mardi 9 février 2010

Feed me Bubbe

Voici Bubbe.


Bubbe (dire "Bobi"), veut dire grand-mère en yiddish. Cette Bubbe a plus de 80 ans. Elle a aussi un petit fils de 20 ans, super techno-digital-branché.

Un jour son père lui a dit:
- La cuisine de Bubbe est la meilleure. Pourquoi ne la partagerais-tu pas avec le monde entier?

Ainsi naquit Feed me Bubbe, une web télé créée par le petit-fils où l'on voit la grand-mère partager ses recettes de toujours. Dès le premier épisode, des courriels du Japon, de l'Europe, de partout en Amérique. La cuisine de Bubbe, c'est toute leur enfance. Tous ces plats perdus, ces saveurs retrouvées. Ils en redemandent.

Quand je pense à l'histoire de Bubbe, j'explose de joie, mais je dissimule aussi ma tristesse. Pourquoi ces recettes se perdent? Quand est-ce qu'on a arrêté de trouver important de les transmettre? Ma mère, sa mère avant elle et toutes les autres en amont, je veux dire, elles ont aussi eu à nourrir leur famille?
Comment?
Avec quoi?
Ça venait d'où?
Pour elles, ça avait
un sens?
Et moi, je me situe où?
Je suis la rupture
d'un patrimoine culinaire
ou
son
réceptacle?

Si l'ère digitale avait battue son plein à mes 20 ans, j'aurais filmé Eugénie et Élisabeth dans leur cuisine. On aurait eu un épisode sur la soupe aux légumes. Un autre sur le gâteau au café, la tarte à la farlouche et le sucre à la crème. Pis sûrement un sur la sauce à spag. Et les mini-tourtières!

Mes Bubbe auraient été les plus belles et les cuisines du monde entier plus riches. En commençant par la mienne. Parce que cristie, je ne sais même pas faire leur sucre à la crème...

*soupir*

Madeleine, on fera de très chouettes Bubbe dans 50 ans.

7 commentaires:

Manon a dit…

Allo Annie!

Tu décris une situation qui est aussi mienne...

Avant d'avoir mes enfants, j'avais déjà décidée d'essayé de retrouver ces choses et ces recettes.

Quand mes grand-parents ont cassé maison il y a 3 ans (ma grand-mère étant trop malade, aujourd'hui elle a 91 ans), moi et ma soeur avons été invitée à partager les biens de mes grand-parents...

Nous avons déniché une boîte remplie de carnet et découpure de papier avec pleins de recettes à grand-maman... Il y avait aussi le compte-rendu de ces rotations de rang de légumes de son jardin avec des croquis.

Cette boîte est un vrai trésor pour moi :)))

Madeleine a dit…

C'est mon nouvel objectif de vie: devenir un Bubbe.

Je me questionne également beaucoup sur cet question. Surtout depuis que ma tante m'a fait manger juste avant Noël une lasagne qui goûtait exactement comme celle de ma grand-mère. D'ailleurs, la présence de ma Jiajia (c'était comme ça qu'on l'appelait, c'est-à-dire grand-mère en grec) je l'ai ressenti pendant toute cette soirée.

Elle était là.

Parfois, je regarde tous ces chefs cools, mâles alfa, qui font une cuisine branchée pour leurs amis et je me dis qu'on oublie peut-être un peu trop d'ou ça vient tout ça. On oublie un peu trop les Bubbe et Jiajia qui nous ont précédé (remarquez, j'ai rien contre. Surtout quand il s'agit de Louis-François Marcotte...)

Je ne veux pas que la cuisine familiale soit là au détriment des autres cuisines. Je veux simplement qu'on lui prête le respect qu'on lui doit...

MJ a dit…

Je suis une privilégiée:j'ai hérité des recettes de ma grand-mère et de son gros livre de la cuisine raisonnée de Jehanne Benoît annoté de sa belle écriture de maitresse d'école. Plus encore, comme elle me gardait quand j'étais petite, j'ai eu droit à des cours privés sur le gâteau, le ragoût, etc... Curieusement, je n'ai jamais cuisiné avec ma mère, qui se reprend maintenant en cuisinant moultes tartes, bonbons aux patates et sucre à la crème avec ma fille.
J'ai appris, avec grand-maman Hélène, à mettre une pincée de ceci, gros comme un oeuf de cela, à "feeler" ma farine pour déterminer combien d'eau ça prenait, à goûter au beurre pour rajouter la quantité de sel nécessaire. Priceless. Faire son pudding aux pêches à l'automne, son gâteau au lait chaud l'hiver et sa soupe aux légumes en tout temps, c'est replonger dans des souvenirs précieux. Et c'est pourquoi je cuisine avec ma puce: dans les grandes tourmentes de l'adolescente, j'espère que l'odeur des muffins choco-bananes saura nous réconcilier...

Annie a dit…

Vous lire est un plaisir. Je voudrais que toutes nos lectrices tombent amoureuses de Bobbe.

Nous avons toutes ce genre d'histoires que vous racontez et c'est en quelque sorte rassurant. Il faudrait un grand partage de carnets, de découpures et de livres annotés...

Tsé, ça me donne des tas d'idées tout ça. Un genre de grand réceptacle virtuel de tout ce savoir du quotidien.

À suivre mesdames, à suivre...

MJ a dit…

Annie, oui. N'importe quand. Un blog/cuisine mais pas nécessairement de recettes. Ce qui se perd, c'est le savoir faire. On est toutes capables de suivre les récettes de Ricardo, avec plus ou moins de bonheur. Mais être capable d'improviser avec 3 ou 4 ingrédients, nourrir 10 personnes avec 2 steaks, ça, pour moi, c'est l'essence même des traditions. Et quand en plus ça goûte comme chez bebbe, c'est la totale.
Alors partante pour la forme que tu voudras, on y versera nos savoirs. Et qui sait, on sera peut-être de nouvelles Julia Child (prononcez avec l'accent!)...

Annie a dit…

Très chère MJ,
Comme on dit par chez nous, stay tuned!

mj a dit…

Annie, pour toi, une autre mamie sympa

http://www.lacuisinedemonica.com