vendredi 30 avril 2010

Ailes de pingouins à la sauce Halak

Chez nous, il y a des amateurs de hockey : il y a le grand, le moyen, la petite, le petit et le bébé.

Et dans le temps des séries, il y a aussi la mama.

Ah! la mama, elle se contente d’apprécier ça de loin! Elle regarde avec curiosité son homme, normalement plutôt placide, se transformer en partisan. Elle rigole quand elle entend ses voisins hurler après un but. Elle s’amuse d’écouter ses enfants parler de Camallieri, et Plekanec, et Halak, pis euh… les autres là? Kosti… Les deux frères russes?

Anyway.

Chez nous, la vie est hockey. Printemps, été, automne, hiver. Mais pendant les séries, c’est encore plus fort. Les superstitions se multiplient : les enfants dorment avec leurs chandails, ma fille dessine des signes du CH, mon homme porte sa casquette, il y a même deux fanions qui décorent le salon. Si le Canadien se rend en finale, mon homme dit qu’il va en mettre un sur sa voiture.

Et moi, ben, je leur prépare des ailes de poulet, comme à la Cage aux sports. La dernière fois que j'en ai fait, l'équipe a compté cinq buts. Cette fois-ci, pour aider nos Glorieux, j'ai fait des Ailes de Pingouins à la sauce Halak. " Mangez vos ailes de Pingouin, les enfants. Faut aider nos Canadiens." S’il était improbable que les Canadiens vainquent les Capitals, ça va bien prendre plus qu’un miracle du gardien de but pour qu’il survive à Crosby et sa gang (ouuuuuu… Crosby à la sauce barbecue…)

J’ai pris ma recette ici (sauf pour le "quelques heures au réfrigérateur").

Et ça a donné ceci.



Go Habs go!

À la grâce de Dieu!

Ou comme dit mon amie J. dans son statut Facebook: IncHALAK

jeudi 29 avril 2010

La radio

J'aime ça.
Non seulement elle me fait vivre, mais comme une bonne amie, elle m'aide à vivre.

Tu te rappelles de Noël Madeleine?

Hé bien je ne t'avais pas dit que j'avais été entendue. J'ai maintenant une radio dans ma cuisine

et pis r-é-v-o-l-u-t-i-o-n.

Avant, le seul appareil se trouvait au salon. Du coup, quand je cuisinais, je devais monter le son. Et j'avoue que pour les enfants, ça devenait plutôt assourdissant. Déjà que dans sans radio, le bruit dans la maison, bien tu sais ce que c'est...

Maintenant, trônant au-dessus du frigo, la radio est au coeur même de mon royaume et accompagne tous mes gestes.

Évidemment le plus souvent .

Mais parfois je triche.
Comme le matin des fois.

Et les soirs de matchs.
Quand même.

Parfois aussi, on met de la musique.
Très fort.
Et on danse.

Eux.

Comme moi.
Et c'est étrange hein. On dirait que ça ne nous prend que ça
pour être vraiment très heureux.

mercredi 28 avril 2010

Un petit Coup de Pouce

pour Maman j'ai faim!
Le magazine nous a en effet listé parmis leur 25 blogues de filles à découvrir.

On est contente.

Et pis bienvenue chez nous, si vous êtes en train de nous découvrir. Passez à table, c'est à la bonne franquette :))

samedi 24 avril 2010

Le festin


Je n'avais rien au menu pour ce soir.
Je pensais faire un poulet grillé, mais je ne l'avais pas encore acheté.

Puis, ce message:
Salut Annie,
J'ai 6 belles boulettes de morue mise de côté pour toi et ta tribu. Seras-tu au bureau aujourd'hui?
Martin
Martin, c'est l'amoureux de Lady R. On se connaît depuis, oh longtemps. À cause du travail qui nous a souvent mené aux mêmes endroits. Et à cause de Lady R. aussi, bien sûr.

Et bien sûr, c'est mon ami FB.

