes enfants vont manger toutes les bananes, peu importe le nombre. Il suffit qu'il y ait une banane sur le comptoir, à la vue de tous, pour qu'un enfant me la réclame pour la collation. Tellement qu'il fut un temps ou je cachais les bananes dans un tiroir. Mon fils Achille, alors âgé de 18 mois, perdait la tête quand il en voyait une.

Ce n'est pas que c'est mal de manger beaucoup de bananes, bien au contraire. Mais, je veux dire, je ne peux pas les nourrir seulement de bananes. Right?

Alors j'y vais avec mon intuition du moment. Sans trop me casser la tête, j'étire le bras vers le tas de bananes à l'épicerie, et j'en ramasse un régime au hasard. Et quand c'est possible, je fais l'effort de les acheter équitables. Et tout le monde s'arrange avec ça.

To go bananas, dit l'expression anglaise. Comme dans virer fou. Virer banane, ouais.

Annie répond:

Mes enfants, que j'ai fait à mon image, ne sont pas très bananes et je n'en achète pas régulièrement.

Chez nous, ce sont les pommes.

Je fais l'épicerie de la semaine le jeudi. Je planifie tout, ou presque: lunchs, dîners, soupers, collations. Je compte les grammes, les boîtes de conserves, les sacs et les unités de façon à ce qu'il n'y ait aucune perte ni aucun manque.

Arrivée à la maison, je range tout et satisfaite, je contemple mes provisions en me disant chaque fois que je ne serai peut-être pas obligée de faire l'épicerie la semaine suivante tellement il y a de nourriture partout.

Vient le dimanche soir où je prépare les boîtes à lunch du lendemain. Ouvre le tiroir à fruits... ET PLUS UNE SEULE POMME!!!

Mais où ont bien pu aller toutes ces maudites pommes?

Chaque fois, ça m'agresse. Ils veulent ma perte.

Et surtout, je tremble à l'idée qu'un jour, ils auront 17, 15, 13 et 11 ans.

À cette idée, je ne vire pas banane.
Je
t
o
m
b
e
dans les pommes.

lundi 14 septembre 2009

Madame Blancheville

Ce n'est pas moi.

Ma pauvre mère, qui lit ce blogue, sera la première à le confirmer.

Ce n'est pas que c'est vraiment malpropre chez nous, mais ça traîne. Tout le temps. Mettons que nous vivons dans un environnement très... créatif. Ce n'est pas parce que j'ai quatre enfants. Je veux dire, il y a des tas de femmes dans l'histoire de l'humanité qui ont eu quatre enfants et des maisons étincelantes. Ce n'est pas non plus parce qu'on ne me l'a pas montré. Mes parents, sans être des freaks de propreté, nous ont élevé dans un environnement ordonné où tout le monde participait aux tâches ménagères. Ce n'est pas parce que je travaille. J'ai été femme au foyer pendant quatre ans (4 bébés) et ce n'était pas mieux. Peut-être même pire!

Parfois pourtant, tel un poisson au fond d'une chaloupe, Mme Blancheville se manifeste.

Avant d'accoucher par exemple, où sortent de ma maison sac vert après sac vert afin de tout ré-organiser pour que ça soit plus simple. Chaque début de saison aussi, où je fais avec espoir et allégresse un grand ménage en pensant que puisqu'il sera fait, le reste sera réglé une fois pour toute.

Mais on ne peut malheureusement pas accoucher tous les jours et les saisons ne se pointent qu'aux trois mois. Alors ça ne dure jamais.

C'est bien malgré moi. Ce n'est pas faute d'efforts. Et surtout, ce n'est pas sans me déplaire royalement.

Je crois que c'est génétique. Mon ADN ne comprend pas le gène de la maison ordonnée, voilà tout. Ou peut-être suis-je malade? C'est comme la dyslexie quoi! Je ne le fais pas exprès, c'est plus fort que moi.

Peut-être est-ce un trouble de la personnalité?

Mais comme une analphabète, j'ai des trucs pour le camoufler: faire des piles, entasser pèle-mêle dans des armoires inaccessibles, avoir de grands bacs plutôt que des étagères, limiter le nombre de vêtements afin que ça roule toujours plutôt que ça reste dans les tiroirs, là où ça deviendrait déplié et envahissant. Ne pas amasser de beaux objets. Payer pour qu'on fasse le ménage à ma place. Rejeter la faute sur mon chum. Sur la société. Sur mes gènes.

Alors voilà, je m'en confesse.

Je m'appelle Annie et je suis désordonnée.

vendredi 11 septembre 2009

Le plaisir de manger

Mon père n'a pas été étonné lorsque je lui ai dit que j'avais pris 10 livres au cours des 6 derniers mois. Ma sœur non plus. S'ils n'ont pas été étonnés, ce n'est pas parce que j'ai de mauvaises habitudes alimentaires ni parce que cela paraît beaucoup, mais bien parce qu'ils savent que je suis une bonne mangeuse. C'est parce qu'ils sont comme moi. Ou, en d'autres mots, c'est de famille. Ils ont eu, comme moi, à constater des prises de poids soudaines et à remettre à question leurs habitudes pour éviter que ça empire.

