En septembre, Victor m'a demandé de faire de la pâte d'amande. Il est revenu tout excité de chez son ami Zachari avec une recette. "C'est hyper simple!" m'a-t-il. Des amandes moulues, du sucre en poudre, des oeufs, de l'extrait d'amande. J'avais même tout ce qu'il fallait dans mes armoires. "Est-ce qu'on peut en faire, s'te plaît, s'te plaît, s'te plaît!" "Ce weekend, promis, juré." aie-je répondu.
Puis octobre a passé.
Novembre aussi.
Décembre.
Chaque mois, Victor reformulait sa demande. Chaque fois poliment. Chaque fois la mine plus basse.
"Ce weekend, promis!" lui répondais-je.
Et puis, finalement, éclair de génie, j'ai compris que mon fils de neuf ans était bien capable de s'en occupé tout seul du projet de pâte d'amande. En janvier, donc, enfin, je lui ai proposé:
" Tu sais quoi? Tu vas la faire tout seul ta pâte d'amande, ok? Tiens, les amandes moulues, le sucre en poudre. On n'a pas d'extrait d'amande, mais de la vanille ça va faire l'affaire. Voici une tasse à mesurer, un bol, une cuiller de bois. Il te faut 2t. d'amandes, 1t. de sucre, quelques gouttes de vanille et un blanc d'oeuf. Je te le prépare. Ah, pis un deuxième blanc. Brasse. Brasse bien là! Plus fort. Super. Mets-le au frigo. Et dans une heure, tu t'amuseras à faire des formes avec tes frères et ta soeur."
Victor a fait un transformer, Rosanna, un personnage de Ben-10. Achille, je sais pas trop, un hockey peut-être?
L'assiette de Flash McQueen, c'est celle de Léopold. Elle est vide. Y'a pas de forme. Y'en a jamais eu. Popol a tout mangé sa pâte d'amande avant de faire des formes.
Ça me fait penser que, quand il était nouveau-né, on le surnommait "petite pâte d'amande". C'est mon voisin Éric qui avait commencé à l'appeler comme ça. Parce que Léopold, à plus de dix livres à la naissance, était bien dodu. Sa petite peau blanche, ses bras bien gras, on ne se lassait jamais de les pétrir.
"Ma petite pâte d'amande!" s'exclamait Éric quand il le voyait. Et lui qui n'a pas eu de fils me disait: "Est-ce que ça te va si, pour moi, c'est un petit peu mon garçon?" Bien sûr Éric, j'en ai trop d'enfants de toutes façons. Et je le lui tendais mon bébé, il le nichait au creux de ses bras d'homme, bécotait le front de sa petite pâte d'amande pendant que j'en profitais pour discuter avec sa femme.
Pour cette pâte d'amande là, toutefois, je n'ai pas de recette. Un camion d'amour? Dix longs mois de gestation (sans blague)? Beaucoup de lait maternel? Et une pincée de mystère?
Faudrait expérimenter.
Enfin, vous, j'veux dire, pas moi.
3 commentaires:
Je me demandais aussi pourquoi le visage de Léopold était tout sale. Sacré Popold. Comme il est drôle.
En tout cas, tu es bien inspirante d'impliquer ainsi tes enfants dans la cuisine. Je me disais l'autre jour que j'aimerais, quand mes enfants seront plus grands, leur apprendre à faire des mets. Pas tant pour aider à la maison (mais pour ça aussi, s'ils le veulent bien), mais pour leur apprendre l'amour de la cuisine et puis aussi pour qu'ils partent de la maison (eh oui, je sais que ça arrivera un jour) un peu débrouillards. Je vois, par ton exemple et celui d'Annie, que l'introduction à la cuisine, tout seul ou presque, peut se faire bien avant l'adolescence. Inspirantes, je voulais dire.
Je suis tellement friande de pâte d'amande que je comprends totalement Léopold => faire des formes, tu parles d'une idée!
Beau texte Madeleine.
Faut se lancer, Rosie, mais une fois que c'est fait, c'est assez incroyable de constater à quel point ils peuvent en faire. Ils sont vraiment débrouillards.
Enregistrer un commentaire