Je pense qu'en plus d'aimer Lady R., Martin aime aussi follement la Gaspésie. En tout cas, chaque fois que je l'entends en parler, je le sens vivre. Et je salive. Tiens, prenez cette semaine. Il y était et sur FB, ses statuts gaspésiens m'ont donné de l'urticaire!

Martin: Petites courses du samedi après-midi à Gaspé: Au Marché des saveurs: gaufres, quelques fromages et une pizza au saumon fumé. À la poissonnerie: sac de bourgots dans l'eau salée, poignée de crevettes fraîches et boulettes de morue. Boulangerie: croissants, fougasse au feta et pavot, le tout encore chaud!

Martin: S'en va manger du crâbe!

Martin: Déjeuner: Boules de morues!

Martin: Au menu ce soir: du crâbe frais, très frais, fraîchement rapporté de Gaspé!

Alors tsé, je lui ai dit que:
Annie: Heille Martin! Je suis à veuille de te masquer avec tes maudits statuts qui donnent faim!
Je pense que son message de boulettes de morue, il me l'a envoyé parce qu'il ne supportait pas que je le masque. Fin finaud. Il est bel et bien venu au travail me porter un sac avec 6 boulettes de morue importées directo de Gaspésie.

Alors cet avant-midi, je suis partie du travail une baguette sous un bras et un sac de boulettes dans une main. Vers 17h00, mon chum est allé acheter des olives, du feta et du blanc bien frais.

Le souper était prêt en un rien de temps.



Faire la salade, griller les boulettes dans un peu d'huile, déboucher le vin. Puis réunir mes cocos autour de ma table. Il faisait encore soleil et c'était un festin. On a parlé de la mer, de ce bout de pays qu'on appelle la Gaspésie et du bonheur d'avoir des copains qui nous font offrande de nourriture par une belle journée de printemps.

Le poulet grillé finalement, ce sera pour une autre fois.

jeudi 22 avril 2010

Mon boeuf

Facebook, c'est une drôle de patente quand même.
Je connais Lady R. depuis, oh, longtemps. L'université, genre. Ensuite on s'est croisées et recroisées ici et là. À cause du travail, d'amitiés communes, de la vie quoi.

Lady R. est mon amie FB. L'autre jour, son statut:

Lady R.: Cherche sept personnes sérieuses et carnivores pour partager un boeuf 100% naturel élevé par Alison et Robert, notre super couple d'agriculteurs du projet PIB.

Le projet PIB est une initiative de l'Office national du film du Canada. Il vise à témoigner des effets à long terme de la crise sur la vie des gens d'ici. Ainsi depuis plusieurs mois et pendant un an, 8 réalisateurs et 8 photographes postés un peu partout au pays documentent ce qu'ils appellent "l'indice humain de la crise". Ils oeuvrent dans une quarantaine d'endroits différents. Parmi ces endroits, la ferme d'Alison et de Robert.

Ce n'est pas facile pour les fermiers de mon boeuf. De les voir vendre un taureau 2400$ alors que l'an dernier la même bête partait pour 4100$, c'est déprimant. Pour eux. Pour nous. Pour la terre d'ici.

Est-ce que ça pourrait être autrement? Est-ce que je suis ridicule de croire que les fermes familiales sont une richesse collective?


Quand j'ai lu le statut de Lady R., je n'ai pas eu à réfléchir très longtemps. Les réseaux sociaux à la défense du terroir. En plus, j'ai fini mon porc et mon agneau tire à sa fin.

On devrait recevoir une quarantaine de livres. À temps pour la saison du BBQ parce que mon boeuf va être tué en mai.

Comme a écrit Lady R. sur son facebook: "Que le sang coule!".
À la santé d'Alison et Robert.

J'aime.

mardi 20 avril 2010

Cher comité du projet « Une boîte à lunch sans déchets »,

J’ai pris connaissance de la lettre que vous avez glissée dans le cartable de mon aîné. Dans cette dernière, vous demandez à mon fils de s’engager à apporter une boîte à lunch sans déchet à l’école. Je suis également au courant que vous avez organisé des ateliers avec les enfants sur le même thème. Je sais aussi que cela fait partie d’un vaste projet qui vise à obtenir le statut d’école verte Brundtland. Mais, pour une raison que je m’explique mal, cette lettre, je l’ai pris personnel, comme on dit par chez nous.