C'est bien ce qui m'arrive. Je mange bien, mais je mange trop. Apparemment, en tout cas, puisque j'ai pris 10 livres. Comme presque toute les femmes, je me préoccupe de ma ligne, mais je ne suis pas, il me semble, obsédée par mon poids. Cependant, 10 livres, c'est vraiment un trop gros bond. C'est signe qu'il faut agir.

Qu'est-ce qui a changé depuis 6 mois? Trois choses fondamentales: je n'allaite mon bébé que deux toutes petites fois par jour (ce qui est une dépense énergétique insignifiante comparé à un allaitement exclusif); j'ai recommencé le boulot et je bouge beaucoup moins que lorsque je me déplaçais de parc en parc avec les enfants en poussant ma grosse poussette double (aaaah... doux souvenirs!); et puis, j'ai obtenu mon permis de conduire alors je prends souvent la voiture au lieu de marcher ou de prendre mon vélo comme je le faisais avant.

Je dépense moins d'énergie, mais je mange autant qu'avant, donc je prends du poids. C'est mathématiques.

J'ai donc deux choix: manger moins ou bouger plus. Je pourrais bien tenter de bouger un peu plus dans mon quotidien, mais comme je m'entraîne déjà 3 à 4 heures par semaine à la course à pied, il est irréaliste de penser que je pourrais intégrer plus d'activités physiques dans ma semaine. Je dois donc manger moins.

Je refuse toutefois de compter mes calories. Cela m'ennuie et en plus, je crains de montrer cet exemple à ma fille. Ne dit-on pas que les jeunes filles sont de plus en plus obsédée par la minceur. Contradictoire n'est-ce pas dans une société ou l'obésité infantile fait des ravages?

Le problème est peut-être dans l'absence de plaisir réel, réfléchi, senti, goûté, vu. Une espèce de déconnexion corps/esprit. Serait-ce donc la clé? De prendre le temps? De savourer? Quand je mange un morceau de chocolat noir 85%, un morceau me suffit tant le goût est riche et satisfaisant. Et si je prenais le temps de goûter ainsi tout ce qui passe dans mon assiette? De célébrer le plaisir de manger? D'être reconnaissant de ce que j'ai devant moi au lieu de penser à ce qui vient? Je mangerais peut-être moins, non? Je veux bien tenter le coup.

En attendant, mon homme est loin de se plaindre. Il trouve au contraire que je remplis plutôt bien mes jeans, ce qui n'est pas pour lui déplaire.

Je vous laisse sur ce billet d'une populaire blogueuse américaine qui parle du plaisir de la vie, en général et de manger, en particulier.

mardi 8 septembre 2009

Petit souper tranquille

Samedi soir dernier, il y avait un steak-frites-petits-pois au menu. Comme on ne mange pas souvent de la viande rouge, et encore moins souvent un bon steak saignant, on avait très hâte de s’attabler. Surtout mon homme qui revenait de jouer au hockey.

Les petits pois et les frites maison étaient servis dans les assiettes, les premières tranches de bœuf se faisaient découper en petites bouchées quand j’ai déposé mes deux derniers steaks dans ma poêle en fonte brûlante. C’est là que ma hotte a cessé de fournir.

Dense fumée qui se répand dans la cuisine. Puis.

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

L’alarme d’incendie se déclenche. Pas un petit bip-bip de détecteur. Une vraie de vraie alarme, bruyante, retentissante. Et ça retentissait, en effet, dans tout notre petit immeuble. C’était la première fois qu’elle partait depuis notre emménagement.

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

Mon homme : F***! Je sais pas comment la fermer!

Il se jette sur l’appareil, appuie sur le bouton « incendie ». Rien.

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

Mon homme : J’vais fermer le breaker! 

Il court dans le sous-sol. Tout devient noir dans la maison. Mais l’alarme continue.

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

Victor, en se bouchant les oreilles : C’est vraiment trop fort!

Rosanna, elle aussi les deux doigts dans les oreilles: Pourquoi papa a fermé les lumières?

Achille, les deux mains couvrant ses oreilles, est bouche bée. Léopold aussi. Ça ne leur arrive pas souvent. Si ce n’était de la foutue sirène, je pourrais profiter d’un petit souper tranquille!

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

Moi : Okay, les enfants. Continuez à manger. Papa va arranger le problème.

Le voilà qui remonte en trombe, se jette à nouveau sur l’appareil et tente de l’arracher.

Bip – bip – bip – truuuuu – iiii – iiii – iiiii – bip - bip– truuuuu – iiii – iiii – iiiii

 

Puis, éclair de génie, il appuie sur « incendie » et « arrêt ».

Silence.

