lundi 8 mars 2010

Je le suis, en fait.

Samedi, il y a deux semaines, n'écoutant que mon cœur et profitant d'une soirée sans homme, je me suis loué Julie and Julia. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un excellent film, bien loin du chick movie auquel je me préparais.

Julie and Julia entrecroise les histoires de deux femmes, vivant à deux époques. Julie Powell, notre contemporaine de 29 ans, agente téléphonique pour le gouvernement américain, rêve de changer sa vie. Jeune femme plutôt pathétique, écrivaine ratée, terrorisée à l'idée de traverser le cap de la trentaine, elle décide de se lancer un défi inimaginable: cuisiner les 536 recettes du livre de cuisine Mastering the art of French cooking de Julia Child en 365 jours et relater ses expériences culinaires dans un blog.

Julia Child est la chef cuisinière et animatrice qui a initié les États-Unis à la cuisine française; c'est alors qu'elle accompagne son mari ambassadeur à Paris en 1946 qu'elle la découvre. Pour occuper ses journées, elle décide de suivre des cours au Cordon Bleu, puis enseigne à son tour dans une école qu'elle fonde, les Trois gourmandes, avant d'écrire son fameux livre.

Le film passe d'une époque à une autre: nous découvrons deux femmes qui cherchent un sens à leur vie. Deux femmes qui poursuivent un objectif un peu fou et qui l'atteignent.

Ce film est tombé à point dans ma réflexion sur la féminité, la maternité et le féminisme. Les ondes de chocs de Badinter continuent à se faire sentir, d'autant plus que son livre vient de sortir au Québec.

Mon questionnement a également été ravivé par des conversations avec quelques mères et un article de CJane, une populaire blogueuse américaine dont j'apprécie les réflexions mais avec laquelle je ne suis pas d'accord cette fois.

Tout cela m'amène à affirmer courageusement ceci: je le suis, en fait. Je suis féministe.

Je dis que cela prend du courage puisque le féminisme a mauvaise presse et a été associé à un mouvement plus ou moins extrême, celui qui veut détruire les familles, éviter à tout prix les naissances, condamner la maternité en générale et l’allaitement en particulier. Celui qui cherche à écraser les hommes.

En cette journée internationale de la femme, en tant que femme occidentale blanche privilégiée par la vie, en tant que mère de famille, je me fais un devoir de l’affirmer. Je suis féministe, c'est-à-dire que je crois que les droits et le rôle de la femme doivent s'étendre à toute la société (le Petit Robert, sous féminisme). Je crois que les femmes ont autant de valeur que les hommes et qu'elles méritent le respect. Je crois également que les hommes ont autant de valeur que les femmes au sein des familles et qu’ils méritent d’y trouver leur place. Je suis une féministe qui croit en la nature distincte de l’homme et de la femme. Je suis également une féministe qui croit qu’il ne faut pas chercher à tout prix à atténuer ces différences sans qu'il faille toutefois les exacerber en cantonnant, par exemple, les femmes à des rôles dans lesquels plusieurs ne peuvent pas exprimer tout leur talent. Je suis une féministe qui croit qu'il y a autant de valeur à être chirurgienne cardiaque que mère au foyer dans la mesure où ces rôles permettent à l'une et à l'autre de s'épanouir pleinement. Et, j’ajoute, dans la mesure où chacune s’assure de sa propre sécurité financière.

C'est ce qui m'a tant plus du film Julie and Julia: voilà deux femmes qui se démarquent dans un domaine typiquement féminin (la cuisine). Mais elles sont épaulées de tout cœur par deux hommes, leurs maris, qui les aiment et qui n'ont pas peur de les voir briller.

Pour moi, c’est cela l’objectif du féminisme : ultimement, sortir des luttes de pouvoirs pour bâtir une vie heureuse et construire des relations respectueuses et valorisantes.

Tout cela, en conservant son soutien-gorge.

3 commentaires:

Chantaloup a dit…

Excellente entrée! Ça rejoint en tout point ma vision du féminisme. Et je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à avoir continué de penser longuement à ces questions après le post d'Annie sur Badinter. Je ne suis pas d'accord avec sa vision du féminisme, mais force est d'admettre que le choc de ses idées m'a forcé à pousser mes réflexions plus loin. Juste pour ça, je dois lui être reconnaissante.

Et moi aussi j'ai adoré ce film. Mon mari aussi. Normal, il aime les femmes et il aime la cuisine ;-)

Madeleine a dit…

Moi aussi Chantaloup je suis reconnaissante à Badinter puisqu'elle m'a permis d'aboutir ma réflexion! C'est une bonne chose.

Karine Auteure de Cinq Fourchettes a dit…

Si tu as aimé le film, tu aimeras sans aucun doute le livre qui va beaucoup plus loin dans la réflexion.
Ceci étant dit, la fille qui a un certificat en études féministes avec en plus un bac en histoire te dirait qu'il n'y a aucune féministe qui n'a jamais brûlé de soutien-gorge. C'est un mythe cette histoire. ;-)