mardi 29 juin 2010

Maman, je peux t'aider?

Cette phrase,
j'avoue que parfois, elle me tue.

17h47. Un bébé qui hurle. Deux grands dadais qui se chamaillent. Un poulet au four. Une salade à préparer. Un pain qui lève. Une sauce à faire. Le lavabo qui déborde. Les comptoirs qui sont pleins.

Et cette phrase qui vous tire le bas de la jupe:
- maman, je peux t'aider?
J'aime être seule dans ma cuisine. Je travaille vite et bien. Je sais précisément où sont tous mes outils et le déroulement exacte de la chorégraphie dans laquelle ils doivent intervenir. Alors la plupart du temps, même si c'est souvent beaucoup de travail, non je n'ai pas besoin d'aide merci. Surtout si vous avez quatre ans.

Sauf que ça reste rough.
- Non minet, tu ne peux pas m'aider parce que je suis pressée là, je n'ai pas le temps!
Lui dire ça et voir dans ses yeux:
- heille la mère, c'est justement pour ça que je t'offre mon aide tsé, parce que t'es pressée! Si tu la refuses est-ce parce que... parce que... ça ne t'aide PAS?!?
Et voilà!
Voilà comment on fracasse une enfance.
Dix ans de thérapie!

Je sais que ça les aiderait que j'aille besoin de leur aide à la cuisine. Et qu'un moment donné, ça finirait bien par m'aider aussi. Alors depuis quelques temps, je me force à accepter ou même *gulp* à demander leur aide.
Ce printemps à Moncton, j'ai rencontré Aurélie Paré. C'est de sa faute tout ça en fait. Aurélie a à peine 15 ans et elle a publié un livre de recettes végétaliennes. À compte d'auteur en plus Madeleine, tu imagines? Pour avoir publié nous-mêmes, ça te donne une idée de la détermination de la fille.

Aurélie me disait que d'aussi loin qu'elle se souvienne, elle aidait à la cuisine. Et que vers 11 ou 12 ans, elle avait la responsabilité d'un repas par semaine.
Hum.
Un repas par semaine fois quatre enfants
=
plus que trois repas pour la mama...

J'avais vu un documentaire un jour sur la conciliation travail famille. Cette dame. Monoparentale avec deux grands ados. La femme était débordée. Travaillait dur pour élever ses gars. Et tu la voyais éplucher les carottes à 17h47 en se plaignant à juste titre d'un manque de temps et de cette vie qui déborde de partout. L'espèce de conseillère de vie à la con la coachait en lui disant qu'elle pourrait peut-être penser à éplucher ses carottes avant d'aller au lit, pour le lendemain. Ou pourquoi pas le matin, avant le travail, pour le soir? Avec un bel horaire tout découpé de collé sur le frigo pour la planification des menus.

Sauf qu'en arrière plan on voyait deux grands zoufs qui jouaient aux jeux vidéos. J'avais juste le goût de hurler!

HÉ GRANDS ZOUFS!
ÇA VOUS TENTE PAS D'ÉPLUCHER LES CAROTTES
PENDANT QUE VOTRE MÈRE BOTTE LE C*L DE LA CONSEILLÈRE DE VIE?

Je me dis que si je renvoie toujours mon quatre ans quand il m'offre son aide, comment attendre de lui qu'il prépare la sauce à spag à 15 ans?

Alors je te jure, j'essaie vraiment. Ce n'est pas parfait. Des fois ça ne se peut juste pas. Non, tu ne m'aideras pas à mettre la confiture bouillante dans un pot fraîchement stérilisé, merci. D'autres fois par exemple, je suis franchement surprise.

Ils-peuvent-m-être-utile-pour-de-vrai.
Yep.
Même
e-l-l-e.
Tu veux m'aider?
*profonde inspiration*
Alors viens ici mon loup. Je suis justement en train de faire du pain et c'est toi qui va verser la farine.

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Alors là bravo annie, je me reconnais tout a fais !! c'est fou c'est ma grande mathilde avec son petit air triste qui cherche toujours a rendre service. Et qui me dis cette même phrase très réguièrement, maman je peux t'aider ?? et moi je suis encore à la ramasse parce que l'heure tournes et je ne suis pas encore tout a fais sure de mon menu. Et puis zut !! on mangeras pas a l'heure mais nous l'aurons fais toute les deux. Et je me force à lui donner un peu de responsabilitées je me dis que ce sera utiles pour elle plus tard... Et c'est comme ça que la semaine dernière nous avons avaler avec grande difficultée des carrottes rapées trop poivrée et plutôt ratées!!!! gloups !!!

CHAPPA SYLVIE a dit…

Clémentine et jerôme ont eu du mal a les avaler aussi mais comment lui dire sans la vexer que c'etait pas bon !!! alors on en a tous mangé !!

Manon a dit…

Comme tu dis souvent:

C'est ça qui ça!!

Et puis vaut mieux commencer alors qu'ils veulent, plutôt que de s'obstiner plus tard!

Rien de mieux que d'acquérir de l'expérience pour arriver à devenir efficace... lol! Ils développent des compétences transversales comme ils disent à l'école! relol!!

En passant, j'adore les photo pour illustrer ton propos.

Anonyme a dit…

Parce que si tu fais en plus ton pain... alors, je suis baba devant tant d'énergie!

