mercredi 7 avril 2010

De Kebec, ce 3. de Septembre, 1665

Ma bonne Madeleine,
Je ne sais trop quand Dieu voudra que cette lettre vous trouve. Par chance, un voyageur hébergé chez nous quitte pour la métropole à bord de L’Aigle d’Or de Brouage. Le sachant qui demeure non loin de chez vous, je me suis empressée de vous écrire ces quelques mots...


"Le pays abondait en poissons, surtout en saumons, mais aussi en turbots et esturgeons. Les truites, de même que les anguilles, y foisonnent. D'aucun saleront vingt ou trente barils d'anguilles pêchées devant leur porte. Ce poisson, dans ce pays, tient lieu de la viande de boeuf et l'on s'en nourrit durant toute l'année sans en être dégoûté."


Assaisonnements
mention dans les inventaires (1657)
Sel
Poivre
Huile d'olive
Beurre
Saindoux
Graisse
Suif
Oignon
Herbe à saler
Vinaigre
Sucre
Cassonade
Girofle
Muscade
Cannelle
Citron
Amande
Anil de Verdun
"À la fin de l'automne, les particuliers aisés tuaient un cochon qu'ils salaient ensuite pour leur provision de l'année. Ceux qui n'étaient pas assez riches pour fournir seuls à cette dépense, se réunissaient pusieurs ensemble. On faisait des boudins, des saucisses, qu'on envoyaient en présent à ses parents & amis, qu'on mageait en famille."


Pâté de perdrix
Étant habillées, lardez-les de moyen lard & les assaisonnés;
puis les mettés en pâte fine,
& dressez votre pâté bien nourri de lard ou de beurre,
faites-le cuire pendant l'espace de trois heures,
& le servir chaud.

"Les habitants de la Nouvelle-France avaient quatre ou cinq repas par jour. Deux repas suffiront à l'homme d'un état ordinnaire, mais l'artisan, le laboureur, les femmes, les enfants, l'homme de peine et de fatigue en exigeront quatre par lesquels ils partageront leur journée."

"En Nouvelle-France, le portrait d'une famille sagement ordonnée autour de la table relèverait de l'idéalisation plus que de la réalité. On devait, dans bien des maisons, se contenter de manger "sur le pouce", debout près de la table ou à proximité du foyer, ou en utilisant, à tour de rôle, les rares chaises disponibles, ou en s'assoyant sur un coffre ou un banc."

"On cuisine et on mange dans les mêmes ustensiles. Pendant longtemps, on mange avec les doigts et on trempe le pain dans le pot. La soupière et le plat n'apparaissent pas dans le foyer paysan avant le XVIIIe siècle. L'assiette en ville, arrive dans les campagnes au XIXe siècle, rarement avant, sauf chez les riches."

"À défaut d'assiette individuelle, on pouvait utiliser une tranche de pain assez épaisse sur laquelle chacun déposait sa portion de viande."

"La ménagère était la gardienne du feu. Elle veillait à la transformation des denrées, penchée vers l'âtre, ou à proximité du feu, elle avait la maîtrise des opérations destinées à satisfaire les besoins alimentaires de sa famille. Son attention était quotidiennement sollicitée par cette activité essentielle."

Ainsi soit-il.
Asseurez-vous, Madeleine, que ie vous serviray en vostre particulier avec beaucoup de passion, et que ie seray toute ma vie, Madeleine,

Vostre tres-affectionnée à vous faire service,
Annie