**********

On s’est attablés de nouveau. L’incident de l’alarme occupait encore nos pensées et notre conversation, mais le steak était encore chaud et juste assez cuit. Les petits pois aussi. Les frites maison dorées à point. Pis c’était bon.

Après le repas, la routine habituelle. Les enfants se lavent et mettent leur pyjama. Achille niaise dans la salle de bains et se fait réprimander quelques fois. Léopold chantonne à table encore attaché en attendant qu’on ramasse. Tout ça dans un brouhaha qui faisait compétition à l’alarme de toute à l’heure.

Puis, je crois entendre un bruit à la porte d’en avant. J’entends la porte qui s’entrouvre. J’avance, j’ouvre. Un policier.

Policier : Vous m’entendiez pas? C’est parce que ça fait plusieurs fois que je cogne. Je viens d’appeler mon back-up.

Moi : Euh, non. C’est parce qu’il y avait pas mal de bruit dans la cuisine.

Léopold, en back-ground : Waaaaaaah!

Policier : On a reçu un appel de votre voisin concernant une alarme d’incendie. Est-ce que ça va?

Moi : Ben, oui. C’est juste que. On s’est fait des steaks…

Mon homme, qui offre des explications plus détaillées : C’est que notre alarme est partie et c’est la première fois depuis qu’on vit ici. On savait pas comment l’arrêter alors ça a pris un peu de temps…

Policier : Ok. Mais savez-vous pourquoi elle est partie?

Mon homme : On a fait des steaks. Pis y’a eu de la fumée.

Sur ces paroles, arrive enfant un, deux et trois.

Léopold, toujours en back-ground : Waaaaaaah!

Policier : Coudonc. Vous avez combien d’enfants?

Après, mon Homme a donné une pièce d’identité. On a discuté un peu et le policier est parti. Achille en a eu pour son argent d’avoir vu de près une vraie « grosse police » comme il lui a gentiment dit. Devant la maison, il y avait deux voitures : celle du premier et celle du back-up. Je ne me demande pas de quoi mes voisins ont bien pu discuter ce soir-là.

dimanche 6 septembre 2009

La table du fêté

La veille des anniversaires, avant d'aller au lit, c'est ma mission.

Dresser une table spéciale pour le fêté.

Ça été comme ça pour moi. Chaque matin de fête que j'ai eu dans ma vie, je me suis levée avec cette table, spécialement mise en mon honneur par quelqu'un qui m'aime. Aussitôt, savoir que la journée va être toute spéciale, juste pour moi. Même sentiment de bonheur à 10 ans qu'à 30 ans.

Plus que le gâteau, dans ma famille, la table du matin symbolise les anniversaires.

Puis, s'ajoutent d'autres rituels.

Comme celui, des semaines d'avance, de demander au fêté ce qu'il souhaite manger pour son souper d'anniversaire (pizza) et de le laisser choisir son gâteau (vanille de l'espace).



Une fête en famille, avec la nourriture que l'on aime, ça aide à grandir.

mercredi 2 septembre 2009

Mon dîner avec Victor

Quand j'étais petite, je dînais à la maison, tous les jours.

À la cloche, c'était presque toute l'école qui se vidait dans la cour. Nous quittions en horde, traversions les rues insouciants avec l'aide d'une brigadière, courrions affamés jusqu'à la maison pour y dévorer notre repas.

Souvenirs délicieux des bons sandwichs de ma mère, des marches avec les copains dans les rues du quartier, des quelques mauvais coups.

Quand je suis devenue mère, j'ai rêvé de cela pour mes enfants. Rêve vite confronté à la réalité. Signe des temps, nous n'avons pas inscrit notre petit chérubin à l'école du quartier, mais dans une école un peu mieux, un peu plus loin, un peu trop loin. Malgré mon boulot à la maison, Victor dînait à l'école, avec sa boîte à lunch. Lui, de toutes façons, ne s'en préoccupait pas. N'était-il pas, depuis des années, habitué à passer toute la journée loin de ses parents, à la garderie?

Vint un quatrième bébé qui força le déménagement du clan. C'est à sept minutes à pied de l'établissement scolaire en question que nous avons élu domicile. Et mon Victor, devenu grand, peut maintenant dîner à la maison.

À la cloche, ils sortent, huit ou neuf, pour entrer chez eux. Victor marche avec son ami Zach. Ils traversent la rue seuls, prudemment, puis se saluent, l'un partant à gauche, l'autre, tout droit. Les deux mains dans les poches mon Victor déambule seul dans le quartier, le nez en l'air, rêvassant et prenant son temps.

Chez lui, il y a parfois les bons sandwichs de sa mère. Bien souvent, c'est n'importe quoi. Comme des restants de la veille ou des oeufs cuits vite fait dans la poêle. Parfois, luxe suprême, il peut se faire des toasts au beurre.

Temps volé à ma journée de travailleuse. Temps précieux et irremplaçable qui vaut bien mieux que tous les dîners entre collègues.