Vous n’êtes pas sans ignorer que ce n’est pas mon fils qui prépare ses lunchs, mais bien sa mère. Ainsi, en demandant à mon fils d’apporter un lunch sans déchet, c’est indirectement à moi que vous vous adressez. Pour le dire autrement, vous utilisez mon fils pour m’atteindre.

La stratégie n’est pas nouvelle. On peut penser à un grand nombre d’organisations plus ou moins recommandables qui ont fait usage de cette même méthode. Mais est-ce parce que la cause est noble qu’il faille fermer les yeux devant les moyens employés pour la faire avancer?

Ah! Vous trouvez que j’exagère? Je comprends. Je sais que votre objectif est respectable. En fait, ce n’est pas tellement vous qui m’irritez. Disons que c’est une accumulation. Mon exaspération grandie depuis des mois, voire des années. Bien sûr, je n’ai rien contre le fait qu’on parle d’écologie avec les enfants, on ne peut pas être contre la vertu, j’en ai contre la façon dont on s’y prend. Non seulement suis-je agacée qu’on cherche à m’éduquer à travers mes enfants, mais j’en ai contre le ton général utilisé pour conscientiser: un ton alarmiste, moralisateur, culpabilisant, qui cherche à effrayer plutôt qu’à informer. Un discours dans lequel les enjeux sont trop simplifiés.

L’année dernière, par exemple, au spectacle de fin d’année, j’ai soupiré en entendant tous les enfants chanter L'hymne à la beauté du monde sur un ton larmoyant et à un auditoire rempli à craquer de parents bienveillants. Je n’en peux plus de ces affiches qui garnissent les murs de votre établissement créées par des enfants m’intimant de ne pas laisser ma voiture rouler inutilement ou de ne pas jeter mes déchets sur le trottoir. Cela m’exaspère lorsque j’entends ma fille répéter des propos sans nuances qui ne viennent clairement pas d’elle. J’en ai marre qu’on utilise la naïveté des enfants pour toucher.

Il serait pourtant possible, cher comité, de faire autrement. D’aborder le problème avec rationalité et nuances en se basant sur les faits. D’utiliser l’humour aussi, pourquoi pas. D’initier un dialogue plutôt que de dicter une conduite. De réfléchir plutôt que de faire peur. Les gestes qui viennent du plus profond de la conscience, qui sont l’aboutissement d’une réflexion, durent.

Mais bon, il faut croire qu’il est difficile de se dégager du discours ambiant puisque vous n’êtes pas les seuls à le tenir.

Sachez que j’ai expliqué à mon fils qu’il n’était pas possible pour moi de m’engager à produire une boîte à lunch absolument sans déchets. Bien sûr, lui ai-je dit, je vais continuer à fabriquer mon yogourt et à le mettre dans des contenants réutilisables. Je vais continuer à remplir la boîte à lunch de fruits frais et de muffins made from scratch, comme disent les américains. Mais les sandwichs faits avec du pain maison, je continuerai, oui, à les envelopper dans une pellicule de plastique non recyclable.

Le pire, cher comité du projet « Une boîte à lunch sans déchet », j’avais justement l’intention d’acheter des contenants réutilisables pour les y mettre. Mais là, ça me le dit plus.

Je suis comme ça, moi. Quand on me fait la morale, je refuse de coopérer. C’est mon petit côté enfantin.

Cordialement,

La Mama de Victor

samedi 17 avril 2010

Ça mijote!

Hors sujet mais,
pour les prochaines semaines, nous serons pas mal occupées avec notre livre qui sort.
Quoiqu'il en soit, ma clé USB est pleines de photos en attentes de mots à coller ici. Reste plus qu'à trouver le temps pour le faire...