Caro à Québec

Anonyme a dit…

Depuis que je laisse fiston, de 5 ans presque 6,former les pains après la 2ème levée, je ne m'obstine plus avec. Mes pains ou plutôt nos pains n'ont jamais été aussi gros!!! De plus, ça fait travailler sa dextérité fine sans qu'il rechigne. :p

Myriam

Joëlle Lemire a dit…

J'ai toujours défendu que la cuisine, c'est l'activité éducative la plus complète que je connaisse lol!!! Vous avez dit dextérité fine, responsabilités... Calculs aussi, les masses, les volumes, les formes géométriques, les couleurs, le développement des sens, etc etc...

N'empêche que c'est toute une job, je viens tellement stresser avec tous les dangers qui guettent. Pour les plus petits (1 et 3 ans), je leur donne des couteaus (style jetables) en plastique, pour les plus grands, des couteaux à steak à bouts arrondis. À partir de 4-5 ans, je veux qu'ils sachent couper puis tartiner tout seul. Heille...j'ai déjà été dans une fête, des enfants de 7 ans, la majorité ne savaient même pas tartiner leur hot-dog!!! Let's go là!

Mon ainée de 9 ans fait la vaisselle comme une grande depuis cette année, à raison de 3 fois/semaine. Celle de 5 ans commence à m'aider.

Pour le lavage, mon ainée de 9 ans a reçu, il y a 2 mois, son premier panier à linge personnel. Celles de 5 ans et de 3 ans plient du linge de temps en temps avec moi (et ça dure pas longtemps hihi!!!). Elles ont pogné la twist mieux que moi... "Maman, regarde là, c'est comme ça..."!!! :-)))

Je voudrais bien leur en montrer plus, genre laver la salle de bain, la balayeuse ou les planchers, mais je manque de temps pour leur montrer! ...ou je manque de temps pour m'obstiner???!!! :-)))

J'avoue aussi, qu'Annie, tu m'épates quand tu dis que tu fais ton pain maison! Tu me redonnes le goût de m'y remettre!! L'odeur du pain... qui devient un repère dans la maison, dans la vie qui passe... l'odeur, qui est là tout le temps. Ça passe si vite leur vie d'enfance, c'est de la job mais coup donc, c'est ça le gros de la job de notre vie!

Chantaloup a dit…

Ton entrée m'a fait sourire. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis. Mes deux soeurs et moi, on aidait beaucoup ma mère dans la cuisine, surtout avant Noël. On badigeonnait les contours des croutes à tarte avec des blancs d'oeuf pour les faire coller, on mettait la garniture dans les "egg-rolls" et on faisait coller les pâtes. Râper le fromage pour une lasagne ou une pizza, ça aussi je l'ai fait. Ces moments-là font les bons souvenirs et ont été drôlement utiles!

Astheure, c'est not' tour!

p.s. T'es venue à Moncton ce printemps? Avoir su, je t'aurais fait un petit coucou!

Anonyme a dit…

On dirait bien que la fée du logis est de retour !!

Annie a dit…

Oui Caro, je fais mon pain. Je le fais parce que (et quand) j'y trouve un réel plaisir. Alors au lieu d'exiger de l'énergie, c'est comme si cela m'en donne.

En ce sens, yep, j'imagine qu'on peut dire que la Fée du logis, ben she's back.

Une chose que je voulais ajouter aussi. À mon sens il y a une différence entre offrir son aide et se faire demander d'aider.

On demande de l'aide aux enfants. Pour beaucoup de choses dans la maison, peut-être moins pour la cuisine c'est vrai.

Mais quand un enfant s'offre pour aider, au fond, c'est qu'il a une réelle disponibilité, une ouverture. C'est tout ça que j'essaie de plus saisir.

Pis toute la questions de la transmission aussi. Les gestes, le savoir-faire, les récettes mêmes!

Alors vive les carotes râpées trop poivrées :))

Loulie a dit…

Héhé. Je me reconnais tellement dans ton billet, c'est tellement ça qui se passe dans ma tête quand je cuisine et que je vois mon Émile de 4 ans se pointer dans la cuisine pour m'aider... suivi de près par ma belle Éléonore de 2 ans qui crie des "Moi aussi! Moi aussi!"

Et moi de penser que je devrai bientôt allaiter ma poulinette de 2 mois parce que bien sûr, elle débute ses têtées groupées sur l'heure de la préparation du souper! Je soupire intérieurement, réorganise mon plan de travail, demande aux enfants de se laver les mains et d'approcher leurs petites chaises et hop! Tout en criant à l'Homme qu'il devra occuper Pénélope si elle demande à boire ;)

Mais en même temps, comment refuser alors que j'aodre faire la cuisine? Alors que j'ai toujours été dans les pattes de mes parents quand ils étaient aux fourneaux? Si je veux leur transmettre cette passion, je n'ai pas le choix hein?

Si ce n'était pas une question de temps aussi hein?

Joëlle Lemire a dit…

@Annie: en plus, lorsqu'ils démontre une ouverture, ça donne de beaux moments de rapprochement. C'est un peu comme une façon de nous dire "je t'aime", "je veux faire comme toi".

Julie a dit…

Beau billet Annie.
C'est vrai que c'est plutôt agressant lorsqu'on se fait demander un verre de jus ou "une petite collation en attendant parce que j'ai faim, maman"... "Non, mon coeur, si je prends le temps de faire tout ce que tu me demandes, bien on mangera encore plus tard! Mais si tu veux que ça aille plus vite, tu peux peut-être mettre le couvert?"

Je vais parler de ton billet demain dans notre revue de blogues de la semaine.