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lundi 7 novembre 2011

Le dauphin et les philosophes

Dans son blogue, Marie-Claude Lortie se demande pourquoi cette nouvelle ne fait pas la une de son journal et de tous les autres d'ailleurs.
“Trois hauts dirigeants de Cooke Aquaculture, plus grand éleveur de saumon du pays, font face à des accusations pénales. Ils sont soupçonnés d’avoir déversé un pesticide illégal dans les eaux du Nouveau-Brunswick pour lutter contre un parasite du saumon.”
À l'automne 2009, des centaines de homards étaient retrouvés morts dans la baie de Fundy, entre le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse.

Ces morts étranges soulèvent bien des questions. On finit pourtant par remonter la piste. Les pêcheurs de homards obtiennent pour la première fois des preuves de la présence d'un pesticide, la cyperméthrine, dans la baie. On soupçonne que ce pesticide, illégal au Canada, vient des élevages de saumons. Les industriels s'en servent parce qu'ils ont beaucoup de mal à lutter contre le pou de mer, un parasite qui s'attaque au saumon d'élevage.

De plus en plus de voix s'élèvent pour affirmer que l'aquaculture est une plaie et qu'il faudrait mieux réglementer les élevages de saumon. Je joins ma voix à la leur et j'ai pris la décision de ne plus acheter de saumon d'élevage.

***

Chaque dimanche, j'ai la chance de croiser deux philosophes et hier, ils se sont mis à discuter d'éthique animale. Ils m'ont appris par exemple que le dauphin est une personne non-humaine. Eh oui.

Bon, personnellement, j'ai toujours cru qu'il y avait nous, puis les animaux. Mais bon, qu'est-ce que j'en sais au fond, hein?

Selon l'un de mes deux philosophes, dans 500 ans, parce que nous mangeons de la viande, les hommes du futur porteront sur nous le même regard de dégoût que nous portons sur les hommes du 18e siècle qui avaient des esclaves.

On se disait qu'il n'avait peut-être pas tort. Pourtant, aucun d'entre nous n'étions végétariens, ni même n'avions le désir de le devenir. Il nous semblait malgré tout inévitable que, même s'il n'y a jamais eu autan d'être humains à nourrir, l'éthique animale finira par prendre de plus en plus de place.

Par exemple, pour revenir à la nouvelle de Marie-Claude Lortie, notre société ne trouve plus tolérable de tuer toute biodiversité marine simplement pour produire en grand nombre et à faible coût un saumon aux qualités de plus en plus douteuses.

Dans un même ordre d'idée, la façon dont certains porcs ou certains poulets sont élevés devraient nous en détourner pour toujours. Ce genre de choses, on s'en doute, mais on préfère ne pas les voir.

Comme l'esclavage, notre modèle alimentaire actuel repose sur l'élevage industriel des animaux. Bien sûr, de nombreuses personnes mangent une viande la plus éthique possible ou arrivent à s'en passer totalement et ne s'en portent pas plus mal. Reste qu'elles vivent en marge du système agro-alimentaire dominant. C'est un engagement qui prend de l'énergie, du temps et des connaissances.

Cet automne par exemple, on essaie de rendre possible une livraison de poules avec une amie qui en élève, mais avec l'espace, les rénos et la distance, ce n'est pas simple. J'ai aussi fait une commande pour un porc bio, mais je n'ai pas de nouvelles.

Comme je le faisais remarquer à mes amis philosophes, parfois les arguments éthiques résistent mal au fait qu'il est drôlement pratique d'avoir une épicerie au coin de la rue. Acheter du boeuf haché un soir de semaine reste une avenue simple, économique, goûteuse et culturelle de nourrir une famille de six.

Rejeter le modèle alimentaire actuel n'est pas un objectif vers lequel je tends dans l'absolu. Par contre, y être infidèle de plus en plus continue de me séduire.

lundi 19 septembre 2011

Coming out: je suis (presque) végétarienne - AJOUT

C'est Sylvie M. de Maman marathonienne qui a m'a inspirée à faire mon coming out.

Je suis (presque) végétalienne depuis maintenant quelques semaines. En fait, pour être franche, je devrais dire flexitalienne. Sauf que comme ce dernier terme me semble un peu imprécis et fourre-tout, je préfère dire "presque végétalienne".

Qu'est-ce que cela signifie concrètement? Que je mange une alimentation végétalienne au moins les 3/4 du temps. En fait, je ne suis pas végétalienne quand:

  • je suis invitée chez des gens
  • j'invite des gens
  • j'ai envie de manger de la viande (ce qui arrive de moins en moins fréquemment)
  • je vais au resto et je n'ai pas d'autres choix (et je vais très rarement au resto)
Je ne pensais jamais écrire un billet du genre. Parce que, d'une part, je n'ai rien à prouver. Je n'ai personne à convaincre. Je n'en fais pas une cause, encore moins une religion. C'est un style d'alimentation qui me convient et auquel je vois plusieurs avantages. Si j'ai décidé d'en parler, c'est parce que je trouve qu'il manque de ce genre de témoignage nuancé sur le végétalisme.