Je trouverai. Après tout, on en est pas à une conciliation près, han Madeleine?

jeudi 15 avril 2010

Mon chum est ostineux…

Il aime discuter, s’opposer, argumenter. Il va le nier, mais il aime avoir raison.

Ce qui fait que, chez nous, on discute beaucoup, parfois fort, en tout cas souvent.

J’ai lu dans ce livre qu’il n’est pas nécessairement négatif pour les enfants d’être les témoins des disputes de leurs parents. Bien au contraire. En fait, il serait même sain pour les enfants de voir leurs parents se disputer puis se réconcilier. Cela leur permettrait d’apprendre à gérer les conflits et qu’il est possible de se disputer tout en continuant de s’aimer. Il serait même plus traumatisant pour un enfant d’être le témoin d’une dispute et ne pas en voir l’issue, parce que ses parents seraient allés régler le problème dans une autre pièce. Vous pouvez lire cet article sur le sujet tiré du même livre.

Évidemment, on ne parle pas ici de disputes impliquant des assiettes lancées, des insultes ou pire encore. On parle de disputes du quotidien se déroulant entre deux personnes aimantes.

Mais bon, on a beau lire tous les livres, on se demande quand même, à juste titre, si nos actes n’ont pas des conséquences négatives.

Dimanche soir dernier. Dans la cuisine bleue. Mama et Papa ne sont pas d’accord, les enfants écoutent.

Mama : Écoute, Chéri, je sais que tu ne seras pas d’accord, mais je pense qu’on devrait essayer d’améliorer la cuisine un peu sans tout démolir. On pourrait changer le backsplash, le comptoir et les poignées de portes. Repeindre aussi. Et ça serait correct.

Papa : Non, non, non, non. Ça m’intéresse pas. Je veux rien savoir de la mélamine. Je veux du bois. J’vais pas passer des heures à retaper la cuisine pour finir avec les mêmes armoires bleues.

Mama : Mais ça va prendre trop de temps avant qu’on ait assez d’argent pour tout refaire. En attendant, ça pourrait être vraiment chouette si on fait juste des petits changements stratégiques.

Papa : Non. Ça ne m’intéresse pas.

Mama : C’est toujours toi qui décide, mautadit.

Papa : C’est certain que c’est moi qui décide puisque c’est moi qui vais me taper le travail. Si je fais quelque chose, j’arrache tout. Toi, tu veux que je bizoune…

Enfants : Wouahahahahapffffhaha! Bizouner! Pffffffpffftttfff!

Rosanna : Ça, c’est comme mettre des bisous partout sur la cuisine?

Enfants : Wouahahahahapffffhaha!

Papa :… j’veux rien savoir.

Mama : C’est ça, pis on va attendre mille ans avant de faire quelque chose. J’préfère cent fois mettre 2000 piasses sur une nouvelle cuisinière plutôt que sur des armoires alors que celles-ci sont ben correctes, finalement.

Papa : Qu’est-ce qu’y a ton four? Y marche messemble. Tu viens de faire des bons muffins…

Mama : J’parle de la table de cuisson qui fonctionne mal. C’est toujours la même chose. Jamais de temps pour décorer comme du monde. C’est comme notre chambre à coucher...

Papa : Qu’est-ce qu’elle a notre chambre à coucher?

Mama : Rien. Elle a rien! Pas de lampes de chevet, pas de cadres, pas de fleurs. Rien! Le lit qui est là, tout nu dans chambre…

Enfants : Wouahahahahapffffhaha! Tout nu!

Victor : Tu vois-tu, le lit, avec un petit pénis sur le dessus. Wouahahahahapffffhaha!

Rosanna : Pffffffpffftttfff! Oui, pis des seins.

Achille : Tout nu! Wouahahahahapffffhaha!


Bref, je pense que ça va assez bien. Ils ne sont pas trop traumatisés à mon avis. J’ai même l’impression qu’ils nous trouvent plutôt divertissants…

lundi 12 avril 2010

Couvrir en bardeaux

On n'a pas réussi cette année.
"Couvrir en bardeaux", c'est une vielle expression qui signifie avoir assez de provisions pour se rendre jusqu'à la prochaine récolte. De nos jours, on couvre pas mal moins en bardeaux qu'à l'époque de la Nouvelle-France par exemple. En fait, je dirais que plus personne ne couvre en bardeaux, sauf peut-être des irréductibles comme Manon.

