Selon un grand dossier publié dans l'Actualité du 1er avril, les deux tiers de ce que l'on mange viennent d'ailleurs. C'est à déplorer. Surtout que, semble-t-il, les consommateurs se préoccupent de plus en plus de la provenance des aliments qu'ils achètent. Voilà qui est réjouissant.
Réjouissant aussi de voir que de 2004 à 2009, les aliments clairement désignés comme provenant du Québec ont vu leur parts de marché croître de 2,8%, c'est qui est énorme.
Mais la grande illusion, c'est que malgré des campagnes de marketing, l'Actualité constate qu'en six ans, l'offre de produits québécois n'a pas évolué. Pour les petits producteurs, faire sa place dans les épiceries, c'est un véritable parcours du combattant.
D'abord, il faut convaincre kes grandes chaînes d'inscrire son produit sur
la liste officielle des aliments autorisés à y être vendus. Ensuite,
il faut convaincre chaque détaillant de la chaîne d'offrir le produit. Enfin, il
faut veiller à occuper une place avantageuse sur les étagères. Pas trop haut,
pas trop bas, idéalement à la hauteur des yeux. Tout cela coûte de l'argent.
Beaucoup d'argent.
Y-a-t'il moyen de faire autrement? Devons-nous accepter que cette façon de faire soit la seule?
Pour la majorité de nos concitoyens, l'épicerie est un arrêt obligé du parcours alimentaire. L'éviter demande pratiquement de changer son mode de vie. En ce sens, nous sommes plutôt dépendants de ses décisions de gestion. De plus en ville, ça semble plus difficile d'avoir accès aux producteurs locaux.
Pourtant, il doit bien avoir moyen de parfois s'organiser autrement, non?
Je ne souhaite pas retourner à l'époque de ma grand-mère qui recevait des oranges à Noël. J'aime la diversité du monde dans mon assiette, mais je ne comprends pas pourquoi mes patates viendraient des États-Unis. En ce sens, oui il m'arrive de me passer d'un aliment parce qu'il ne vient pas d'ici.
Mangez-vous québécois?
L'épicerie près de chez vous offre-t-elle des produits du Québec?
Quels contacts avons-nous avec les producteurs d'ici?
Comment est-ce qu'on pourrait en faire plus?
L'Actualité publie aussi un intéressant calendrier: quand est-ce qu'on mange québécois?
12 commentaires:
Pourquoi ne pas inclure les marchés comme Jean-talon ou Atwater dans ton trajet obligé pour l'épicerie?
Moi en ville c'est ce que je faisais, ils sont ouvert même en hiver, tu pourras te procurer tes légumes d'hiver: patates, pommes, carottes, chou, betterave, etc du québec et trouver aussi une certaine variété provenant du reste du monde par la même occasion.
Jean-Talon?!?
Ah! Ce n'est certainement pas là qu'on mange plus québécois qu'à mon épicerie... Grande imposture qui mériterait à elle seule une enquête de fond. Si l'amie fromagère passe par ici, elle en aurait long à jaser...
Atwater?
Trop cher. Et trop loin.
Y'a bien le marché 440. Malgré le détour, j'y vais au moins deux fois par mois - et pas que pour les végétaux. Belles pièces de viandes d'ici. Mais pour le bio, encore une fois, presque toujours d'ailleurs et si peu de variété.
Non. Mon réseau demande de l'énergie. Et en ville, ne peut certainement que desservir une classe moyenne élevée - surtout quand on parle de plusieurs bouches à nourrir. Jamais aussi efficace que l'épicerie, malheureusement. Voilà pourquoi elle demeure somme toute incontournable dans l'atteinte d'une souveraineté alimentaire populaire.
Ben là je dirais ça dépends si tu sais acheter du producteur ou ben du brocker ;)
Pour la variété et le bio, je m'excuse de te rapeller que tu vis dans un pays ou il neige et qu'il y a peu de culture en hiver...
Sauf la culture de serre, qui n'est pas forcément la plus abordable (y'a des coûts à produire des légumes en serre en hiver, pis c'est pas tout les légumes qui s'y prête) ou environnementale.
Dans mon commentaire je t'ai parlé de légumes qu'il est possible de mettre en cavaux à des température et humidité contrôlées afin d'en avoir à offrir tout au long de la saison morte.
Alors pour la variété, svp ne demande pas des asperges du québec en janvier, ni du maïs de serre. Oui, j'ai déjà entendu des urbains demander ça à des producteurs. C'est à mon avis être un peu ignorant.
J'y pense de plus en plus. Pas autant que je voudrais, mais on fait des efforts. J'ai le marché 440 pas trop loin, j'y vais régulièrement.
Mais reste que je trouve ça difficile l'hiver, tandis que l'été ça se fait pas mal plus tout seul. Il y a pas mal de producteurs auquels on a accès directement dans mon coin. Surtout que la ville a commencé l'an dernier un éco-marché la fin de semaine qui nous a permis d'en découvrir d'autres. J'aimerais bien cette année acheter en prévision de l'hiver, canner & congeler. Disons que c'est un work in progress.
