dimanche 2 octobre 2011

Présentations

Les gars du chantier, je ne les ai pas encore présenté. Depuis le 15 août, ils sont tellement là à s'incruster dans notre intimité, qu'on fini par... Comment dire... Bin de les voir jours après jour dans nos affaires, je vais te dire, ça créer une ambiance particulière dans la chaumière.


Voici B., l'entrepreneur. Décisions, factures, problèmes: tout passe par lui. C'est le premier qu'on a rencontré, en janvier dernier. Son calme et sa précision nous avaient plu. Dans un gros projet comme ça, on a besoin de quelqu'un qui sait garder son sang froid.

C'est un homme poli, sérieux, assez grand, à l'humour disons... discret. C'est le boss, mais il n'hésite pas à mettre les mains dans la bouette si nécessaire, ce qui lui vaut le respect de son équipe. Quand il parle, ça compte, alors t'as intérêt à lui apporter les bonnes réponses. Le problème, c'est que le 3/4 du temps, je n'ai aucune espèce de réponse à lui donner.
- Quand l'architecte est venu, quelles mesures il vous avait donné pour la hauteur entre la corniche et la solive de l'existant?

- Duh, blah, plllffft, flehhh...
C'est simple, chaque fois que B. me parle, j'ai l'air idiote. Et tu connais mes formidables capacités intellectuelles Madeleine, passer pour une cruche, j'ai jamais vraiment joué dans ce film là. Alors s'applique cette variante de la loi de Murphy: plus tu souhaites ne pas avoir l'air de quelque chose, plus tu en as l'air. Ce qui a fait dire à mon idiot de fils aîné:
- Cou'donc maman, es-tu amoureuse de B?

- ...

- Quand tu lui parles, t'as l'air gênée,
a ajouté son 2 watts de frère. T'es-amoureuse-de-B-euh!

- NON C'EST PAPA L'AMOUREUX DE MAMAN,
a hurlé Albert.

- Ouan. C'est votre père mon amoureux. Bon.

En tout cas. Lui là-bas, c'est D., le contremaître. C'est le premier sur le chantier, à 6h. Encore la tête dans l'oreiller, je l'entends stationner son immense pick-up beige en face de chez nous et sortir toutes ses affaires d'outils. Il prépare le terrain pour ses hommes.

Sur le chantier, quand il ne siffle pas, D. chante du Claude Dubois («fadel-twit-tedil-do-twit...») ou du Gerry Boulet («je suis celui qui frappe dedans la vie...»). Il est l'archétype du gars de construction: cigarette au bec, tatouages, cheveux en brosse, basané. Il appelle mon chum par son prénom, mais à moi, il sert du "Madame" gros comme ses biceps. Bon vivant, il a toujours le temps pour une jasette et possède un humour pour le moins douteux.
- Pu de toilettes? Câlisse y'a rien là tabarnak! Quand on construit des maisons neuves, on pisse din' boîtes à gyproc! Wouhahahaaa!
Je jurerais que B. a un peu de mal avec l'exubérance salace de D., mais moi je rigole et en plus, ça me fait plaisir de voir B. mal à l'aise.


Celui avec la salopette de travail, c'est G. L'ouvrier d'expérience. Tête grise, il est grand, mince et timide. Dans une autre vie, je l'imagine bibliothécaire. Dans un monastère au Moyen Age, genre. C'est un artiste, en tout cas il nous le dit souvent.
- Je vais vous arranger ça, vous allez voir ça va être beau. Je suis un artiste!
Toujours discret, on dirait qu'il marche continuellement sur la pointe des pieds. G. est vraiment trop gentil.
- Oh, dérangez-vous pas madame, dit-il de sa voix douce en entrant dans la maison avec sa chaisaw, je viens juste enlever la fenêtre de votre cuisine...

Puis finalement ici, c'est L., l'ouvrier le plus jeune. Lui et G. sont les premiers qui sont arrivés sur le chantier, en août. Cette journée là, L. nous avait dit en souriant:
- Vous pis moi, on va se voir pas mal souvent!
Avec sa casquette toujours vissée sur la tête, mes gars l'ont adopté. Il est très doux et a toujours du temps pour eux.
- Je parlais avec L, dit fièrement Albert, on discutait de la maternelle.
Notre maison est le plus gros projet de rénovation sur lequel L. a travaillé. Souvent, il nous accroche pour qu'on vienne voir à quel point ça avance:
- Ça va être ben beau han!
Lui-même n'est pas déplaisant à regarder. Il a toujours le sourire. Même avec la scie ronde, concentré à faire des angles impossibles. De toute l'équipe, c'est le seul qui nous appelle tous les deux par notre prénom. Ce qui plaît à mon social butterfly de chum:
- Tu trouves pas que L. est vraiment sympathique? me dit-il alors qu'on était tranquilles dans le lit. C'est un bel homme aussi, non?

- COU'DONC, es-tu amoureux de L.?!?

-
(voix de l'autre côté du mur) NON, C'EST TOI L'AMOUREUSE DE PAPA!

Tsé quand on dit que les rénos sont difficiles sur la vie d'un couple... Bin c'est ça.

5 commentaires:

Célia a dit…

Un peu beaucoup hâte que ça achève ? ...Courage Annie :) Vous mangerez bientôt chaud dans une "Maison de rêves"...

Annie a dit…

Au contraire Célia, je trouve qu'on a ben plus de fun comme ça ;-p

Une femme libre a dit…

Euh...est-ce que l'insonorisation entre votre chambre et celle des enfants fait partie des plans de rénovation? ;o)

Anonyme a dit…

Wow! Quel plaisir de vous lire, c'est drôle, intelligent et tellement divertissant! Votre blogue est ma drogue: il m'en faut souvent! En plus, moi aussi je veux ma cuisine de rêve quand les enfants seront assez grands pour ne plus abîmer mon plancher et foncer dans mes armoires avec leurs jouets...

Annie a dit…

En tout cas, moi j'ai rit aux larmes en écrivant ce texte! Merci de vos mots Anonyme :)

Femme libre: la chambre des maîtres sera à l'opposée de toutes les autres chambres. Full fend shui!