Mais chez nous,
on essaie de le faire avec le sirop d'érable.
Et on a presque réussi!
Juste deux recettes de sirop de poteau
et une boîte volée à mes parents.
J'ai eu la grande chance d'avoir un oncle qui avait une terre avec une petite érablière. Pendant des années, on a fêté les sucres chez lui, dans sa vieille cabane en bois gris. Pendant des années il a fait du sirop pour toute la famille. Je revois les sacs doublés de Steinberg en papier brun pleins de boîtes de sirop de l'année. Mes parents les rangeaient au sous-sol, en haut de la machine à laver.

Le sirop de mon oncle était foncé. Ça été le premier que j'ai goûté. L'aune à laquelle tous les autres doivent se mesurer.

Il y a quelques années, mon oncle a vendu sa terre et ses érables avec. Chaque printemps j'ai l'impression que c'est un petit bout de ma famille qui est disparu chez le notaire.

Pendant quelques temps, on a erré. On ne savait plus trop où trouver le sirop de l'année. Une année j'ai acheté d'une collègue. Il venait de la Beauce, mais je n'ai pas revue la collègue le printemps d'ensuite. Une autre année, un collègue français me proposait celui de sa terre. Il était si pâle qu'il ne goûtait rien. Sacré Français qui vont venir nous dire comment faire le sirop!

Depuis trois ans toutefois, j'ai trouvé ma niche. Encore un collègue qui s'improvise pusher. Son vieux voisin à la campagne. Il a une terre. Il élève des poules, un cochon, quelques vaches. Et il a des érables. Juste assez pour faire un peu de sirop. Il le vend trois fois rien, comme mon oncle. Et il est foncé, comme mon oncle.

Alors c'est plusieurs galons que j'ai acheté. Pour nous. Pour mes parents. Encore plus que l'an dernier parce qu'on est plus. Et qu'on aime les gaufres et que je fais mon yogourt. Et pour que ça déborde des mes armoires déjà trop petites.

Je veux que mes enfants sachent,
comme je l'ai su avant eux,
que venir de ce pays
veut dire faire le plein de sirop au printemps.

Mais quand même, en pensant à mon oncle et en pensant à ce vieux voisin de mon collègue, lui même plus une jeunesse, je ne peux m'empêcher de me demander
qui demain fera le sirop
pour ces adultes que seront devenus mes enfants?

samedi 10 avril 2010

Du nouveau dans ma cuisine bleue

Je n'aime pas tellement ma cuisine.

Elle est bleue, toute bleue, en mélamine.

C'est madame Brassos, la propriétaire précédente qui l'a rénovée en 1988. Madame Brassos venait de recevoir un petit héritage de sa mère, nous a-t-elle raconté. Elle s'est fait une cuisine à son goût. Une grande porte patio pour faire entrer la lumière et des armoires à la mode du jour, faites sur mesure. Elle s'était également fait installer des appareils encastrés: un four Bosch et une table de cuisson séparée avec ventilateur intégré. Le grand luxe.

Elle devait être très belle à l'époque cette cuisine. Madame Brassos, qui cuisinait depuis 1962 pour son mari et ses 5 enfants dans une cuisine datant de 1949, devait être aux oiseaux. Elle s'était même fait faire une table assortie ainsi que des chaises. Sans compter qu'elle avait fait poser sur le sol un belle céramique, grise très pâle. Le genre de plancher qu'il faut laver un peu trop souvent à mon goût mais qui devait faire la joie de cette mère qui n'avait plus que des grands enfants en visite le dimanche.

Un de ses jours, mon homme prévoit prendre un arrache-clou pour arracher toutes les armoires et recommencer à neuf. C'est à peu près tout ce qu'il a à dire sur la cuisine bleue.