Acheter québécois pour acheter québécois? Ben non. Est-ce mal? Je ne sais pas...
Cela dit, j'achète québécois pour les produits que je trouve meilleurs et parce que j'achète le plus souvent selon les saisons.
J'ai essayé pendant un temps d'acheter plus "responsable": plus de bio, plus de produits d'ici. Ben, ça me prenait un temps fou! Et ça me coûtait le double du prix!Pour le temps, c'était possible lorsque j'étais en congé de maternité, mais moins réaliste maintenant que je travaille à temps plein et qu'il faut que je clanche l'épicerie au plus vite le weekend pour avoir le temps de faire autre chose comme euh, respirer et me reposer.
Depuis, j'ai changé de stratégie. Comme Oknotok, cette année, j'ai fait beaucoup de réserves à l'automne. J'ai acheté une grosse caisse de patates qui m'a durée jusqu'en janvier. J'ai rempli mon congélo de tomates, de poireaux, de compotes de pommes, de coulis de tomates. J'ai adoré mon expérience. À refaire.
Et pour le reste (notamment la viande)... j'aimerais organiser un groupe d'achats... C'est à suivre...
Un work in progress. Bien dit.
Nos choix individuels ont nécessairement un impact et cette réflexion morale sur ce que l'on met dans notre assiette est une bonne chose.
Le problème c'est que l'individuel a ses limites. L'individuel "de masse" ne fonctionne pas. On a pas tous les moyens (de temps, de savoir-faire, de contacts, de ressources) de faire les mêmes choix individuels.
Voilà pourquoi les changements, pour être durables, doivent nécessairement, un moment donné passer par le collectif, le politique.
Au Québec, 80% des cultures bios partent ailleurs. Pourquoi? Quelle vision collective cela démontre-t'il? La diversité, ce n'est pas de trouver des asperges locales au mois de janvier (sic), seulement que l'épicerie tienne des patates bio (ou non) locales en septembre.
Pis tsé, dans certains quartiers de Montréal, il n'y a même plus d'épicerie! Ce ne serait pas par là qu'il faudrait commencer? Permettre à l'urbain qui en arrache de manger sainement et au paysan de ce pays de vivre dignement?
J'ai attendu un brin avant de répondre a ton billet, tsé, question de réfléchir et aussi de m'inspirer des pensées des autres.
C'était "rigolo" de lire l'extrait de l'Actualité, quand le journaliste s'est rendu compte des impostures de Métro p/r à son étiquettage "made in Québec".
J'avais eut la même réflexion avec le farmer un moment donné qu'on allait se balader chez Maxi (filiale Loblaws) : plein plein d'étiquettes bleues pour le produit du Québec, mais du café (Van Houtte), des biscuits (Christie, Don Mills Ontario) et autres articles du même acabit.
Ya encore bien bien du chemin pour les produits québécois, encore plus pourles produits dits : de base : ie ceux qui sont peu transformés.
Ya aussi les discours politisés qui se mélangent un peu a tout cela, tsé le "locavorisme" qui est bousculé par certains "économistes" qui ne prennent en compte que le déboursé d'argent directement lié à l'agriculture....
Dommage que peu de nuance ne puisse être faite tout de même.
Tsé c'est la base qu'un supermarché tienne TOUS les produits québécois qu'il peut, et en tout temps, comme l'exemple que tu donne pour les pommes de terre.... En fait je ne crois pas que ce soit possible, la pénétration des produits locaux dans les grosses machines de l'alimentaire, en tout cas ce sera pas au profit de l'agriculteur et du consommateur si ca se fait un moment donné.
En ce qui concerne l'agriculture en contexte nordique, eh bien je crois qu'une pléthore d'avenues n'ont encore jamais été explorées. Par exemple, il n'y a aucune valorisation ni récupération de l'énergie méthanisée provenant des fumiers-lisiers et même boues septiques résidentielles. Toute cette énergie qui dort, et qui, elle, pourrait permettre la serriculture à très large échelle au Québec.
Autre point : les marchés publics ou de proximité : pour plusieurs néo agriculteurs, (et j'en suis!) cette avenue est apparue comme très prometteuse il y a quelques années (environ 5 ans.) Même que les grands pontes du MAPAQ considérent maintenant comme valable les données financières de revenus de marchés publics dans un plan d'affaires : toute une révolution pour quiconque connait le MAPAQ !
(suite dans un 2e commentaire, la machine refuse mon trop long texte ! ;)
suite :
Cependant, quand on veut vraiment VIVRE de l'agriculture, avoir une famille et rencontrer ses paiements, c'est vraiment pas suffisant. Il faudrait que chaque agriculteur se faisse une dizaine de marchés, au bas mot chaque semaine pour arriver. Puisqu'il n'y a pas de marchés l'hiver, et que la production de certains (maraîchers) est concentrée l'été, faut son petit bas en prévision des froids de l'hiver.
