samedi 10 septembre 2011

L'Âshram de la tomate

Des fois, je sais pas à quoi je pense.

Mardi midi, je suis allée faire un tour au marché avec Blanche. On avait le temps, il faisait beau, on a flâné parmi les fruits et les légumes qui débordent des stands extérieurs.

Puis je l'ai vu. Tu sais les gros paniers de tomates italiennes? Ouais, ceux-là, les plus gros des plus gros. Je les entendais clairement tsé: "achète-nous, achète-nous". Alors j'ai acheté. De peine et de misère j'ai glissé l'immense panier dans la voiture et je suis revenue à la maison.


Et c'est là qu'on dirait que mon cerveau s'est remis à fonctionner. C'est que le panier, il prenait presque toute la cuisine. Avec les travailleurs qui vont et qui viennent dans la maison, du coup il me semblait encore plus immense. Et mon congélo encore plus plein... Mettre en pots?!? Dans le bordel actuel? Oublie ça, es-tu folle. Je ne suis pas comme Manon, moi. En tout cas, pas cette année.

Il était déjà 16 heures et je me demandais encore ce que j'allais pouvoir faire de toutes ces tomates...

Je me suis couchée ce soir là, en n'ayant toujours pas trouvé de réponse. Le panier est donc resté devant la porte de ce qui était naguère ma cuisine d'été. D'ailleurs le lendemain matin, j'étais un peu gênée quand un travailleur s'est retrouvé bloqué à l'extérieur: "Oh, attendez. Je tasse mes tomates et voilà! Faites comme chez vous, eh, eh."

Finalement, mercredi et jeudi, le soir après le travail, le souper et l'occupage des besoins de tous, j'ai enfilé mon tablier et j'ai préparé mes tomates pour la congélation. Ça ne me tentait pas trop quand même et je maudissais ce panier de tomates que j'imaginais pourrir là pour l'éternité. "Crisse-le dans le container chéri, avec la brique pis toute le reste!"

Reste que y'a quand même quelque chose d'extrêmement réconfortant à faire des provisions pour sa famille. Je sais pas, c'est comme plus fort que la modernité. Mon chum couchait les enfants et moi, je faisais les gestes de l'essentiel, ceux qui nourrissent, qui gardent en vie. À travers eux, c'est moi que ça apaisait. Petit travail spirituel des mains avant de conclure la journée.

Pourquoi payer pour aller faire du yoga méditatif quand tout, au fond, est dans la tomate?

Petit sac par petit sac, elles ont fini par toutes entrer dans le congélo.

Des fois, je sais pas à quoi je pense. Mais y'a des fois où ça fait du bien de pas penser.

4 commentaires:

Sophie Legendre a dit…

C'est tellement vrai! Il y a quelque chose d'apaisant et de réconfortant dans l'exercice de faire des réserves de nourriture pour notre tribu.

Je me dis souvent que nos ancêtres pour survivre devait avoir le gène de la conserve fort développé, alors darwinisme oblige, on l'a nous autres aussi!

Manon a dit…

Annie, c'est certain qu'on est pas tous comme moi :P

Moi, j'aime mon congélo à moitié... je l'aime pour stocker la viande pas cuite, mais pas pour le restant!

Pis les tomates, depuis que je les fais moi-même, je ne suis pas capable de revenir en arrière avec les kékannes du commerce. Le goût est pas pareil.

MJ a dit…

Toute la semaine je me suis dit qu'il fallait que j'aille chercher mes tomates. Et finalement, je ne l'ai pas fait.
Parce que cette semaine, j'ai troqué les tomates pour le yoga. Et que je souffre depuis :-)
Mais je me console en me disant qu'il y en aura encore la semaine prochaine. Et l'autre d'après.

Madeleine a dit…

Moi, c'est 4 caisses que je me suis condamnée à faire cette semaine. 4. Bravo.