jeudi 10 mars 2011

Le lapin du jeudi -- Ajout

Ce soir, on mange du lapin à la moutarde. Un jeudi.

Ce n'était pas prévu. Mon lapin, je l'avais acheté pour le weekend.

« Regarde le beau lapin que j'ai rapporté! », ai-je dit à mon homme. Puis, je l'ai religieusement enduit de moutarde avant de le réserver au frigo. C'est après que ma fille m'a rappelé que je lui avais promis de faire un souper chinois pour qu'elle puisse faire valoir ses talents en matière de baguettes chinoises. « Pas grave, me suis-je dit, on le mangera dimanche soir. Il va mariner plus longtemps et ce sera meilleur. » Et c'est à ce moment que mon fils Achille m'a rappelé que j'avais promis des burgers pour souper dimanche.

Ces enfants et leurs opinions culinaires. Où s'en va le monde?

Comme mon lapin était déjà enmoutardé, il fallait bien le cuire, ce que j'ai fait dimanche, pendant ma corvée de bouffe hebdomadaire. Et c'est pourquoi on mange du lapin ce soir.

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Mon homme n'était pas trop chaud, à l'idée du lapin.

« C'était quoi l'histoire déjà? »

« Ah non. Tu veux pas raconté cette histoire sur ton blogue? C'est pas un peu de mauvais goût? »

Quand il était petit, mon homme vivait sur une ferme. Ses parents avaient une élevage de porcs. Ils gardaient aussi d'autres animaux pour leur consommation personnelle, des boeufs, entre autres, mais aussi des animaux domestiques: plusieurs chiens, chats et lapins. À la fin des années soixante-dix, ils ont vendu la terre ainsi que tous les bâtiments, mais ils ont gardé la maison. Comme les animaux domestiques vivaient dans les bâtiments, et comme sa mère, on la comprend, ne voulait pas garder tous ses animaux dans la maison, il a bien fallu que quelques-uns vivent dehors.

Ce fut le cas des lapins.

Le petit garçon qu'était alors mon homme leur avait préparé un petit enclos avec des couvertures et de la paille. Tous les jours, il allait les voir pour leur donner à manger et à boire. Tous les jours, jusqu'à ce qu'il se mette à y aller un jour sur deux, puis encore moins souvent. L'hiver avait été rude. Et un jour, ben oui, quand il est allé voir son enclos, tous les lapins étaient morts gelés.

« Pauvre 'ti lapin, me dit mon homme en regardant le lapin que je m'apprêtais à enduire de moutarde. On dirait presque qu'il va se lever et commencer à courir. Pauvre 'ti lapin. »

« C'est quand même moins pire que ce qui est arrivé à tes lapins. »

« Mais je les aimais mes lapins. »

« On va aimer celui-là aussi, je t'assure. Ça sera délicieux! »

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Mes enfants, je les appelle souvent mes petits lapins. Peut-être que ce soir, ils vont saisir ce mot d'amour autrement?

Dans le genre: Arrête de faire le zouave sinon je te trempe dans la moutarde et je te passe à la marmitte. Ou encore:- Si tu ne ramasses pas toutes tes cochonneries qui traînent dans le salon, je t'envoie vivre dehors, mon petit lapin.

Excellent. Un peu de terreur camouflée dans un mot doux.

J'aime.



Annie ajoute:

Veux-tu bien m'expliquer c'est quoi l'affaire avec les cristies de lapins?

Quand il était petit, mon chum s'était amoureusement occupé de petits lapins que sa mère avait achetés. Ce qu'elle avait omis de dire toutefois, c'est que c'était dans le but de les manger qu'elle les avait pris les lapins.

"Le jour où j'ai mangé Bouboule, c'est un peu le jour où je suis devenu un homme", avoue mon chum, chaque fois avec l'oeil humide.

Pauvre lui hein. Au fond, c'est tellement mignon un petit lapin...

Surtout avec des pruneaux et de la moutarde, tant qu'à moi.


4 commentaires:

Madeleine a dit…

Bouboule. Je suis morte de rire!

Maryse a dit…

Moi aussi.
J'ai mangé mon lapin. Bien oui.
Pas Bouboule.
Coco, le mien, qu'il se nommait.
Je l'ai su juste après l'avoir englouti.
Oui, juste après avoir dit : «Miam, maman, c'était donc bien bon ton poulet !»
Depuis, je suis devenue allergique.
Vivants ou cuits, plus capable des lapins.
Et quand j'y pense, la moutarde me monte au nez...

Rosemarie a dit…

Mmmm. Du lapin. Ça me donne envie d'en faire un (désolée Maryse pour mon manque total de compassion. Si on parlait de manger du hamster, peut-être que j'en aurais plus). Il y en a partout à Paris. Aux marchés, dans les supermarchés, dans les boucheries. Pas besoin de préciser que ces lapins-là, ils n'ont pas de petit nom. Dis-donc, Annie, moutarde et pruneaux, ça me semble un bon mix. Tu peux me dire en gros comment tu fais?

Annie a dit…

Coco, le lapin/poulet! À mon tour de m'écrouler de rire :))