dimanche 3 avril 2011

Élections

Il y a bientôt trois ans, je partais pour le Nunavut. Plein nord, 500km seulement du pôle. Le voyage d'une vie qui te change d'un bout à l'autre.
Je n'y ai passé qu'une dizaine de jours, mais je m'y suis comme accrochée on dirait. Chaque fois qu'on en parle, ça me va droit au coeur. Comme ce weekend dans le Globe and Mail. L'impression d'un endroit plus grand que nature habité par des gens tout aussi immenses dont on ne sait rien. Peuple racine dont ont on ne veut rien savoir.

Pourtant, on partage le même espace. Chez nous, c'est aussi chez eux, non?

Non?

Près de 70% des enfants inuits d'âge préscolaire habitent un foyer où l'insécurité alimentaire est présente. Pour 31% d'entre eux, c'est une insécurité alimentaire modérée et pour 25% de ces enfants, l'insécurité alimentaire est sévère.
Une insécurité alimentaire modérée, ça veut dire que lors de la dernière année, les adultes en charge de ces enfants ont eu peur de ne pas avoir assez de nourriture pour eux. Ça veut dire qu'au cours de la dernière année, ils ont acheté un peu n'importe quoi pour les nourrir. Une "insécurité alimentaire modérée", c'est aussi une façon savante de décrire des petits enfants qui grandissent dans un foyer où, plusieurs fois par an, on ne leur donne pas assez à manger parce qu'on n'a rien de plus à leur donner.

L'insécurité alimentaire sévère?

Des enfants qui sautent des repas parce qu'il manque de nourriture. Des enfants qui ont souvent faim. Des enfants de 0 à 5 ans qui, plusieurs fois dans l'année, ne mangent pas de la journée parce qu'il n'y a rien à manger.

En 2011. Chez nous. Les enfants de mon pays qui ne mangent pas pendant toute une journée parce que ceux qui s'en occupent n'ont rien à leur donner.

Attends. Y'a comme quelque chose qui m'échappe.

Chez nous? Les enfants de mon pays?

Et pendant ce temps, des clowns mobilisent les médias en promettant des crédits d'impôts liés à l'activité physique ou aux rénovations écologiques?

What the fuck?!?

3 commentaires:

En famille à Londres a dit…

Je suis révoltée! Merci de rapporter cette information. Je vais aller dormir là-dessus, la rage au coeur...

Madeleine a dit…

C'est une situation très complexe, non? C'est-à-dire qu'il ne suffit pas de balancer de l'argent ou d'imposer des changements, mais bien de travailler avec les populations. Il y a manque d'argent, manque de nourriture, mais aussi crise d'identité culturelle?

Je ne m'y connais pas autant que toi, mais ça me fait penser au travail que les Occidentaux ont tenté de faire en Afrique, par exemple, en imposant des valeurs, une structure, une organisation étrangères. Le succès est très mitigé et on a remis cette approche en question.

Mais oui, manger. Ces enfants doivent manger à leur faim. Évidemment, ce n'est pas négociable. Je me

4.G a dit…

Oui, mais les autochtones ne votent pas... Donc, ils ne sont pas intéressants à aller convaincre et à donner des services pour les politiciens.

Triste réalité.