Alors c'est difficilement gérable dans la réalité. Dans la chèvre, le modèle des entreprises a longtemps été basé sur les 'gentlemens farmers', qui ont un revenu extérieur à la ferme soit parce qu'ils travaillent encore ou bien ils ont un confortable fond de pension. Pas du tout la même chose pour la petite famille qui décide de se dédier entièrement à la ferme.
Il y a aussi dans le créneau des marché ce que j'appèle "l'imposture" des marchés montréalais, soit le très coûteux Atwater, ou le très "importé" Jean Talon. Dans le cas du dernier, c'est un supermarché à ciel ouvert, c'est tout. Il doit y avoir un maximum de 10 producteurs sur les étals là-bas, et souvent ils se font casser le sucre sur le dos par les primeurs importées des concurrents. Tk.. Fallait commencer quelque part j'imagine !
Les marchés virtuels, avec ou sans livraisons (cf Amis de la Terre, jardins urbains etc.) me semblent un créneau porteurs, mais reste a voir si ils peuvent sortir de l'anecdotique. Parce qu'encore une fois, s'agit d'en combiner plusieurs pour que ce soit viable économiquement...
Puis je pense qu'il y a forcément "plus" en ce qui concerne l'agriculture québécoise.
Plus de réflexions a faire, en commun, avec les trois pôles impliqués :
le fermier, le mangeur, l'instance publique rurale ou urbaine.
Ya quelque chose de lourd tsé quand tu écris que des quartiers n'ont plus de supermarchés. Y mangent quoi les gens ? De la bouffe de dépanneur ? On attend quoi, comment et pendant combien de temps avant de prendre des mesures significatives pour
1) occuper sainement un territoire donné par l'agricole
2) s'occuper de ce qu'on a dans notre assiette et notre garde manger et
3) dynaminser les communautés, qu'elles soient rurales ou urbaines.
C'est vraiment un choix de société à faire, choisir entre la petite ferme et la méga porcherie, ou le lottissement de bungalows
choisir entre la clientèle de boomers qui ont des $$ mais consomment peu, consomment anecdotiquement, ou celle des familles, généralement très fidèle, intéressante et à la recherche de formats vracs.
Choisir entre la bouffe transformée qui se prépare et se mange vite, ou celle qu'on cherche plus longtemps, qu'on mets plus de temps à appréter et que généralment on savoure.
Ouaip, plein de choix, qui demandent chacun du boulot et de la réflexion, et qui en même temps sont très influencés par ce qu'on nous propose sur les tablettes, ce qu'on supporte par la pub, bref, généralement l'antithèse du commerce de proximité
mp
concernant les approvisonnements maintenant :
comment je gére ca ici, c'est en collaboration avec (actuellement) deux autres familles. On fait une commande ponctuellement directement chez un distributeur de produits bios près de chez moi et plusieurs produits sont québécois d'ailleurs. Avec une commande de 250$, j'ai la livraison gratuite a la porte de chez moi...
On a des produits en commun, ie ceux que les deux familles utilisent pas mal tout le temps, puis d'autres qui sont propres à une ou l'autre et qui, par influence, se partagent aux autres.
Par exemple, je n'achète que bien peu de sucre. Les autres filles oui, alors en splittant leur gros volume, j'ai le mien selon mes besoins.
Je consomme de l'orge et des lentilles, et elles moins. Si j'achète plus pour moi, elles en prennent un peu donc on a un avantage côté quantité et prix.
Mais je constate que ce système a aussi des limites, par exemple : Il faut vraiment que tous les membres s'engagent a des quantités raisonnables pour pas qu'une des famille se retrouve avec de gros stocks sur les bras. Faut (a mon avis) être au moins 4 familles pour commander assez souvent et d'assez grosses quantités pour justifier le travail de bureau (assez minime quand même) qui est nécéssaire à l'opération. Et profiter d'opportunités de transport puisque si on gosse a se courailler ici et là, ben on perd au bout du compte.
Les dilemmes des ruraux vs ceux des urbains aussi. En milieu rural, la voiture est incontournable. En ville, l'espace de stockage est souvent difficile à trouver.
Mais au final, si je compare et mets tout cela en perspective, je pense que nous sommes gagnantes de fonctionner ainsi, et possiblement qu'une nouvelle famille se joindra a la gang bientôt,ce qui me permettra de mieux évaluer mon hypothèse du nombre.
mp
mp, tu me déranges au bureau ;p
Mais je veux te dire qu'autant qu'une bonne pomme de terre au four, tes mots sont vraiment très nourrissants. Je vais tenter de rebondir là-dessus un autre tantôt.
Merci xx
hum, pomme de terre hein !
habille de brun, dodue et qui peut brûler la langue si on y prend pas garde
ok, j'achète
(pourvu qu'elle vienne du Kébec, ta patate !)
mwahahaha !
mp
ps: pis toi aussi tu me déranges dans ma comptabilité, depuis ce matin que ces posts me font virer le cerveau a 100 milles a l'heure !
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