vendredi 28 mai 2010

Juste ça...

Annie et moi sommes au Salon du livre de l'Abitibi pour faire la promotion de notre livre. Deux jours de liberté d'auteure. Deux jours à titre de jeune professionnelle libre de sa destinée. Deux jours entièrement dévoués à ma carrière.

Perso, je suis cre-vée. Pas tellement du travail que je fais ici, mais plutôt du travail que j'ai dû accomplir avant. Pour me rendre jusqu'ici. En fait, même pas tellement à cause de ça, qu'à cause que je me suis stressée à tout prévoir. Stresser pendant la nuit, genre.

Parce que c'est bien ça le problème. Pas tant de ne pas être là, auprès de ma famille, à prendre soin d'eux, que de veiller à ce que mon absence ne soit pas trop sentie. Que ça roule, quoi, pendant que je ne suis pas là. Et pour que je n'aie pas non plus trop à rattraper à mon retour.

Et ce n'est pas tout, il fallait préparer tout le reste, le bureau, je veux dire. Mon autre carrière. Celle qui achète le pain et le beurre. Veiller à ce que mon absence, là non plus, ne soit pas trop sentie. Des tas de petits trucs qui s'accumulent pour faire une belle, grosse, énorme montagne à gravir.

J'y suis bien arrivé, mais je suis les-si-vée.

La bouffe. Tenez.

'' T'inquiète pas pour nous, me dit mon homme. Fais-nous juste une petite sauce à spagh!'' ajoute-t-il.

Ouais, ouais. Juste ça. Une petite sauce à spagh de rien du tout.

C'est ainsi que je me suis retrouvée jeudi, après le souper, à hacher des oignons, des champignons, de l'ail et des carottes au lieu de me faire les jambes, ou une manucure, ou, je sais pas moi, quelque chose du genre.

Ah, bien sûr, j'aurais pu partir en coup de vent. Le laisser, lui, cet homme capable, se débrouiller seul. Je me débrouille bien, moi, non?

Mais je n'avais pas envie. En fait, je n'ai jamais envie de faire ça. En fait, ça m'arrange. C'est un peu pour moi. Pour que je me sente moins coupable. Est-ce mal? Est-ce réducteur? Nuis-je à la cause des femmes si...

(Driiiiiiing!)

- Euh... Un instant... Allo?? Oui... Ah! Madame Badinter, je... Oui, c'est que... Mais... Non, je ne voulais pas insinu... Vraiment, je... En fait, je voulais dire que... Je comprends mais... Je vous assure que... mon conjoint... C'est un choix qui...

(Clic.)

Bon. Voilà. Je disais quoi déjà?

Mon homme, voyez-vous, il est franchement pas mal. Mais la cuisine, il fait pas. Le lavage non plus. Mais il passe la balayeuse assez régulièrement. Et puis, il peut tout réparer. Il tond le gazon. Il est aussi assez efficace pour faire les runs de lait, vous savez, reconduire tout le monde à droite et à gauche? Et puis, il sait toujours où tout se trouve.

Tout.

Enfin, presque tout. Parce qu'il n'a pas trouvé mon veston noir. Celui que j'ai égaré. Pendant que je faisais la petite sauce à spagh avec mon tablier de ménagère, c'est ce qu'il faisait, lui, chercher mon veston partout dans la maison. Pour que sa petite femme ait l'air d'une vraie jolie professionelle. Il est comme ça. Il ne fait pas à manger, mais il cherche ce que j'égare. Et j'égare souvent.

Je m'égare, d'ailleurs, maintenant. Le manque de sommeil. Ce soir, je vais essayer de dormir. Il le faut. Surtout, surtout, ne pas penser à l'épicerie qu'il faudra faire au retour, ni au lavage à rattraper, ni au plancher sale de la cuisine, ni à la salle de bains, ni ...

(Drrrrrrrring!)

(Drrrrrring!)

(Drrrrriiiiiiiiiiiiiiiinnnnnng!)

4 commentaires:

Joëlle Lemire a dit…

Un jour, quand tu auras le temps... tu pourras dire que tu as été une femme consacrée!!!

Madeleine a dit…

J'y compte bien Joelle!

Anonyme a dit…

En tout cas, ce livre, il est vraiment beau! et il a l'air d'aborder tous les sujets reliés à l'allaitement. Je ne l'ai pas encore lu au complet, mais jusqu'à maintenant je suis bien impressionnée par la quantité d'informations qu'on y trouve. Vous pouvez être fières de vous!

*c'était le mot d'encouragement de la maman d'Heloise*
PS. Tu voudras bien autographier ma copie? ;)

Madeleine a dit…

Certainement que je vais autographier ta copie! On va tenter d'organiser quelque chose à Québec!