mardi 18 octobre 2011

Daniel

D. ne stationnera jamais plus son immense pick-up beige en face de la maison.

Il ne sera jamais plus le premier arrivé sur le chantier à préparer le terrain pour ses hommes.

Jamais plus il n'installera de cuisine de brousse ou ne tentera d'acheter des enfants en leur offrant des Timbits.

Daniel a fait un AVC dimanche après-midi. La mort le taquine maintenant avec ses longs doigts dans le lit dans lequel il est cloué sans jamais avoir repris conscience. Il entrait tout juste dans la cinquantaine.

9 commentaires:

Une femme libre a dit…

Quelle horreur!

Mais vous pourriez être surprise. Tant qu'on est pas mort, on est encore vivant. Et j'en ai au moins un dans mon entourage, un miraculé d'un ACV qui a dû tout réaprendre, y a réussi et parle maintenant avec un drôle d'accent hollandais, mais il parle de nouveau.

Un jour à la fois.

Une femme libre a dit…

réapprendre

Madeleine a dit…

Quelle horreur en effet! Mais j'aime le sage espoir de femme libre. Il faut espérer jusqu'au bout.

Célia a dit…

Comme quoi le travail, c'est pas toujours la santé...:(

Mais "femme libre" a raison. J'ai travaillé auprès de personnes aphasiques et le réadaptation fait des miracles. Mais le ton du message ne laisse que peu de doutes quant au diagnostic des médecins...:(

Courage pour trouver les mots justes auprès des petits.

Annie a dit…

Oui, l'espoir. Écoutez, on n'est pas assez proches de la famille pour connaître les détails bien sûr, mais selon l'entrepreneur c'est pas mal fichu, malheureusement.

Je vous dis pas l'ambiance sur le chantier... Nous mêmes, on est passablement chamboulés.

Intense la vie, la mort, quand même. Intense.

Ce qui m'est revenu, ce sont quand même les paroles de mon Albi, lors de l'épisode des Timbits... En souvenir de D. La boîte est encore là, avec les petites affaires d'Albert dedans.

Joëlle Lemire a dit…

My God... choc hein?! Pffffff....

Comment t'arrives à composer avec l'ambiance dans une telle situation? Ça doit être terrible de les voir. Surtout que si c'était leur bout-en-train, ils doivent avoir la mine basse en titi...

Je ne sais pas si je suis la seule comme ça, il m'arrive de trouver le malheur des autres tellement difficile à supporter, que j'aimerais mieux que ça m'arrive à moi. Je sais, ça n'a pas d'allure. Il faut savoir apprécier notre chance. Mais je me sens traître. Je me rapelle qu'une fois, dans un salon mortuaire, ma bedaine de femme enceinte me dégoûtait lorsque je me présentait à la famille du défunt. J'avais honte d'avoir la vie en moi quand eux avait la mort devant eux.

Annie a dit…

Bonjour Jöelle,

Ouais, c'est pas simple. Y'a comme un vide. Les ouvriers sont sous le choc. On s'attend à le voir surgir à tout moment avec son rire et son humour douteux! Ben non.

Difficile de penser à autre chose.

En même temps, je peux pas vraiment l'expliquer, mais ça soude certains liens. On aura été sa dernière maison... Tant nous que eux vont se souvenir de ça.

Enfin. Honnêtement, le moral n'est pas super chez nous depuis lundi...

MJ a dit…

Y'a pas de mots pour ça. Ou plutôt, si, un seul: shit!
J'imagine comment ta tribu doit se sentir, et comment tu dois expliquer ce qui se passe. Pas facile quand la réalité est dans ta maison, et pas dans un bouquin. On pense à vous très fort. Si on peut faire quoi que ce soit, tu sais comment nous trouver!

Caroline (La Belle) a dit…

Je suis sans mot... La vie est si fragile.