Il y a deux facteurs déclencheurs dans ce choix: la découverte du livre Veganomicon et mes difficultés à gérer ma glycémie. Ok, si je suis franche, il y a aussi une question de gestion de poids: depuis que j'ai eu des enfants, mon poids a grimpé de 5 à 10 livres sans que je fasse de si grands excès. Prenons les choses dans l'ordre:

  1. Veganomicon est un livre de recette fabuleux. Je l'ai découvert alors que j'allaitais mon gros Popold qui semblait faire une intolérance aux protéines bovines. Je me cherchais des recettes sans lait. J'ai finalement acheté le livre. Il a poireauté assez longtemps sur mon comptoir avant que je commence vraiment à l'utiliser. Révélation! Les recettes sont simples et délicieuses et très satisfaisantes. Quand j'ai commencé à cuisiner avec ce livre, je me suis dit: Oui, c'est possible.
  2. J'ai du mal à gérer ma glycémie depuis que je me souviens. Je suis du genre à faire une chute soudaine et à avoir besoin rapidement de manger. Mes difficultés avec ma glycémie se sont accentuées avec l'âge mais aussi avec la course à pied. À force d'essais et d'erreurs, j'ai fini par parvenir à la contrôler assez bien, sauf que... j'ai pris 10 livres! On me disait de manger plus de protéines, mais ça ne fonctionnait pas. Puis, au printemps, j'ai réduit considérablement mon entraînement. Les choses allaient mieux. Au même moment, j'ai commencé à adopter une alimentation de plus en plus végétalienne. Mes problèmes de glycémie étaient presque disparus. Je ne savais pas si c'était la baisse d'entraînement ou l'alimentation mais lorsque j'ai repris un entraînement sérieux, je n'ai pas ressenti de problèmes de glycémie. Au contraire, je la trouvais plutôt stable pendant l'entraînement et je récupérais plus rapidement après. Surtout, je ne me réveillais plus vers 4h du matin affamée!
  3. L'expérience me semblant concluante, j'ai poursuivi sur cette voie. Et, grand dieu, j'ai perdu du poids! Alors qu'une alimentation traditionnelle sans excès me permettait d'atteindre un poids parfaitement santé mais au-dessus de mon poids ALE (avant les enfants), une alimentation (presque) végétalienne m'a permis d'atteindre ce poids mythique! Je n'ai pas faim, je mange beaucoup, souvent, je ne mesure rien (je ne fais simplement pas d'excès de sucre). Si la tendance se maintient, je serai bientôt au poids du début de la vingtaine: un poids parfaitement santé pour ma taille soit dit en passant. J'avoue que ce dernier fait a achevé de me convaincre. J'avoue même que si j'avais pris du poids, j'aurais tout lâché... Je suis de même. Une vraie vaniteuse. J'aime ma taille de guêpe et je tiens à la conserver le plus longtemps possible.

Je vous invite à lire le récit de Sylvie si le coeur vous en dit et surtout si vous avez quelques problèmes de santé qui pourraient être potentiellement réglés par un changement d'alimentation. Sylvie fait de la haute pression depuis la vingtaine même si elle a un poids santé, elle est sportive, elle mange bien et elle est jeune. Elle a adopté le végétalisme il y a maintenant un mois, et, pour la première fois depuis fort longtemps, sa pression qui était limite haute malgré les médicaments, est maintenant limite basse.

Je suis profondément fascinée par cette capacité que nous avons de gérer notre corps, d'en influencer le fonctionnement. C'est surtout cela que je retiens de toute cette aventure.

Et pour terminer je précise que:

  • mes enfants ne sont pas végétaliens
  • si vous m'invitez à souper, je n'ai pas besoin qu'on fasse de chichi pour moi! Je vais me démerder et je mangerai volontiers un peu de viande...


Annie ajoute:

Je ne suis (presque) plus végétalienne.

Pendant presqu'un an, j'ai eu une alimentation composée à 75% de repas végétaliens. Une réflexion sur l'éthique de la viande, des préoccupations économiques et la découverte du livre Vaganomicon ont fait en sorte que j'adopte de plus en plus ce style d'alimentation.

L'hiver dernier, le vent a tourné.

J'ai toujours des réflexions éthiques sur la viande (que j'ai quand même affinées), mes préoccupations économiques sont plus présentes que jamais et j'ouvre encore avec plaisir mon livre Veganomicon.

L'affaire, c'est que je ne me sentais pas bien. Et que, si je suis franche, il y a eu une question de gestion de poids: en quelques mois de régime végétalien, j'ai pris 15 livres sans que je ne fasse d'excès, une totale incohérence pour moi qui a toujours fait des excès sans aucun effet sur mon poids.

Cette prise de poids rapide a été mon wake up call.

L'an passé, j'ai été souvent fatiguée, empâtée, j'ai eu du mal avec mon fer et j'avais toujours faim. En faisant lectures et recherches, je me suis aperçue que l'alimentation végétalienne contenait trop de féculents et trop de glucides pour mon métabolisme.

Féculents et glucides en plus grandes quantités sont liés chez moi non seulement à une prise automatique de poids, mais aussi à la non atteinte de la satiété. Ce qui fait que j'ai toujours cette impression de faim.

Depuis l'été, mon alimentation végétalienne a été réduite à 20% de mes repas. Un peu comme Manon, j'adore le fait qu'elle agrandisse la palette du possible, mais en petites quantités ou alors en accompagnement de viande.

De faite, j'ai perdu 10 livres depuis l'été, mon énergie est meilleure et surtout je n'ai plus constamment faim. Plus besoin de supplément de fer. J'ai l'impression de m'être retrouvée. Avec un repas de viande, j'ai besoin de manger beaucoup moins pour obtenir l'énergie optimale et atteindre ma satiété.

En plus, j'aime ça la viande, ça tombe bien.

Je suis aussi fascinée par cette capacité d'influencer le fonctionnement de notre corps. Je me rends aussi compte en vieillissant de ce formidable -et cruel- pouvoir de notre corps à influencer sur notre vivacité et notre esprit. Je retiens surtout, encore une fois, que toute la vie se trouve partout, sauf dans les dogmes nutritionnels.

Nos deux histoires sont tout sauf contradictoires. Elles expriment que l'important au fond, est de rester le seul et unique souverain de son propre corps. Une possibilité que donne de moins en moins cette société qui entretient un rapport si malsain avec le geste de se nourrir et tout ce qui l'entoure.