Je suis plutôt de son avis.

En plus de ne pas tellement aimer ma cuisine bleue, je n'aime pas vraiment non plus ma table en aluminium et chrome rouge qui date de 1950. En fait, dire que je ne l'aime pas serait exagéré. Elle a bien du charme. Disons simplement qu'elle ne convient plus. À six, on commence à être tassés. Et puis, il n'y a pas assez de chaise en cuirette rouge pour le nombre de convives et ça m'agace.

Mais voilà. Il faut saisir l'instant présent, disent les philosophes. C'est ici, maintenant, dans ma cuisine bleue que se vit ma vie. Au lieu de la maudire, pourquoi ne pas tenter de l'aimer un peu, de l'assumer totalement même, jusqu'à ce qu'il soit possible de passer à autre chose? Pourquoi attendre, toujours attendre, que ce soit mieux? Pourquoi ne pas aimer, vraiment aimer, ce qui est là? N'est-il pas important de se sentir satisfait de ce qui est plutôt que de désirer ce qui n'est pas? N'est-ce pas une des grandes leçons de notre vie?

C'est dans cet objectif que j'ai décidé de faire un joli store bateau pour agrémenter la petite fenêtre qui se trouve au-dessus de mon évier. J'ai trouvé le tissu idéal. Un peu de rouge, un peu de bleu et un motif de fleurs un rien vintage. J'ai pris les instructions ici et ici. Mais j'ai dû aussi être pas mal créative pour arriver à le faire à mon goût. Et puis demander une peu d'aide de mon homme pour scier des morceaux de bois et pour le poser. Cela m'a pris environ 6 heures en tout, magasinage compris et je suis plutôt satisfaite du résultat. Jugez-en vous-même.



Bon, ça ne change pas tout, même si j'aime bien me le faire croire. Mais cela va certainement m'aider à patienter. Même que, Chéri, tu as tout ton temps.

Ma cuisine bleue, je l'aime presque maintenant.

jeudi 8 avril 2010

Changements

Avec le printemps...
Un work in progress. Avec le temps, on trouvera le ton, mais on change de look - avec le même contenu qui fait notre charme toutefois ;)

mercredi 7 avril 2010

De Kebec, ce 3. de Septembre, 1665

Ma bonne Madeleine,
Je ne sais trop quand Dieu voudra que cette lettre vous trouve. Par chance, un voyageur hébergé chez nous quitte pour la métropole à bord de L’Aigle d’Or de Brouage. Le sachant qui demeure non loin de chez vous, je me suis empressée de vous écrire ces quelques mots...


"Le pays abondait en poissons, surtout en saumons, mais aussi en turbots et esturgeons. Les truites, de même que les anguilles, y foisonnent. D'aucun saleront vingt ou trente barils d'anguilles pêchées devant leur porte. Ce poisson, dans ce pays, tient lieu de la viande de boeuf et l'on s'en nourrit durant toute l'année sans en être dégoûté."


Assaisonnements
mention dans les inventaires (1657)
Sel
Poivre
Huile d'olive
Beurre
Saindoux
Graisse
Suif
Oignon
Herbe à saler
Vinaigre
Sucre
Cassonade
Girofle
Muscade
Cannelle
Citron
Amande
Anil de Verdun
"À la fin de l'automne, les particuliers aisés tuaient un cochon qu'ils salaient ensuite pour leur provision de l'année. Ceux qui n'étaient pas assez riches pour fournir seuls à cette dépense, se réunissaient pusieurs ensemble. On faisait des boudins, des saucisses, qu'on envoyaient en présent à ses parents & amis, qu'on mageait en famille."


Pâté de perdrix
Étant habillées, lardez-les de moyen lard & les assaisonnés;
puis les mettés en pâte fine,
& dressez votre pâté bien nourri de lard ou de beurre,
faites-le cuire pendant l'espace de trois heures,
& le servir chaud.

"Les habitants de la Nouvelle-France avaient quatre ou cinq repas par jour. Deux repas suffiront à l'homme d'un état ordinnaire, mais l'artisan, le laboureur, les femmes, les enfants, l'homme de peine et de fatigue en exigeront quatre par lesquels ils partageront leur journée."

"En Nouvelle-France, le portrait d'une famille sagement ordonnée autour de la table relèverait de l'idéalisation plus que de la réalité. On devait, dans bien des maisons, se contenter de manger "sur le pouce", debout près de la table ou à proximité du foyer, ou en utilisant, à tour de rôle, les rares chaises disponibles, ou en s'assoyant sur un coffre ou un banc."

"On cuisine et on mange dans les mêmes ustensiles. Pendant longtemps, on mange avec les doigts et on trempe le pain dans le pot. La soupière et le plat n'apparaissent pas dans le foyer paysan avant le XVIIIe siècle. L'assiette en ville, arrive dans les campagnes au XIXe siècle, rarement avant, sauf chez les riches."

"À défaut d'assiette individuelle, on pouvait utiliser une tranche de pain assez épaisse sur laquelle chacun déposait sa portion de viande."

"La ménagère était la gardienne du feu. Elle veillait à la transformation des denrées, penchée vers l'âtre, ou à proximité du feu, elle avait la maîtrise des opérations destinées à satisfaire les besoins alimentaires de sa famille. Son attention était quotidiennement sollicitée par cette activité essentielle."

Ainsi soit-il.
Asseurez-vous, Madeleine, que ie vous serviray en vostre particulier avec beaucoup de passion, et que ie seray toute ma vie, Madeleine,

Vostre tres-affectionnée à vous faire service,
Annie

lundi 5 avril 2010

Riz pour un

Annie, est-ce que tu sais quelle est la quantité de riz pour une seule personne?

Mon homme est parti, avec tous les enfants. Ce n’était pas vraiment prévu. Cela dépendait de l’issue de son match de hockey. Il a perdu, la saison est terminée, il a donc décidé d’aller fêter Pâques avec sa mère. Les enfants ont congé lundi. Lui aussi. Moi pas.

Comme je croyais, avec lui, à la victoire, j’avais quand même décongelé une immense pièce d’agneau pour fêter Pâques. Même s’il partait, il fallait la cuire. Hier soir, j’avais donc assez d’agneau de sept heures pour satisfaire une famille de 12 mais aucune bouche à nourrir.

Ça sentait bon dans ma maison. Enfin, je trouve. Mais, est-ce que c’est comme l’arbre qui tombe dans la forêt et que personne n’entend? Je veux dire, si personne n’était là pour se délecter du parfum de mon agneau braisé, est-ce qu’il sentait vraiment bon, tu crois? Ah! Sans doute. N’empêche, je crois que je ne suis pas vraiment faite pour ce genre de plaisirs solitaires.

Aux nouvelles, on racontait que les P’tits frères des pauvres avaient organisé un dîner de Pâques pour les personnes âgées seules. On interviewait des petites vieilles dames sympathiques qui racontaient leur solitude et leur plaisir d’être entourées. J’avais l’impression de les comprendre un peu. Puis là, je me suis mise à penser à ma grand-mère Cristina. Ma grand-mère était grecque et pour elle, Pâques, c’était la fête la plus importante. Elle n’était pas très dévote, Cristina, au contraire, mais c'était tout de même à la grecque que nous vivions Pâques (mais à la date de la fête chrétienne). Ma mère préparait un gigot d’agneau que nous mangions avec du orzo et de la sauce tomate. Ma grand-mère préparait son baklava et moi je mangeais jusqu’à avoir mal au cœur.

J’aurais vraiment préféré que mon homme reste. Mais je n'étais pas pour tous les punir parce que je travaille... Et puis, comment discuter avec un homme qui veut rendre visite à sa mère pour Pâques? Comment discuter avec un homme qui, de surcroit, embarque ses quatre enfants dans sa minivan pour filer sur la 20? Tu en connais beaucoup, toi, des hommes qui feraient ça?

Moi pas. C’est un peu pour ça que je l’aime.

Alors, c’est quoi la quantité de riz pour une personne? Un quart de tasse? Ça me semble beaucoup. Est-ce qu’il y a moins qu’un quart sur une tasse à mesurer?

C’est vrai que j’aurais pu faire une recherche sur Google : « riz personne seule au monde ». Basta. Au lieu, j’ai réchauffé un restant de pâtes et j’ai mangé devant des émissions insignifiantes à la télé.

Tu me trouves un peu mélodramatique?

T’inquiète. J’ai quand même trouvé à m’occuper en cette journée de solitude. De la course à pied pendant une heure en plein milieu de la journée. Un grand ménage que personne n’est venu déranger. Puis, le reste de la journée a été passée à mon moulin, à me faire une jolie robe en étalant à ma guise tous mes petits bouts de patrons sur toutes les surfaces de comptoir de la cuisine. Et puis, luxe suprême, j'ai écouté la radio toute la journée.

Ce soir, ma gang revient. Ils vont mettre le bordel dans le salon, dans la salle de bains, dans la cuisine. Ça va me déranger un peu, c’est vrai. Mais je vais faire deux tasses de riz. Je vais réchauffer mon agneau. Et tout le monde va me dire que ça sent bon.

Ce sera notre Pâques à nous. Notre fête du printemps.

vendredi 2 avril 2010

#ff @BobTheExVegan

À cause du travail,
je suis sur le Twitter (@NieDesrochers), comme le disent mes collègues du @sportnographe.

Par un fil ténu qui entrelace différents réseaux pour n'en faire qu'un seul, je suis tombée sur @BobTheExVegan, que je me suis empressée de suivre.

C'est exactement ce que Bob est: un ex-végétalien. C'est exactement ce qui le rend si charmant.
RT @BobTheExVegan : The best thing about being a long-term #vegan is giving veganism up and rediscovering the joy of meat, cheese, and eggs

RT @BobTheExVegan : Just picked up a lamb roast at the butcher. Will cook it for supper :)
En réalité, peut-être que Bob n'existe pas et qu'il est payé par l'Internationale des producteurs de viande... #theorieducomplot

N'empêche qu'il est pour le moins jouissif de lire le plaisir de la viande chez quelqu'un qui s'en est si longtemps privé.
#petitcotevoyeur
RT @BobTheExVegan : My turn to cook supper. Going to roast a chicken with nice crispy skin.
Et il n'est pas seul! Beaucoup de défroqués prennent la parole. Il existe sur internet toute une communauté d'ex-végétaliens, s'abreuvant aux paroles de Lierre Keith, auteure du livre The Vegetarian Myth et entartée tout récemment par 3 militants végétaliens alors qu'elle donnait une conférence.
#lemondeestdontbenbitch

Quoiqu'il en soit, c'est le weekend de Pâques et une petite recette de gigot d'agneau de sept heures en l'honneur de @BobTheExVegan pourra peut-être en inspirer d'autres. Il en existe des milliers de variations, mais en voici une toute simple.
#surtoutnemeremerciezpas

Agneau de sept heures
1 gigot ou épaule avec os (tellement plus meilleur quand il y a l'os)
un peu d'huile d'olive
2 gros oignons
quelques gousses d'ail en chemise
fleur de sel
1 branche de romarin
1 branche de thym
un verre de vin blanc ou un fond de bouillon de poulet

Couper les oignons.

Frotter le gigot avec la fleur de sel.

Dans une cocotte en fonte,
faire chauffer l'huile d'olive à feu vif
et saisir l'agneau sur toutes les faces.

Ajouter l'oignon
et laisser suer 5 minutes.

Mouiller avec le vin blanc et ajouter l'ail (avec la pelure) et les fines herbes.

Enfourner à chaud à 250.
Cuire pendant sept heures en arrosant de temps à autre.
Profiter de l'arôme qui décore la maison.

Laisser reposer la viande une demi heure avant de servir.

Trouver que Dieu est Grand
et que Maman j'ai faim! est franchement un chouette blogue.

#recettesisimplemaisvachementdelirante